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La France ne verse aucune contrepartie au Niger pour son uranium ?

Depuis le coup d’Etat du 26 juillet 2023 au Niger, de nombreuses publications relatives à l’uranium du Niger circulent sur les réseaux sociaux. Elles ne sont pas du tout tendres avec la France et l’accusent de profiter de l’uranium du Niger alors que le pays est l’un des plus pauvre du monde. Attention : tout ce qui se dit sur l’uranium du Niger et la France n’est pas parole d’évangile.

Selon ces publications, la France « vole l’uranium du Niger » et « exploite gratuitement l’uranium au Niger ». Toutes ces publications font de la France le pays qui « pille » la seule principale richesse du Niger tout en l’appauvrissant. Pour garantir l’accès à ce minerai, les analystes politiques des réseaux sociaux, indiquent que la France pousse la CEDEAO à aller en guerre contre le Niger. La France est donc accusée de piller les ressources naturelles comme l’uranium et chacun sort des chiffres et des sources qu’il faut prendre avec des pincettes.

Capture d’écran Facebook réalisée le 9 août 2023

Le premier élément sur lequel nous nous attardons est celui relatif au « vol » de l’uranium du Niger par la France ou plutôt son « exploitation gratuite ». La France en tant que pays n’exploite pas l’uranium au Niger : c’est l’entreprise Orano ex-Areva qui le fait. En consultant plusieurs pages web en Open source, nous avons pu lire que le capital d’Orano est détenu par « l’Etat français et des actionnaires japonais ».

« Natixis vend à l’Etat [français NDLR] 10 % du capital d’Orano. Le montant de la transaction s’élève à 638 millions d’euros. Elle permet à l’Etat de détenir 90 % du capital du groupe nucléaire, dans un contexte de reprise en main des infrastructures énergétiques et de renationalisation d’EDF » écrit dans un article le journal lesechos.fr (Arrêté autorisant l’acquisition de titres Orano SA par l’Etat français). La JNFL, Japan Nuclear Fuel Limited, possède 5 % de l’entreprise ainsi que Mitsubishi Heavy Industries (MHI) 5 %. Orano est un acteur minier connu au Niger et opère à travers des filiales que sont SOMAÏR, COMINAK et IMOURAREN SA.

Orano « ne vole pas » et « n’exploite pas gratuitement l’uranium au Niger ». C’est l’Etat du Niger qui le confirme sur son site internet ou du moins celui de la présidence nigérienne. « Sur les 5 années ci-dessus rapportées [2016-2020 NDLR], la moyenne de recettes engrangées par an est de : 114 600 000 000 de FCFA pour la SOMAIR et 55 623 000 000 FCFA pour la COMINAK, ce qui fait donne pour les deux mines, une recette moyenne cumulée annuelle de 170 223 000 000 de FCFA » peut-on lire sur le site. Ce montant est donc plus élevé que celui avancé par cette autre publication qui parle de recette estimée 86 milliards de f CFA.

Capture d’écran Facebook réalisée le 9 août 2023

Le second élément qui mérite d’être analysé dans le contexte du coup d’Etat au Niger est le narratif anti-français développé sur la base de l’histoire de l’exploitation de l’uranium. Selon les sources consultées par Eburnie Today, l’exploitation de l’uranium au Niger a débuté en 1971 à Arlit. A cette époque, la France obtient des tarifs préférentiels pour importer cette matière première et le Niger n’obtient que 20% de parts dans les sociétés des mines de l’Aïr (Somaïr) et de la Cominak, crées respectivement en 1968 et en 1970. Les tarifs de l’uranium ont depuis été plusieurs fois renégociés malgré une forte implication de l’État français dans la diplomatie nigérienne. Ainsi, en 2006, le prix de l’uranium est finalement doublé.

Les termes du contrat qui lit Areva (aujourd’hui Orano) au Niger ont plusieurs fois été renégociés. En 2014 l’accord est revu mais il ne permet pas de relever la redevance sur le minerai extrait dans les deux mines exploitées par Areva. Depuis le début de l’exploitation de l’uranium, le Niger n’a récupéré que 12% de la valeur de l’uranium produit. A ce titre, la question d’une juste répartition des fruits de l’uranium entre Orano et le Niger n’est pas effective de l’avis de Ali Idrissa interrogé en novembre 2022 par l’AFP et repris pas energynews.pro. « Il n’y a pas de partenariat gagnant-gagnant : le Niger n’a eu aucun profit dans l’exploitation de l’uranium » a indiqué le coordonnateur du Réseau nigérien des organisations pour la transparence et l’analyse budgétaire, une coalition d’ONG.

Le déséquilibre dans la répartition financière et la pollution provoquée par l’exploitation de l’uranium au Niger sont des raisons qui poussent certaines voix à dire que la France exploite gratuitement l’uranium au Niger. En réalité, l’Etat du Niger reconnait que son uranium ne lui est pas prélevé à titre gracieux par Orano et non la France.

Traoré Bakary

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