L’Organisation mondiale de la santé (OMS) interpelle les acteurs engagés dans la lutte contre le paludisme et soutient que le nombre de décès causés par la maladie en Afrique pourrait doubler. En 2020, le nombre de mort lié au paludisme pourrait atteindre 769 000, une hausse sans précédent en 20 ans.
Le rapport mondial sur le paludisme publié en décembre 2019 indique que plus de 220 millions de personnes ont été infectées par la maladie et 405 000 ont été tuées en 2018. L’Afrique subsaharienne a enregistré environ 93 % de tous les cas de paludisme et 94 % des décès sur les deux années. Cela signifie clairement que le paludisme tue autant d’Africains en deux jours que le Covid-19 en a tué au total jusqu’à présent.
La pandémie de coronavirus ne frappe pas aussi durement l’Afrique que ce que l’on craignait et le nombre total de décès dus au Covid-19 sur le continent est d’environ 2.000 jusqu’à présent. Les spéculations sur les raisons de ce taux de mortalité bas donne lieu à toute sorte d’interprétation. Certains estiment que la population africaine est jeune (seulement 2 % de la population africaine a plus de 65 ans) ou que les africains consomment traditionnellement la chloroquine.
Alors que tous les efforts sont concentrés sur la lutte contre le coronavirus, le paludisme pourrait s’engouffrer dans la brèche et tuer plus en 2020. La focalisation obsessionnelle sur la lutte contre le Covid-19 risque de compromette les succès durement acquis dans la lutte contre le paludisme et plusieurs autres maladies comme le VIH-SIDA, la tuberculose, les maladies diarrhéiques et la polio. La responsabilité dans ce changement de priorité incombe non seulement aux gouvernements africains mais aussi aux donateurs et à l’industrie du médicament.
Les principales firmes pharmaceutiques qui produisent les tests de diagnostic rapide du paludisme (RDT) prévoient de réallouer les lignes de production à la fabrication de tests de diagnostic rapide pour le Covid-19. Une pénurie s’annonce pour les tests de paludisme mais aussi les traitements.
Selon l’OMS, la production des principaux médicaments antipaludiques a notamment été interrompue en Inde. C’est une préoccupation majeure précise Saira Stewart porte-parole du Programme mondial de lutte contre le paludisme de l’OMS. En effet 80 % de l’offre mondiale de combinaisons thérapeutiques à base d’artémisinine (ACT) de qualité et plus de 70 % des composantes pharmaceutiques actifs de ces médicaments sont fabriqués en Inde !
La lutte de l’Afrique contre le paludisme a été rendue possible grâce à l’argent et aux médicaments provenant d’autres régions du globe, mais Covid-19 menace de déstabiliser ce réseau de soutien. Les gouvernements africains doivent donc songer à garder un œil ouvert sur cette parasitose considérée comme la plus mortelle au monde au risque de compter plus de mort lié au paludisme qu’au coronavirus.
Ebony T. Christian
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