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Le trafic d’armes tue 45.000 africains chaque année

45.000, c’est le nombre de personnes qui meurent chaque année à cause du trafic d’armes en  Afrique. C’est la principale conclusion de l’étude publiée le 06 novembre à Abidjan par Small Arms Survey, un centre rattaché à l’Institut des hautes études et de développement basé à Genève.

Le trafic d’armes sur le continent concerne en grande partie les armes légères et de petits calibres selon les derniers rapports du RASALAO, le Réseau Ouest Africain d’action sur les armes légères. Ces armes se retrouvent dans plusieurs conflits allant des coups d’Etat aux rébellions en passant par les conflits inter communautaires. Elles alimentent aussi et surtout la criminalité sous toutes ses formes comme le trafic de drogue, d’être humain et les rapts. La grande majorité de ces armes sont issues d’un trafic transfrontalier ou dérobées à des armées régulières.

L’étude de Small Arms Survey sur la période de 2012 à 2017 vient confirmer en chiffre cette triste réalité de l’impact des armes du marché noir sur la vie des africains. Ce trafic tue 45.000 personnes chaque année en Afrique et alimente aussi des conflits régionaux dans l’ouest du continent. Il fait en moyenne « 140.000 morts et homicides liés aux conflits armés par an, dont 45.000, soit un tiers des décès violents, sont causés par l’utilisation des armes à feu » indique Matthias Nowak, chercheur à Small Arms Survey.

Des armes aux origines diverses

L’étude de Small Arms Survey souligne que les armes et munitions au cœur de ce trafic lucratif sont d’origines diverses. Il s’agit notamment de matériel militaire détourné ou volé dans les arsenaux nationaux insuffisamment sécurisés et d’armes produites de façon artisanale et détenues illégalement par des particuliers ou des groupes armés incontrôlés.

« Ces armes traversent les frontières pour atteindre différents destinataires » pour « satisfaire les besoins des groupes extrémistes violents comme Al-Qaïda au Maghreb islamique, Ansar Dine, Al Mourabitoun et Boko Haram » selon ce rapport.

La majorité de ces groupes qui opèrent dans la région sahélienne ont également tiré un grand profit de la crise libyenne, provoquée par la chute de Muhammar Khadafi en 2011. Les armes convoyées à travers le Niger, le Tchad et le Mali jouent aujourd’hui un grand rôle dans les trafics et la déstabilisation de la région depuis plus de dix ans. Elles ont renforcé la capacité de nuisance des islamistes qui ont pu opérer dans des pays comme le Burkina Faso et la Côte d’Ivoire à travers une série d’attentats meurtriers.

« La crise en Libye a créé un flux d’armes et de munitions de tout genre qui a constitué un détonateur de la crise qui a commencé en 2012 au Mali. L’effondrement du régime libyen a créé un transfert déstabilisant d’armes en direction de l’Afrique de l’Ouest » peut-on lire dans le rapport.

Le désert – très vaste -, les frontières poreuses et mal surveillées offrent un terrain favorable au trafic d’armes. « Les réseaux de trafiquants du nord du fleuve Niger sont très organisés et déplacent de grandes quantités de biens (dont des armes) à travers de vastes étendues de terre et de désert », selon l’étude.

Autorité de l’Etat et lutte contre la corruption

En Afrique de l’ouest, plusieurs pays ou zones sont mentionnés dans le rapport de Small Arms Survey. Il s’agit de la Guinée-Bissau, du Mali, du Niger et la zone frontalière du Burkina Faso et du Mali. Ces pays sont des plaques tournantes du trafic d’armes ou en subissent les effets pervers. C’est la raison pour laquelle l’Allemagne a financé cette étude en vue d’apporter aux États le soutien nécessaire pour lutter contre ce fléau. L’Allemagne accorde, chaque année, 17 millions d’Euros dans la lutte contre le trafic d’armes, « une importante partie de cette contribution financière est destinée au continent, principalement en Afrique de l’ouest », John Ole Reyels, responsable au ministère allemand des Affaires étranges en charge de ce dossier.

Le rapport préconise pour chacun de ces pays une panoplie de mesures, comme l’amélioration du « contrôle des Etats sur leurs propres armées », « les forces de défense et de sécurité » s’avérant elles-mêmes être des « sources du trafic illicite ». Le rapport recommande aussi « le  renforcement des sites portuaires, avec des scanners », pour détecter les cargaisons illicites. A toutes ces mesures s’ajoute la lutte contre la corruption qui « est absolument fondamentale pour lutter contre ce fléau », estime Matthias Nowak, chercheur à Small Arms Survey.

Anderson Diédri

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