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La CMU imposée au forceps aux Ivoiriens

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La Couverture Maladie Universelle (CMU) devient obligatoire pour chaque ivoirien de plus de 16 ans. Cette décision qui résulte des conclusions du Conseil des ministres du mercredi 28 septembre 2022 n’est pas de nature rassurer les consommateurs.

Le gouvernement ivoirien a tranché : l’accès à certains services de l’Etat, aux emplois publics et aux emplois du secteur privé sera assujetti à la production de la preuve de l’enrôlement à la CMU. Le décret rendant obligatoire l’enrôlement à la couverture maladie universelle pris conformément à la loi n°2014-131 du 24 mars 2014 instituant la CMU, liste les services concernés.

L’attestation de droit délivré par la Caisse Nationale d’Assurance Maladie, doit être présentée pour le retrait du passeport et du permis de conduire, l’inscription aux examens et concours d’entrée à la Fonction Publique, à la Police, à la Gendarmerie et dans l’Armée, l’inscription des étudiants dans les universités et grandes écoles publiques et privées, l’inscription des élèves âgés de plus de seize (16) ans dans les lycées, collèges et établissements d’enseignement technique et professionnel publics et privés, le recrutement dans le secteur public et parapublic, le recrutement dans le secteur privé, l’accès aux programmes sociaux financés par l’Etat et l’accès aux programmes de soutien à l’emploi et aux activités génératrices de revenus financés par l’Etat.

Autant dire que le CMU devient le service le plus importante en Côte d’Ivoire et vu les conditions énumérées par le gouvernement, aucun ivoirien en âge adulte ne pourra y échapper. Si de nombreux ivoiriens ont applaudi ce projet social, rares sont ceux qui sont heureux de le voir devenir obligatoire. La colère gronde sur les réseaux sociaux en témoigne ces commentaires relatifs à la décision du gouvernement.

Capture d’écran Facebook réalisée le 06 octobre 2022

Selon Eric-Aimé Sémien, président de l’OIDH (Observatoire ivoirien des droits de l’homme) « dans un pays qui se veut moderne et qui se respecte, il faut une Couverture Maladie Universelle. L’idée d’une Couverture Maladie Universelle n’est donc pas mauvaise. Mais il faut un système qui permette une certaine sécurité sociale sanitaire ».

En effet, les Ivoiriens continuent de se plaindre de la qualité du service dans les structures sanitaires nationales publiques. Les hôpitaux sont dans un état de délabrement, le plateau technique laisse à désirer, les prestations dites gratuites sont encore facturées au prix fort sans oublier le laxisme du personnel soignant. Des raisons qui poussent les plus nantis à privilégier les structures sanitaires privées. Au-delà, la cherté de la vie a contribué à dégrader la situation économique de nombreux ménages. La flambée des prix des denrées alimentaires, l’augmentation du prix du transport et du carburant plongent chaque jour un peu plus de nombreuses familles dans la précarité.

« Nous estimons que cette mesure visant à rendre la CMU obligatoire n’est pas opportune. C’est une mesure impopulaire qu’il faut reconsidérer et retravailler. Il faut surtout s’assurer que les prestations, la qualité des services, le plateau technique des structures sanitaires visées soient à même de répondre aux besoins des citoyens » indique Eric-Aimé Sémien.

Le président de l’OIDH appelle aussi le gouvernement à exercice de transparence. Alors que des associations et ONG proposent des idées de sources de financement alternatifs, le défenseur des droits de l’homme invite les autorités ivoiriennes à faire le bilan de la mise en œuvre de la Couverture Maladie Universelle depuis son entrée en vigueur en janvier 2020.

La CMU a été instaurée avec deux régimes : le régime général de base (RGB) dont la contribution est de 1 000 F CFA par mois et par personne censé bénéficier aussi aux ayants droit. Le second est un régime non contributif d’assistance médicale (RAM). Cette deuxième disposition est censée permettre un accès aux services hospitaliers aux personnes vulnérables exclues du système de santé.

« Il serait important que les ivoiriens puissent savoir combien à rapporter la CMU à l’Etat et quels types d’améliorations ont été apportées avec ces ressources…je veux parler de nouveaux hôpitaux et centres de santé, de recrutement du personnel ou d’amélioration du plateau technique » détaille Eric-Aimé Sémien.

La décision de rendre la Couverture Maladie Universelle (CMU) obligatoire qui tombe en pleine période de rentrée des classes est une nouvelle qui augmente le stress des consommateurs dans un contexte de cherté de la vie et de hausse du prix du carburant.

La rédaction

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