Les autorités de la junte militaire au pouvoir au Mali demandent le départ de l’ambassadeur de France dans les 72 heures. C’est un précédent historique inédit dans les relations internationales en Afrique noire francophone que de demander le départ à brûle pourpoint d’un ambassadeur de France.
Le Mali a osé et semble montrer une voie à tous ceux qui ne seraient plus en odeur de sainteté avec l’ancienne puissance coloniale et agissements de ses dirigeants actuels. Sur quoi compte le Mali et que va-t-il arriver ensuite ? Réponse du berger à la bergère : durcissement de la position de la France sur l’embargo, avec l’appui de pays comme la Côte d’Ivoire, le Sénégal et le Togo et surtout de la CEDEAO.
La France joue son honneur et mettra les bouchées doubles pour laver cet affront, surtout que ça peut se payer cash au sein de l’opinion publique française pour les élections présidentielles en France en Avril 2022. Il ne faut sans doute pas laisser prospérer ce genre de fronde à la Laurent Gbagbo. Les jours à venir risquent d’être longs et douloureux pour le peuple du Mali.
Le Mali va s’en sortir, sans doute. Je pense que la junte a soigneusement réfléchi et pesé les pour et les contre avant de prendre la voie du bras de fer avec la France. Ils doivent avoir des soutiens tapis dans l’ombre à qui cette situation de fronde vis à vis de la France profiterait et surtout… des voisins conciliants (Guinée, BF).
En outre, et à titre de défense (et sans être prophète des cassandres), il pourrait venir à l’esprit de la junte de se défendre contre la Côte d’Ivoire qui semble être l’épicentre des sanctions et autres embargo contre le Mali. Face à cette Côte d’Ivoire en proie à la lutte contre l’avancée djihadiste dans le nord du pays (dont la frontière malienne), les autorités maliennes, à coups sûr et à tout le moins, risquent de ne pas coopérer et prêter main forte, à défaut d’en être complices.
Dans l’intervalle, que les dirigeants de la junte et le Mali tout entier sachent que la France n’ira pas de main morte pour mettre fin à la junte et si possible trouver des moyens de coller des crimes graves et autres violations des droits de l’homme aux dirigeants de la junte. Une histoire qui pourrait s’achever pour eux devant une certaine juridiction pénale internationale, notamment dans la cadre de la situation ouverte actuellement au Mali devant la CPI. Le circuit est connu.
Pour sûr, le voisin ivoirien devrait faire attention à son degré d’implication directe et personnelle dans la crise actuelle au Mali. Les jours à venir nous situeront.
Éric Aimé SEMIEN
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