Dans un contexte où les cas confirmés de coronavirus et de décès liés à la maladie sont en hausse en Afrique, les populations commencent à craindre de plus en plus le manque de nourriture que le Covid-19. C’est ce que révèle une enquête de GeoPoll.
De nombreuses institutions économiques à travers le monde dont le Fonds Monétaire International (FMI) ont déjà produit des rapports sur les risques du Covid-19 sur les économiques Africaines. La Banque mondiale a déjà averti que l’Afrique va entrer en récession, la première en 25 ans. Les taux de croissance seront revus à la baisse et de nombreux emplois risquent d’être perdus en raison de la crise sanitaire. L’urgence mondiale liée au coronavirus obligent des entreprises à licencier ou mettre au chômage technique bon nombre de leurs employés ou collaborateurs.
Au-delà, les africains qui vivent du petit commerce ou qui sont rémunérés de façon journalière voient leurs revenus s’amenuiser ou disparaitre en raison du confinement et des couvre-feux imposés dans plusieurs pays. Se pose alors pour les africains un réel problème existentiel à savoir comment couvrir des besoins basiques du quotidien comme l’accès à la nourriture. Repliés dans leurs maisons pour se protéger du coronavirus, les africains ont de plus en plus peur pour la nourriture tant pour la hausse des prix, le pouvoir d’achat, l’accès et la disponibilité des denrées sur les marchés.
Cette inquiétude est confirmée par une enquête de GeoPoll. La recherche réalisée à distance via la plateforme de collecte de données mobile de l’organisation porte sur un échantillon de 4500 personnes interrogées dans 12 pays sur leur perception de la crise sanitaire liée au coronavirus. 80 % des personnes interrogées avaient peur de la propagation du coronavirus dans leur pays, mais 71 % se déclaraient également « très préoccupées » par son impact économique.
L’enquête révèle une inquiétude croissante des populations concernant l’approvisionnement alimentaire. La preuve, dès les premières heures des mesures annonçant les couvre-feux, le confinement et la fermeture des aéroports et des frontières, des nombreux habitants à Abidjan, Dakar ou Conakry se sont rués vers les supermarchés et les points de vente au détail pour dévaliser les rayons et stocker un maximum de vivres.
La plupart des Africains interrogés ont déclaré qu’ils achetaient moins souvent de nourriture, alors que seulement 20 % ont précisé que tous les marchés où ils s’approvisionnaient en denrées de première nécessité étaient opérationnels au moment de l’enquête. En outre, plus de 85 % des personnes interrogées en RDC, au Rwanda et au Kenya ont eu peur de ne pas avoir assez à manger au cours des sept jours précédents.
« Certains gouvernements en Afrique ont pris des mesures de confinement afin d’empêcher le virus de se propager rapidement dans les zones densément peuplées, mais le coronavirus est déjà présent dans de nombreux pays africains et cette étude montre que l’on craint que le pire soit encore à venir » a déclaré Nicholas Becker, PDG de GeoPoll.
Et la situation à craindre est l’impact de la maladie sur les économies africaines dans une dimension plus élevé que celle de l’épidémie d’Ebola prévient le président rwandais Paul Kagamé dans les colonnes au quotidien économique et financier britannique, Financial Times. Les effets seront encore plus dévastateurs en particulier sur les populations les plus vulnérables. Celles-ci avaient déjà des difficultés pour avoir accès à des soins de santé adéquats et une alimentaire de qualité. Le Covid-19 risque d’aggraver la situation s’inquiète Nicholas Becker, PDG de GeoPoll.
« Une crise sanitaire telle que celle du coronavirus qui frappe les populations vulnérables peut avoir des effets dévastateurs sur le développement, l’approvisionnement alimentaire et les ressources. Des données fiables sont nécessaires pour suivre avec précision les situations sur le terrain et, grâce à nos méthodologies mobiles à distance, GeoPoll a pu recueillir des informations précieuses rapidement et en toute sécurité ».
L’enquête de GeoPoll met aussi en lumière l’indice d’acceptation de la maladie par les populations africaines et la confiance qu’elles placent en leurs dirigeants et les services de santé de leurs pays. Plus des deux tiers des personnes interrogées ont indiqué qu’ils se mettaient en quarantaine pour prévenir les risques de propagation du coronavirus, preuve qu’un nombre important de personne sur le continent croient en l’existance de la maladie.
« Le degré de crainte pour la santé dans chaque pays semble lié au niveau de quarantaine actuellement en place. En effet, alors que 63 % des Africains pensent qu’ils risquent de contracter le virus, les Rwandais estiment être les moins exposés, à 37 %, dans une situation où 90 % d’entre eux se sont mis en quarantaine » peut-on lire dans un communiqué résumant l’enquête de GeoPoll.
L’enquête montre également comment le Covid-19 modifie le comportement des africains au niveau des habitudes d’information et de travail, l’indice de crédibilité et la confiance placé dans les pouvoirs publiques sans oublier leur rapport aux mesures de protection imposées par les gouvernements.
Ebony T. Christian (Source GeoPoll)
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