La Fondation Friedrich Naumann pour la liberté et ses partenaires ont organisé les 13 et 14 juin 2023 un séminaire de réflexion sur la Gig Economy et la transformation du marché du travail. Un moment d’interaction et de proposition visant à contribuer à la mise en place d’un mécanisme de protection des travailleurs indépendants (Gig worker).
Le concept économique de la Gig Economy est défini comme un écosystème ou les emplois sont temporaires, flexibles mais aussi dans lequel les entreprises recrutent prioritairement des freelances et des contractants indépendants. Le paiement des prestations se fait à la tâche. Les échanges sur ce concept ont poussé autour de la table des experts venus de différentes organisations.
Il s’agit entre autres de la Fondation NOE, Audace Institut Afrique, la Fédération ivoirienne des PME, l’Organisation des jeunes libéraux de Côte d’Ivoire (OJLCI), la Confédération patronale unique des PME de Côte d’Ivoire (CPU-PME.CI) et la Fondation AFFEED. Selon Dr Diomandé Moussa, président de la Confédération patronale unique des PME de Côte d’Ivoire, ce moment de réflexion était indispensable car « la Gig economy ou économie à la tâche est devenue ces dernières années un élément clé du tissu socio-économique de la Côte d’Ivoire ».
Il en veut pour preuve l’offre de plus en plus florissante dans les services de livraison, le transport avec les VTC, les soins médicaux à domicile et les services aux entreprises rémunérés à la tâche. « L’économie du marché du travail est en train d’être bouleversée par la Gig economy, il est important de mieux structurer ce secteur car le modèle des grands ensembles est en train de montrer ces limites. Les grands ensembles, les grosses entreprises naissent et s’effondre alors que l’offre du marché libéral continue d’exister » a-t-il précisé.
Lors du premier jour des échanges, trois panélistes sont intervenus autour du thème « La Gig Economy et la transformation du marché du travail ». On retient de ce panel que l’évolution économique du monde impose une nouvelle manière de concevoir le marché du travail. A l’heure des grandes mutations socio-politiques, de l’intelligence artificielle, du passage de la COVID-19 et du télétravail, la manière de concevoir l’emploi à fondamentalement changé. L’esprit rigide de la relation employeur-employé ou entreprise-travailleur se voit bousculé par la prolifération des travailleurs indépendants.
Ce nouveau schéma pose la question de la sécurité sociale du travailleur indépendant, sa prise en compte dans les politiques de développement et sa contribution réelle dans la construction de l’économie. Pour répondre à cette préoccupation, deux tables-rondes ont été organisées à la suite du panel introductif. « Regard croisé sur le statut ‘d’auto-entrepreneur’ en Côte d’Ivoire : état des lieux, défis et perspectives » puis « Dispositifs et modèles de sécurité sociale des travailleurs indépendants » ont été les deux thèmes de ces tables-rondes. Elles ont permis d’analyser les avancées en Côte d’Ivoire et les améliorations qui doivent être apportées.
Un chiffre clé a émergé lors de ces échanges et témoigne du potentiel que représentent les Gig workers. Mr Degbo Achi, assistant du directeur général de la Caisse nationale de prévoyance sociale (CNPS) a indiqué que son organisation à pu capter près de 250.000 travailleurs indépendants sur un potentiel estimé à 7 millions. Désormais, ces travailleurs peuvent bénéficier d’un mécanisme de sécurité sociale. « La Gig Economy vient pour rattraper ce que depuis longtemps nous avons appelé informelle. Nous disons que cette flexibilité est une bonne chose mais le risque c’est de tomber dans la trop grande précarité. On vient ajouter la dimension de la protection. Il faut qu’on arrive convaincre le travailleur que pour lui-même, il a besoin de se protéger, de s’assurer », a exprimé Magloire N’Dehi, le chef de bureau de la Fondation Friedrich Naumann.
Les participants présents au séminaire de réflexion ont donc fait des propositions pour l’amélioration du secteur des travailleurs indépendants. Il s’agit entre autres de rendre plus spécifique la loi sur les PME, la cartographie des professions et métiers assimilés aux travailleurs indépendants, l’établissement d’un statut légal du travailleur indépendant et la vulgarisation du régime de sécurité social des travailleurs indépendants.
Le monde a évolué et se trouve à l’étape de l’économie du savoir a rappelé Dr Gnapia Eddy de la Fondation NOE. Il faut que la Côte d’Ivoire puisse s’adapter afin de ne pas être dépassé par les évolutions du marché de l’emploi à l’heure des plateformes collaboratives d’emploi qui génèrent des millions de dollars chaque année. « L’économie à la tâche a existé dans nos sociétés traditionnelles africaines : nous ne faisons que retourner vers un modèle qui existait. La nouveauté c’est de codifier ce secteur pour le rendre plus compétitif et éviter la précarité du travailleur indépendant » a précisé Dr Gnapia Eddy qui a félicité la Fondation Friedrich Naumann pour le cadre de réflexion créé autour de la Gig economy.
Dans cette volonté de prolonger son action pour la vulgarisation de la Gig economy, la Fondation Friedrich Naumann prévoie des campagnes de vulgarisation du statut du travailleur indépendant et de la sécurité sociale, des conférences publiques sur l’économie à la tâche, l’élaboration d’un document de plaidoyer et des émissions radio.
La rédaction
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