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La Côte d’Ivoire en campagne contre les faux médicaments

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La Côte d’Ivoire relance sa lutte contre les faux médicaments à travers une campagne intitulée « J’ai mal, ça suffit ». Il s’agit d’une initiative lancée avec le soutien du groupe pharmaceutique français Sanofi.

La Côte d’Ivoire comme plusieurs autres pays d’Afrique de l’ouest est confrontée au trafic de faux médicaments sur son territoire. Quelque 42% des médicaments en circulation en Afrique subsaharienne sont falsifiés, ce qui en fait la région du monde la plus touchée par ce trafic contrôlé par le crime organisé. En deux années, les autorités sanitaires ivoiriennes ont saisi près de 400 tonnes de faux médicaments, la grande partie sur le marché de Roxy, le plus grand marché de produits illicites d’Afrique de l’Ouest. Ce marché a pourtant fait l’objet de plusieurs descentes des forces de l’ordre mais aussitôt détruit il renait de ses ruines !

Roxy, le marché de faux médicaments démantelé

« Au cours des deux dernières années, 385 tonnes de faux médicaments, représentant – pour l’industrie pharmaceutique –  une perte financière de 100 milliards de f CFA ont été saisis », a déclaré Dr Ablé Ekissi, inspecteur au ministère ivoirien de la Santé.

A voir les plateaux de médicaments dans chaque ruelle d’Adjamé ou d’Abobo, on comprend l’ampleur du trafic de faux médicaments en Côte d’Ivoire et particulièrement dans la ville d’Abidjan d’où partent des ravitaillements pour l’intérieur du pays. La campagne « J’ai mal, ça suffit » trouve donc toute son importance dans le contexte social ivoirien dans la mesure où entre « 30 à 40% des médicaments sont achetés dans la rue » en Côte d’Ivoire indique Abderrahmane Chakibi, directeur général de Sanofi Afrique subsaharienne francophone lors de la cérémonie de lancement de la campagne ce 09 Octobre.

Les médicaments de rue sont réputés peu chers mais vendus au détail ils sont en réalité plus chers et seulement bénéfique pour les vendeuses. A titre d’exemple, une plaquette de paracétamol coûte 100 f CFA dans toutes les pharmacies d’Abidjan. Mais à Roxy il est possible d’avoir un seul comprimé à 25 f CFA soit 250 f CFA pour une plaquette de 10 comprimés. Une perte pour les consommateurs mais un bénéfice net de 150 f CFA pour la vendeuse.

L’autre problème est l’efficacité du principe actif de ces faux médicaments. Mal conservés, exposés à la chaleur et livrés à la poussière ils sont inefficaces et toxiques. Il y a un risque de mort certaine pour ceux qui les consomment selon l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) qui indique que « l’usage de faux médicaments entraîne près de 100.000 décès par an en Afrique ».

La campagne « J’ai mal, ça suffit » prévu pour durer jusqu’au 13 Octobre aura donc pour objectif de sensibiliser les populations pour un changement de comportement et mieux les informer sur les dangers liés à l’utilisation des médicaments de la rue. Le marketing social autour de la caravane qui va sillonner les dix communes d’Abidjan et également s’ébranler dans trois villes de l’intérieur du pays, va mobiliser un camion sonorisé.

Au-delà de cette campagne de sensibilisation, la France va accroître son soutien à la Côte d’Ivoire dans sa lutte contre les faux médicaments. Le pays grâce à cet accompagnement pourra se doter de la première autorité de régulation du médicament (Autorité ivoirienne de régulation du médicament) qui sera une première en Afrique de l’Ouest francophone.

Médicaments de rue : à quand la fin du règne de Roxy ?

Cette entité sera chargée de la traçabilité des médicaments de qualité et ainsi permettre aux ivoiriens d’avoir accès à des produits sains. L’Autorité ivoirienne de régulation du médicament pourrait ainsi devenir le fer de lance de la lutte contre les faux médicaments dans le pays. Un trafic contrôlé par le crime organisé et plus rentable que le trafic de drogue et d’êtres humains.

« Nous n’avons pas affaire à des petits trafiquants, le trafic des faux médicaments peut être 40 fois plus lucratif que la drogue et alimente de véritables réseaux de criminalité organisée », a déclaré l’ambassadeur de France en Côte d’Ivoire Gilles Huberson.

Le diplomate juge impératif la mise en place d’un mécanisme de coopération internationale permettant un meilleur engagement des services de douane et de la justice dans cette lutte car le trafic de faux médicament reste largement impuni à travers le monde et particulièrement en Afrique.

SUY Kahofi

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