L’explosion démographique soulève un défi : comment nourrir la planète ? Pour les défenseurs de l’environnement et de la souveraineté alimentaire, il faut certes produire en quantité mais aussi en qualité.
Face à une agriculture industrielle aux effets dévastateurs pour la santé et l’environnement, l’agroécologie se pose en rempart. Ce système de production agricole sans intrants chimiques (engrais, pesticides, herbicides), et qui valorise les potentialités écologiques, économiques et sociales d’un territoire, est une solution pour nourrir sainement et durablement la planète. A la cérémonie d’ouverture de la première édition du cours régional Afrique francophone sur l’agroécologie, ce lundi 5 décembre 2016 à Cotonou au Bénin, René Segbenou, président de Jinukun (qui signifie semences dans plusieurs langues locales béninoises), a indiqué que l’agroécologie peut permettre de juguler la famine.
« Les données montrent que les systèmes agro-écologiques peuvent rivaliser avec l’agriculture industrielle en termes de production totale, montrant une performance particulièrement forte sans stress environnemental et assurant des augmentations de récoltes dans les endroits où un supplément de nourriture est extrêmement nécessaire. Des systèmes agro-écologiques diversifiés peuvent également ouvrir la voie à des régimes alimentaires diversifiés et à l’amélioration de la santé », estime ce leader de la société civile béninoise.
Le plaidoyer de la société civile : les incitations politiques doivent suivre pour donner de l’ampleur à ce mouvement qui se développe dans plusieurs pays de la sous-région.
« Il faut en effet travailler à faire en sorte que les politiques agricoles de nos pays accordent à l’agriculture la place qui lui revient, c’est-à-dire faire de l’agroécologie le futur de nos agricultures pour le bien-être des populations (…) Car une agriculture saine ne produit pas seulement du maïs, du mil, du sorgho, du manioc, du riz, etc. mais elle doit aussi produire de la santé : santé humaine, santé animale, santé de l’environnement », soutient René Segbenou.
En effet, le recours aux pesticides utilisés massivement dans l’agriculture industrielle à des conséquences catastrophiques. On estime entre 1 à 5 millions les cas d’empoisonnement aux pesticides, entraînant la mort de plusieurs milliers de travailleurs agricoles dont les enfants dans les pays du sud. Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), alors que les pays africains importent moins de 10% des pesticides aujourd’hui utilisés dans le monde, ils totalisent la moitié des empoisonnements accidentels et plus de 75% des cas mortels. Près 750.000 personnes contractent chaque année une maladie chronique telle qu’un cancer suite à l’exposition à des pesticides, des atteintes nerveuses, la stérilité et les malformations. L’ensemble des pays en développement totalise 99% des décès dans le monde dues aux empoisonnements par les pesticides. Aujourd’hui, l’utilisation massive des intrants chimiques s’est étendue aux cultures vivrières.
Le Bénin n’échappe pas aux effets négatifs des pesticides comme l’explique le Pr Martin Ahignan, représentant le ministre du cadre de vie et du développement durable.
« Nous avons au cours de ces dernières années – encore le mois dernier – par le biais de la convention de Rotterdam, effectué plusieurs missions à l’intérieur du pays où nous avons évalué l’impact de ces pesticides sur nos concitoyens. Nous avons travaillé avec les centres de santé pour voir les cas d’intoxication et comment y remédier. Et je crois que Jinukun est en train de nous appuyer », souligne le directeur général de l’environnement et du climat.
Le Bénin, qui a huit zones agro-écologiques, veut saisir l’alternative qu’est l’agroécologie. Pour le Pr Martin Ahignan, « redonner une base technique et scientifique au compostage aujourd’hui nous ramène tout simplement à redonner à notre nature toutes les privations que nous avons effectuées depuis des années et lui donner encore tout son sens dans le progrès de l’humanité ».
Ce cours régional organisé par Jinukun et ses partenaires, qui a pour thème « l’agroécologie dans les systèmes de production agricoles dans le monde et en Afrique », se déroulera du 5 au 17 décembre 2016. Il abordera des problématiques comme les politiques agricoles dans la sous-région, les semences paysannes, les organismes génétiquement modifiés (OGM), le leadership et l’action pour le changement, la souveraineté alimentaire. Une cinquantaine de participants issus de plusieurs prennent à ce cours régional. La Côte d’ivoire est représentée par six participants, dont Brida Bawa Franck de l’ONG Jeunes volontaires pour l’environnement (JVE), Tuo Dognima Augustin, Yéo Karidatou et Tralou Toua Véronique de l’ONG Animation rurale de Korhogo (ARK), Silué Kinafo Mariam de la Coopérative simplifiée des femmes agricultrices de Kagbolodougou-Sinématiali (CONIFAK).
Anderson Diédri
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