Le discours creux d’Alassane Ouattara aux ivoiriens
Rien de nouveau sous le soleil d’Abidjan : l’expression résume mieux le discours plat prononcé par Alassane Ouattara ce 31 décembre face à la Nation. Que pouvait-il dire que les ivoiriens ne savaient déjà ?
L’as des discours et des promesses après deux mandats à la tête de la Côte d’Ivoire semble en panne d’inspiration et son adresse à la Nation de ce 31 décembre le montre clairement. Si par le passé Alassane Ouattara pouvait s’étaler à souhait sous fond de promesses vantant les mérites d’une Côte d’Ivoire prospère avec un taux de croissance insolent, les choses ont changé au fil du temps. En 2018, un rapport à charge de l’Union Européenne a totalement démystifié le champion du Rassemblement des Républicain (RDR), l’obligeant à convoquer le représentant de l’Union à Abidjan. La magie des promesses n’opèrent plus : il faut donc passer au real time politics ! Faisant preuve de lucidité, le président ivoirien a abordé le seul sujet pour lequel certains ivoiriens ont daigné l’écouter : la réforme de la Commission électorale indépendante (CEI) dans la perspective des élections de 2020.
Alassane Ouattara promet une nouvelle commission électorale après avoir fait la sourde oreille aux appels de l’opposition, de la société civile et de la Cour africaine des droits de l’homme et des peuples (CADHP). « La nouvelle composition de la CEI (…) sera effective pour les élections de 2020 » indique Alassane Ouattara qui précise qu’il avait demandé à son Premier ministre « d’inviter dès le mois de janvier 2019 les responsables des partis politiques à se joindre au gouvernement en vue du réexamen de la composition de la CEI ». Le Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI), le parti de l’ancien président Henri Konan Bédié, les deux tendances du Front populaire ivoirien (FPI) de l’ancien président Laurent Gbagbo et la société civile demandaient cette réforme depuis des mois.
« J’exhorte tous les acteurs, y compris la société civile, à participer. Je souhaite que les échanges et contributions se fassent conformément à notre tradition de dialogue, d’ouverture et de respect afin de renforcer la confiance dans ce maillon essentiel du processus électoral », a-t-il précisé.
L’esprit Alassane Ouattara a tellement habitué l’Ivoirien à des promesses jamais tenues que certains attendent de voir pour croire…Avec ADO être un Saint Thomas n’est pas un défaut mais une qualité ! Le président Ouattara avait déjà promis cette réforme en août mais les élections locales d’octobre ont été organisées par la même CEI – avec son oncle Youssouf Bakayoko comme président – au grand dam de l’opposition. « Si nous voulons que l’élection présidentielle de 2020 soit crédible et nullement entachée d’irrégularités, il faut revoir la CEI », avait récemment précisé Jean-Louis Billon, ancien ministre et fidèle parmi les fidèles du président Henri Konan Bédié (PDCI).
Après le long chapelé de promesses non réalisées par Alassane Ouattara, le seul cadeau qu’il pourrait offrir aux Ivoiriens avant son départ pour la retraite serait sans doute une réforme sérieuse de la Commission électorale indépendante (CEI). En offrant ce cadeau de fin de parcours, il fera sans doute œuvre utile dix ans après la crise post-électorale ivoirienne qui avait fait plus de 3.000 morts.
Ebony T. Christian