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Inondation à Abidjan: les quatre péchés du gouvernement

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Les fortes pluies qui ont trempées Abidjan, ces derniers jours ont occasionnés la mort de huit personnes. Un drame qui n’a rien de nouveau sur les bords de la lagune Ebrié et qui malheureusement risque de devenir banal.

Abidjan sous les eaux et la Côte d’Ivoire tout entière (ou presque) à cette période de saison des pluies avec son corollaire de dégâts matériels et de victimes de tout âge. En 2016, au mois de septembre, c’est à l’ouest du pays que 20 personnes ont perdu la vie suite à une forte averse. Le gouvernement depuis lors avait pris des mesures pour éviter que les saisons de pluies ne fassent encore des victimes.

Les ivoiriens ont été témoins ces derniers mois, souvent dans la désolation, de vastes opérations de déguerpissements dans plusieurs quartiers précaires, ou la plupart du temps, ce genre de drame se déroule. De vastes projets d’assainissement ont également été annoncés.  Alors comment comprendre que cette saison des pluies – en ces premières heures – ait déjà fait autant de victimes malgré toutes les précautions du gouvernement ? A l’analyse, le gouvernement n’a pas donné une réponse plus large à cette problématique. Nous avons identifié quatre zones d’intervention laissées en friche par les autorités ivoiriennes.

Les indésirables bidonvilles qui repoussent

Premièrement, les opérations de déguerpissements des bidonvilles n’ont pas connues de suivi-évaluation. Dans certaines zones déguerpies, des populations sont revenues occuper les lieux sans être inquiétées. Une situation qui révèle que ces opérations étaient bien plus souvent des coups de Com’ ou des décisions sur le court terme. Par ailleurs, ce retour se justifie aussi et surtout par le fait que des solutions de relogements n’ont pas été offertes aux pauvres habitants de ces bidonvilles.

Le gouvernement n’a donc pas résolu le problème de façon durable en ce sens que, ces délogés finissaient toujours par se trouver d’autres zones d’habitation tout aussi précaires et à risque. S’ils s’entêtent à rester sur des terres très peu favorables c’est parce que dans le fond, les habitants de ces bidonvilles, sont pour la plupart, des employés dans les quartiers chics, qui pour des salaires en dessous du SMIG, ne peuvent se permettre de se payer le transport au jour le jour, de leur lieu de travail à leur quartier d’habitation que sont souvent, les quartiers populaires d’Abobo et de Yopougon. Alors, ils préfèrent se trouver des baraquements dans la proximité de leur lieu de travail pour s’éviter des frais de déplacements qui engloutiraient leur maigre paie.

Le médecin après la mort

Deuxièmement, c’est le surprenant communiqué du Comité interministériel de gestion des crises sur abidjan.net, qui annonce l’intensification de la sensibilisation et invite les populations à quitter les zones à risques. « Le médecin après la mort » ne s’est jamais autant présenté sur son 31 ! Une saison des pluies, grâce à la météo du 21ème siècle est prévisible. Un gouvernement responsable aurait depuis des mois, pris les mesures pour sensibiliser les populations sur les risques et les conduites à tenir pour éviter ces drames.

Les travaux prévus par le Gouvernement n’ont pas été exécutés

Une évaluation des zones à risques devrait également être mise en œuvre en vue de procéder à des déguerpissements d’avant saison des pluies, suivi bien sur, de solutions de relogement. Mais, avec du recul, il faudra être tolérant envers les autorités, occupées à virer des milliards de FCFA à des mutins et à contenir des démobilisés, alors que le prix du cacao a chuté ! C’est clair que les caisses se sont assez vidées pour qu’on puisse y trouver des miettes pour reloger des pauvres gens.

Troisièmement, il y a lieu de se poser des questions sur les politiques du gouvernement, notamment sur ses priorités. Après avoir vaincu le carrefour de l’Indénié de ses inondations, le gouvernement a engagé un vaste projet d’aménagement et de valorisation de la baie de Cocody pour un investissement de plus de 100 milliards de FCFA. Autant d’argent investi pour un cadre paradisiaque alors que le système de drainage des eaux usagers du tout Abidjan souffre depuis des lustres et occasionnant au passage des inondations des rues à la moindre averse.

Les images des voies inondées dans plusieurs quartiers ont envahi la toile et les réseaux sociaux donnant une triste image d’un pays qui se veut émergent dans environ trois années. C’est bien d’investir dans le beau mais investir dans l’utile est encore mieux. La course effrénée vers une émergence reluisante fait perdre le nord aux autorités, face aux réalités actuelles du pays, qui demandent plus une mise à niveau, qu’un lifting.

Quatrièmement, la fameuse rue Ministre dans le quartier chic de Cocody Riviera a connu son habituelle inondation suite à ces deux jours de pluie. Alors qu’aux dernières saisons des pluies, cette rue a reçu la visite de nombreuses d’autorités venues constater l’état des lieux en vue de trouver des solutions. Les ivoiriens ont été « vaccinés » sur les médias publics d’initiatives du gouvernement pour mettre fin aux inondations dans ce quartier. Fut notre surprise de voir qu’une fois de plus, la rue ministre s’est encore noyée, avec les projets ministériels après seulement deux jours de pluie ! A quoi à donc servi tous ses travaux dans ce quartier ? A quoi à donc servi tous les déguerpissements ? A quoi à donc servi tous ces coups de Com’ ?

Autant de questions comme tant d’autres, qui font le lit des égarements de nos autorités qui ont contribué à la mort de ces huit personnes.

Alain Ahimou P.

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