La forêt encore détruite à cause du cacao
Dans un rapport publié vendredi, l’ONG Mighty Earth s’inquiète de la déforestation qui se poursuit en Côte d’Ivoire et au Ghana à cause du cacao et cela malgré les engagements pris en 2017 par les grands chocolatiers.
« Chocolat : mensonge sous emballage », voici le titre du dernier rapport de l’ONG Mighty Earth, fruit d’un travail réalisé grâce aux enquêtes de terrain et aux données satellites en Côte d’Ivoire et au Ghana, deux pays qui concentrent l’essentiel de la production mondiale des fèves brunes. Au nom de la grande industrie du chocolat, la déforestation liée à la culture du cacao se poursuit « sans relâche » dans les deux premiers producteurs mondiaux, dénonce l’ONG Mighty Earth.
En Côte d’Ivoire, pays qui produit 40% du cacao mondial, « des analyses satellites ont montré qu’entre novembre 2017 et septembre 2018, rien que pour la région cacaoyère du sud-ouest, environ 13.748 hectares de forêt ont été détruits, soit l’équivalent de 15.000 terrains de football », précise l’ONG.
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Les grands chocolatiers sont conscients de l’impact de leur secteur d’activité sur la préservation de la forêt. En 2017, ils ont pris des engagements « en faveur d’un cacao sans déforestation ». Les principales entreprises du secteur du chocolat et du cacao s’étaient engagées, avec la Côte d’Ivoire et le Ghana, à transformer la filière en créant l’Initiative Cacao et Forêts (ICF). L’ICF visait à mettre fin à la déforestation liée à la production de cacao, et de rendre cette dernière compatible avec la protection de l’environnement et des droits humains, notamment l’interdiction du travail des enfants.
« Or, depuis le lancement de l’ICF, le taux de déforestation s’est accru pour plus de la moitié des aires forestières inspectées en Côte d’Ivoire ».
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Aujourd’hui l’ONG Mighty Earth fait un constat amer : la déforestation « s’est poursuivie sans relâche en Côte d’Ivoire et au Ghana ». Cette déforestation se fait aussi bien en dehors qu’à « l’intérieur des zones protégées et des parcs nationaux ».
« Des cultivateurs surpris en train de défricher des forêts pour le cacao ont expliqué aux enquêteurs qu’ils n’étaient exposés à aucune sanction ».
Le secteur du chocolat « continue de s’approvisionner en cacao auprès de fournisseurs impliqués dans la destruction des dernières forêts d’Afrique de l’Ouest », selon l’ONG.
La Côte d’Ivoire et le Ghana ont perdu près de 90 pour cent de leurs forêts depuis l’indépendance, menaçant d’extinction des espèces comme les éléphants de forêt et les chimpanzés. Si rien n’est fait, les deux pays perdront définitivement leurs forêts ! Il est donc important que les acteurs continuent d’appliquer les grandes résolutions prises pour freiner la déforestation.
Il s’agit de la traçabilité du cacao, la lutte contre l’occupation illégale des forêts classées et parcs nationaux, l’éducation des agriculteurs aux bonnes pratiques de la culture du cacao et à l’arrêt de la déforestation sans oublier une réelle politique de restauration de la forêt (reboisement).
SUY Kahofi