L’Alliance informelle contre la monoculture (Informal Alliance against Monoculture) et ses partenaires ont organisé un programme d’échange intercommunautaire du 11 au 14 juillet 2023 dans la localité de Kade au Ghana. L’objectif de ce programme était d’informer et de former les membres des communautés impactées par les projets de monoculture et l’accaparement des terres.
Les ONG Jeunes Volontaires pour l’Environnement Côte d’Ivoire (JVE-CI) et Youth Volunteers for the Environment-Ghana (YVE-Ghana), membres du Informal Alliance against Monoculture ont réuni les membres de différentes communautés venues du Ghana et de la Côte d’Ivoire. Ces communautés cohabitent depuis plusieurs années avec les monocultures comme l’hévéa, le palmier à huile, le cacao… En agriculture, la monoculture [en théorie] consiste à cultiver une seule culture par champ et par saison. Cependant, la réalité est souvent différente de cette définition car la monoculture désigne en réalité la culture d’une seule et même espèce végétale année après année sur la même parcelle. Elle s’oppose diamétralement à l’agriculture paysanne et familiale avec des conséquences assez graves pour l’environnement et les communautés.
« Les monocultures sont un frein à la diversité biologique. La grande utilisation de pesticides de synthèse et d’autres engrains polluent aussi l’eau et la terre. Elles empêchent un bon fonctionnement des écosystèmes et représentent surtout un frein à la souveraineté alimentaire des peuples » indique Ange David Baïmey, chargé des programmes en Afrique pour l’ONG Internationale GRAIN. Il ajoute que les monocultures ont favorisé « les accaparements de grandes surfaces de terre cultivables, privant ainsi les communautés d’accès à la terre pour leurs activités agricoles ».
C’est pour informer les communautés sur les dangers des monocultures et les aider dans leur lutte contre les accaparements de terre et les multinationales agro-industrielles que les ONG Youth Volunteers for the Environment-Ghana (YVE-Ghana) et Jeunes Volontaires pour l’Environnement Côte d’Ivoire (JVE-CI) membres du Informal Alliance against Monoculture (Alliance informelle contre la monoculture) ont réuni les membres de différentes communautés venues du Ghana et de la Côte d’Ivoire. « Au niveau de la Côte d’Ivoire nous avons sélectionnés des membres des communautés venant du sud-ouest (Grand-Bereby) et du Sud-est (Aboisso). Ces communautés sont impactées par les monocultures que sont le palmier à huile, l’hévéa et le cacao » détaille Nahounou Daléba, coordonnateur de JVE-Côte d’Ivoire.
« En ce qui concerne le Ghana, les communautés viennent des localités d’Akoumaning, d’Aboabo, d’Adja Moa, d’Adja Badu et des villages environnant de Nsoumeand. Elles sont toutes affectées par les activités de GOPDC, filiale du groupe Belge SIAT spécialisée dans la culture du palmier à huile, l’extraction de l’huile de palme brute et de l’huile de palmiste » précise Wisdom Adjawlo, Directeur exécutif de YVE-Ghana. Le programme d’échange a notamment permis aux communautés présentent de partager leurs difficultés et expériences de lutte. Elles ont aussi partagé les meilleures pratiques pour générer des revenus à partir de l’agriculture, les pièges à éviter face aux multinationales et comment mieux intégrer la dimension genre dans la lutte contre les accaparements des terres.
Ainsi après le premier contact de bienvenue entre les communautés pour encourager le dialogue et renforcer les relations entre les participants de différents horizons, quatre ateliers de formation ont été organisés. Le premier portait sur la formation des femmes sur le droit de dire non et les 12 tactiques utilisées par les entreprises pour s’emparer des terres communautaires. Cet atelier animé par Boyo Josiane de l’ONG Femmes braves d’Aboisso a permis aux participants de partager leurs expériences dans la lutte contre les accaparements de terre et mettre en évidence les similitudes entre le contexte ivoirien et ghanéen.
Le deuxième atelier de formation animé par Wisdom Adjawlo de YVE-Ghana a permis de montrer comment le système alambiqué des contrats agricoles et mécanismes d’achat pré-récolte constitue un moyen d’appauvrissement des petits producteurs et un élément permettant de déposséder les paysans de leurs terres. Quant au consultant en certification et normes agricoles, il a procédé à la déconstruction de la RSPO lors de son atelier. Il a montré comment cette norme a montré ses limites et de quelle manière les entreprises signataires ne respectent pas leurs engagements vis-à-vis des communautés. Le dernier atelier a porté sur la formation des reporters communautaires ou comment les téléphones portables peuvent aider à documenter la lutte. Suy Kahofi, consultant-formateur en MOJO, a instruit les participants sur les techniques de prise de vue (photos-vidéos) et le type de contenus utiles qu’ils peuvent partager avec les ONG dans le cadre de leurs actions contre les multinationales.
Après la formation de Kade, l’Alliance informelle contre la monoculture continuera ses activités notamment le renforcement des capacités des groupes de femmes dans les communautés affectées par le développement et l’extension des monocultures. L’objectif est de permettre à ces communautés de pouvoir « mener la lutte contre les entreprises étrangères de monoculture et la violation des droits des femmes qui est une pratique courante des multinationales présentes sur le terrain » a conclu Wisdom Adjawlo, Directeur exécutif de YVE-Ghana.
La rédaction
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