Ce 20 juin 2017 marque la journée mondiale du réfugié. Pour commémorer cette journée, la représentation du HCR, Haut-commissariat des Nations Unies pour les réfugiés en Côte d’Ivoire et l’Ambassade de France ont décidé de sensibiliser les ivoiriens sur l’immigration clandestine.
Ils sont nombreux ces africains qui fuient leur continent sur des bateaux de fortune pour se retrouver – pour ceux qui ont de la chance – en Europe à la recherche d’un avenir meilleur. Cependant, 40% de ceux qui tentent cette aventure ne voient pas le bout du tunnel ! Alors que la Côte d’Ivoire est aujourd’hui l’un des points de départ des migrants clandestins, quelle est réellement l’ampleur de ce fléau dans ce pays d’Afrique de l’Ouest qui revendique une croissance à deux chiffres ?
Sur les 181.000 migrants qui ont foulé le sol européen en 2016, 7% sont des ivoiriens. Parmi eux, deux milles (2000) mineures ont été recensés en Italie. Lors de cette rencontre d’échange et de sensibilisation, deux témoignages poignants de jeunes ivoiriens qui ont tenté ce voyage périlleux sont venus rappeler le danger qui guette les volontaires au départ. Celui d’Aïcha issue d’une famille nombreuse dont l’avenir n’intéressait aucun membre de la famille et celui de Koné, ancien commerçant qui a vu son magasin démolir durant une des opérations « ville propre » d’Anne Désirée Ouloto.
L’un et l’autre avait décidé d’aller tenter leur chance en Europe. Que de difficultés rencontrées avant de se retrouver face à la mort et de rebrousser chemin ! Causes et conséquences de ces attitudes suicidaires de ces jeunes ivoiriens ont été égrainés mais aussi des propositions de solutions ont été faites lors d’un panel.
Pour le professeur Akindes, sociologue à l’Université Alassane Ouattara, le facteur pauvreté n’est pas la cause parce que certains vont à l’aventure avec un million de f cfa en poche. Ce qui selon lui pourrait être une source de financement pour une activité génératrice de revenu en Côte d’Ivoire. Cependant il interpelle la jeunesse ivoirienne qui selon lui veut avoir de grandes choses « en s’investissant peu. La jeunesse se déresponsabilise et prend des décisions à risque ».
Mohamed Askia Touré, représentant permanent du HCR en Côte d’Ivoire pense le contraire. Pour lui la pauvreté est belle et bien un facteur clé de cette attitude des jeunes. Il soutient que le taux de croissance du pays étant au-dessus de 7%, « si cette croissance était bien repartie les ivoiriens n’auraient pas à se tuer dans la mer ». Il insiste sur le fait que tant qu’on ne résoudra pas le problème de la pauvreté, les jeunes continueront à mourir dans la mer. Cependant, il indique qu’il est important que l’Europe s’ouvre davantage aux africains en rendant flexible les conditions d’obtention de visa.
Issiaka Konate, directeur des ivoiriens de l’extérieur montre une réticence sur les chiffres de migrants clandestins ivoiriens vers l’Europe. Il indique que rien ne prouve que toutes ces personnes soient véritablement des ressortissants de la Cote d’Ivoire. Précisant que 77 % des ivoiriens ont moins de 35 ans, il invite ces derniers à sortir « de leur mentalité la facilite ». Il a également interpellé les parents sur leur responsabilité puisque ces derniers semblent avoir démissionnés dans l’éducation de leurs enfants. « Il y a une sorte de connotation ethnique dans ces migrations » a-t-il affirmé tout en indiquant que le constat fait sur le terrain révèle que 60% de ces jeunes qui tentent l’aventure sont des malinkés.
Quant à Issouf Ouattara responsable expert en migration et secrétaire général de l’ONG SOS Migration, en plus de faciliter l’accès du visa aux jeunes africains qui la plupart du temps ont l’intention d’aller en Europe pour un temps bien défini, il préconise la prise en charge des rescapés de cette aventure incertaine qui rentrent aux pays. Pour ceux-ci, il recommande une assistance car « ils reviennent avec des sentiments méchants à l’égard de leurs bourreaux et souvent même des états parce qu’ils ont été emprisonnés, maltraités, violentés… Il faut donc leur porter une assistance car ils peuvent constituer des bombes à retardement ».
Les solutions envisagées sont de faire le profil exact de l’ivoirien qui a l’intention de migrer par tous les moyens, résoudre le problème démographique, facilité les conditions d’investissement aux jeunes et interpeller les parents sur leurs rôles dans l’éducation des enfants de façon régulière.
Raïssa Yao
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