Eric-Aimé Semien, président de l’Observatoire Ivoirien des Droits de l’Homme (OIDH)
Le président de l’OIDH l’a de nouveau rappelé : il serait utopique de parler de réconciliation en Côte d’Ivoire sans parler de justice. La Côte d’Ivoire a connu une succession de crises politiques et d’épisodes de violence qui ont entrainé de graves violations des droits de l’homme principalement entre 2002 et 2011. L’OIDH, en qualité d’organisation de défense et de promotion des droits de l’homme, estime qu’il est important que la justice puisse agir afin d’aider les Ivoiriens à situer les responsabilités des auteurs de ces atteintes à la dignité humaine. Mais à ce jour, les actions de la justice sur le plan national et international concernant la Côte d’Ivoire sont loin d’avoir permis d’atteindre ce résultat.
Depuis le 03 octobre 2011, le bureau du procureur a été autorisé par la chambre préliminaire III de la CPI à l’effet d’ouvrir une enquête en Côte d’Ivoire. Les juges ont estimé que le bureau du procureur devait se pencher sur les évènements qui ont eu lieu dans le pays entre 2002 et 2011, soit une période de 9 ans. « La Cour Pénale Internationale se présentait pour nous comme un rempart certain pour faire la lumière sur ces faits puisque les processus judiciaires internes ne vont jamais jusqu’à leurs termes », a indiqué Eric-Aimé Semien. L’espoir de l’OIDH était de voir la CPI apporter un début de solution au regard des crimes commis.
« 11 ans après, quel est le résultat des courses ? Un seul procès, trois mandats d’arrêt contre Mr Gbagbo, Mr Blé Goudé et Mme Simone Gbagbo dont le mandat a été annulé. Un seul procès ouvert le 28 janvier 2016 et fermé définitivement le 31 mars 2021 c’est-à-dire 5 ans de procès pour un acquittement », détaille le président de l’OIDH. La procédure judicaire qui s’est achevée par un acquittement sous fond de ‘No cas to answer’ se présente comme préjudiciable aux centaines de victimes (727) qui étaient parti au procès. L’acquittement implique l’absence de réparation mais ne permet pas également de répondre à la question que chaque Ivoirien se pose : « qui sont donc les auteurs des crimes qui ont été commis ? ».
Il faut bien que le bureau du procureur qui a été autorisé à enquêter dans les deux camps et depuis 2002 puisse jouer pleinement son rôle car le temps qui passe risque de compromettre, voir rendre impossible toute action visant à faire éclater la vérité. « Le temps qui passe nous éloigne des faits, le temps qui passe nous éloigne sur des probabilités certaines de trouver des preuves, des témoins crédibles et des victimes encore en vie qui pourrait bénéficier dûment de réparation » s’inquiète Eric-Aimé Semien.
Les enquêtes bâclées dans la procédure Côte d’Ivoire I qui n’ont pas manqué d’être indexées par les juges sont de nature à inquiéter plus d’un alors que rien ne semble indiquer le début de la procédure Côte d’Ivoire II. Le temps qui passe ne va sans doute pas aider à la manifestation de la vérité d’où l’inquiétude de l’OIDH qui a adressé un courrier au bureau du procureur de la CPI pour l’interpeller sur l’urgence de la situation.
L’organisation de défense et de promotion des droits de l’homme demande plus d’information au bureau du procureur afin que l’opinion soit située sur la suite de la procédure de la CPI en Côte d’Ivoire. « Notre démarche est en lien avec la réconciliation. Pour nous en tant que défenseur des droits de l’homme, il ne peut y avoir de réconciliation vraie en Côte d’Ivoire tant qu’on ne passe pas par la justice et par la vérité », insiste le président de l’OIDH.
Les motifs d’insatisfaction des Ivoiriens vis-à-vis de la CPI ont été nombreux au fil des années. Les uns ont critiqué son supposé acharnement contre le camp Gbagbo, d’autres son laxisme concernant les crimes imputés au camp Ouattara et certains son silence sur la suite de son action en Côte d’Ivoire. L’Observatoire Ivoirien des Droits de l’Homme espère que la Cour pourra rectifier le tir dans la poursuite des procédures engagées en Côte d’Ivoire.
La rédaction
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