La Côte d’Ivoire veut doubler sa production de caoutchouc
Malgré la crise dans le secteur du caoutchouc, la Côte d’Ivoire garde le cap en ce qui concerne ses ambitions en termes de production. Le pays vise les 2 millions de tonnes de caoutchouc d’ici à 5 ans.
Le caoutchouc comme la majorité des matières premières agricoles est frappé par une chute des cours mondiaux. De quoi décourager l’Etat Ivoirien et les nombreux paysans dont certains ont rasé les plans d’autres cultures d’exportation (café, cacao, palmier à huile) pour se consacrer exclusivement à la culture de l’hévéa. La morosité sur le marché ne décourage pas pour autant le premier producteur africain de caoutchouc. La Côte d’Ivoire espère multiplier par 2,5 sa production dans cinq ans. La production devra atteindre d’ici 2023 2 millions de tonnes espère le ministre ivoirien de l’Agriculture.
« Alors que nous attendions une production de 600.000 tonnes en 2020, cette année 2018 les estimations de production nous situent à environ 800.000 tonnes de caoutchouc sec », a annoncé Mamadou Sangafowa Coulibaly.
La tendance de production croissante « nous permettra d’atteindre dans les cinq prochaines années une production d’environ deux millions de tonnes et consolidera notre place dominante dans cette filière en Afrique » reste convaincu le ministre ivoirien de l’Agriculture.
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S’exprimant lors de la Conférence Internationale sur le Caoutchouc Naturel (IRC 2018), il affiche une grande confiance au potentiel de production de la Côte d’Ivoire. Selon les données consolidées par le ministère de l’agriculture, l’hévéa occupe une place de plus en plus importante au sein du secteur agricole ivoirien contribuant aux recettes d’exportation au même titre que le cacao. Dans plusieurs régions du pays, l’hévéa est devenu un véritable moteur du développement économique local.
Grâce à une excellente production, la Côte d’Ivoire est devenue le septième producteur mondial et le premier africain. Cependant, sa production annuelle reste bien modeste face au leader mondial, la Malaisie, qui produit près de 90% de l’hévéa consommé dans le monde. La production mondiale de caoutchouc est passée en trois ans de 9 à 13 millions de tonnes en 2017, mais la demande n’a pas suivi, et les cours mondiaux ont chuté de 5.000 dollars la tonne à seulement 1.000 dollars, entraînant un effondrement des revenus des hévéaculteurs.
La Conférence Internationale sur le Caoutchouc Naturel (IRC 2018) est un rendez-vous d’échange sur l’industrie du caoutchouc au cœur de la critique en raison de l’impact écologique de la culture. L’IRC 2018 regroupe durant quatre jours à Abidjan 300 participants venus de 25 pays d’Asie, d’Afrique, d’Europe et d’Amérique. Le thème « Contribution du caoutchouc naturel au développement socio-économique et préservation de l’environnement » est un appel à assurer la durabilité de la production du caoutchouc en tenant compte des réalités comme la déforestation et le réchauffement climatique.
« Vingt ans après, l’expansion de l’hévéa dans des zones autrefois qualifiées de marginales a contribué à une évolution favorable de l’écosystème dans ces régions », a estimé Eugène Kremien, président de l’Association des professionnels du caoutchouc naturel (APROMAC).
« En plus d’avoir contribué à la reconstitution de la végétation forestière, l’héveaculture a fortement amélioré la pluviométrie qui en plus d’être stable, atteint des niveaux semblables par endroits à ceux observés dans la zone du sud dite favorable » se félicite le président de l’APROMAC.
Bien que les acteurs de la filière considèrent l’hévéa comme une culture miracle ayant contribué à sortir des populations de la pauvreté et redynamiser l’économie de région entière, rien ne semble pouvoir effacer l’image qui colle à l’hévéa, celle d’une culture dévoreuse de forêt et destructrice de l’environnement.
Ebony T. Christian