Journée de vote en Côte d’Ivoire sur fond de boycott de l’opposition
Les Ivoiriens sont appelés aux urnes ce samedi après une période pré-électorale marquée par des violences et un appel au boycott des principaux leaders de l’opposition. Ils devront opérer leur choix entre le président sortant Alassane Ouattara et Kouadio Konan Bertin candidat indépendant.
Au moins 30 personnes ont été tuées depuis que des émeutes ont éclaté en août suite à l’annonce du président Alassane Ouattara de se présenter à un 3ème mandat. Les principaux candidats de l’opposition, Pascal Affi N’Guessan et Henri Konan Bédié, affirment qu’il est illégal pour M. Ouattara de se présenter à cette élection. L’opposition a donc décidé de boycotter le processus électoral en appelant à la désobéissance civile. Selon la constitution ivoirienne, une limite de deux mandats présidentiels est imposée à chaque président en exercice. Alassane Ouattara – qui a déjà eu deux mandats – a d’abord indiqué qu’il ne serait pas candidat. Mais, en juillet, le Premier ministre Amadou Gon Coulibaly qui était le candidat du parti au pouvoir (RHDP) est décédé des suites d’une crise cardiaque.
Alassane Ouattara a ensuite annoncé qu’il se présenterait finalement aux élections présidentielles. Ses partisans ont fait valoir qu’un changement constitutionnel en 2016 remettait les compteurs à zéro. Ses adversaires par contre ne partagent pas ce point de vue, arguant plutôt qu’il est illégal pour M. Ouattara de se présenter à un troisième mandat. Les Ivoiriens craignent de nouvelles violences dans leur pays 10 ans après la dernière crise post-électorale qui a fait quelque 3000 morts. En 2010, Laurent Gbagbo, qui était président à l’époque s’est retrouvé dans un bras de fer électoral contre Alassane Ouattara déclenchant des troubles qui ont duré cinq mois de violence. Le président Laurent Gbagbo, en Belgique après son acquittement à la CPI s’est également présenté aux élections de cette année.
La Commission électorale qui l’opposition juge inféodée au parti au pouvoir a rejeté sa candidature. 40 candidatures ont été rejetées dont celle de l’ancien chef rebelle Guillaume Soro. Seul Alassane Ouattara Rassemblement des Houphouëtistes pour la Démocratie et la Paix (RHDP), Henri Konan Bédié, 86 ans du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PCDI), Pascal Affi N’Guessan, 67 ans du Front populaire ivoirien (FPI) et Kouadio Konan Bertin, 51 ans (candidat indépendant) ont été retenu.
Cependant les deux principaux leaders de l’opposition que sont Pascal Affi N’guessan et Henri Konan Bédié n’ont pas fait campagne. Ils ont plutôt appelé leurs militants à la désobéissance civile. La situation reste toujours tendue en Côte d’Ivoire d’où l’appel du secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres à des élections pacifiques. Il a exhorté vendredi « tous les leaders politiques et d’opinion, ainsi que leurs partisans, à s’abstenir de toute incitation à la violence, de répandre la désinformation et d’utiliser des discours de haine », a précisé dans une déclaration son porte-parole, Stéphane Dujarric.
Traoré Bakhary