Il est l’un des visages les plus connus du procès conjoint Laurent Gbagbo-Charles Blé Goudé. Le juge président Cuno Tarfusser, loin des passions que suscitent ce procès à la Cour Pénale Internationale (CPI), reste professionnel et est porteur d’un message bien particulier pour le peuple de Côte d’Ivoire.
Il est président de la Chambre de première instance du procès conjoint Laurent Gbagbo-Charles Blé Goudé et siège aux côtés des juges Olga Herrera Carbuccia et Geoffrey Henderson. Au fil des audiences et des rebondissements du procès, le juge italien Cuno Tarfusser affirme avoir appris à connaitre la Côte d’Ivoire.
De La Haye, l’image qu’il a de la Côte d’Ivoire est celle d’un beau pays, bien organisé qui a hélas vécu une situation déplorable. La question des violences nées de la crise post-électorale ivoirienne est certes au cœur d’un procès qui suscite des passions en Côte d’Ivoire et qui a des implications politiques. Il ne s’agit pas d’implication politique à l’intérieur de la Cour mais en dehors. Le verdict du procès Laurent Gbagbo-Charles Blé Goudé ne peut en aucun cas régler à lui seul le problème ivoirien en dépit de l’importance de ce procès dans l’histoire de la Côte d’Ivoire.
« Nous jugeons quelques choses de spécifique qui ne peut pas résoudre tous les problèmes de la Côte d’Ivoire. Je comprends que ce procès cristallise les passions et polarise la société ivoirienne mais laissez-moi vous dire que nous ne pouvons pas d’ici résoudre les problèmes politiques de la Côte d’Ivoire » tient à préciser Cuno Tarfusser.
Le problème ivoirien est bien plus vaste et n’aura de solutions que de l’intérieur, des solutions qui ne peuvent être trouvées que par les Ivoiriens eux-mêmes. Ce procès ne doit donc pas ruiner les espoirs de réconciliation de la Côte d’Ivoire. La Cour Pénale Internationale ne juge pas la classe politique ivoirienne encore moins les évènements politiques qui ont émaillé l’histoire de la Côte d’Ivoire durant ces dix ou vingt dernières années. La CPI n’a été saisie que d’une affaire bien donnée : elle a à sa disposition deux suspects, des preuves et en face des juges. Tout le travail consiste à rendre un verdict conformément au droit. Une tâche qui n’est pas facile reconnaît le juge président.
« Nous travaillons avec les moyens et les compétences que nous avons juste pour situer les responsabilités, si elles existent ou pas, de deux hommes dans les événements qui sont arrivés » soutient le juge président.
Pro-Gbagbo, pro-Soro ou pro-Ouattara…au-delà de toutes considérations ou appartenances politiques, les Ivoiriens doivent comprendre qu’ils n’ont qu’un seul pays qui doit résolument s’engager avec ses propres moyens pour tirer un trait sur le passé et construire une paix durable.
« Je pense que vous ne pouvez pas ruiner un si beau pays – un beau pays c’est mon constat de loin – juste à cause d’une course pour le pouvoir » souligne le juge qui émet le souhait de visiter personnellement la Côte d’Ivoire :
« Avant de mourir je viendrai en Côte d’Ivoire parce que je me sens proche de ce pays ».
Un juge pro-Gbagbo ?
De nombreux partisans du président Laurent Gbagbo sont convaincus que le juge Cuno Tarfusser serait favorable à l’ex-président Ivoirien. Cette conviction trouve son explication par le fait qu’à deux reprises, le juge président a été favorable aux demandes de libération provisoire en exprimant une opinion dissidente. Interrogé sur cette opinion dissidente, le juge président reste professionnel en ramenant les journalistes aux motifs qu’il a exposé pour justifier sa position. Il résume sa pensée en indiquant tout simplement « que 6 ans ou même plus de détention c’est long : il doit y avoir une limite ».
« Je ne sais pas ce que les gens pensent de moi en Côte d’Ivoire et je pense que les gens un peu comme partout d’ailleurs peuvent penser des choses sur n’importe qui. Mais en réalité mon travail et celui de mes collègues dans cette affaire est d’analyser les éléments de preuves et les faits pour lesquels les deux personnes présentes sont accusées » indique Cuno Tarfusser.
Deux suspects, des preuves et en face des juges qui doivent se montrer professionnels dans leur travail réitère le juge président qui indique agir et prendre ses décisions sur la base du droit. Aucun élément externe ne vient influencer son jugement : ni le débat politique autour du procès, ni le contexte politique ivoirien, ni la mobilisation constante des partisans de Laurent Gbagbo et Charles Blé Goudé.
« Bien avant même d’être en charge de cette affaire, je voyais la mobilisation des partisans de Laurent Gbagbo. Je vois toutes ces personnes qui viennent ici pour suivre également le procès. Ce qu’ils font montre un certain attachement, une certaine admiration. Mais je dois vous dire que tout ceci n’a aucun impact sur mon travail : je suis juge et je reste professionnel » précise-t-il.
La seule chose que le juge dit considérer ce sont les éléments qui sont versés au dossier. Il est conscient et sait que la décision des juges aura un impact sur la société ivoirienne mais cette décision ne doit pas être prétexte pour pousser certaines personnes à poser des actes malencontreux.
SUY Kahofi
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