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Le trafic des espèces protégées en hausse

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De nombreuses espèces animales à travers le monde sont de plus en plus victimes de braconnage illégal. Une situation qui inquiète les organisations de protection de la faune.

Contrairement aux idées reçues, les espèces animales menacées de disparition ne se limitent pas seulement aux grands mammifères. On dénombre au total un peu plus 12.500 espèces animales menacées dont 2.700 en voie d’extension mais qui font l’objet de braconnage et d’exportation illégale vers plusieurs destinations à travers le monde. La grande majorité de ces espèces figurent à l’annexe 1 et 2 du CITES, la Convention internationale sur le commerce des espèces sauvages menacées d’extinction.

Vivants ou morts, ces animaux pourtant protégés par des conventions internationales sont chassés pour différentes raisons. Les perroquets gris du Gabon sont arrachés à la forêt équatoriale pour finir en cage dans des salons en Europe. Le pangolin est vendu en Chine ou en Thaïlande pour sa chaire et surtout ses écailles. L’ivoire des éléphants alimente encore de grosses transactions sur marché noir des Etats Unis au Japon. La corne de Rhinocéros se négocie au prix fort sur le marché asiatique. Quant aux panthères, pythons et crocodiles, leurs peaux restent prisées par l’industrie du cuir.

Un commerce illégal mais lucratif

En dépit des campagnes de sensibilisation et de la répression de la chasse illicite, le trafic des espèces protégées est en hausse. L’appât du gain est bien plus fort chez les braconniers et autres passeurs que la conscience de la préservation de la faune. Le commerce illégal d’espèces protégées est estimé à 15 milliards de dollars en 2013 (7.500 milliards de francs CFA), selon la WWF (World Wide Fund).

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La criminalité liée aux espèces sauvages se classe au 4ème rang des activités illicites les plus lucratives au monde derrière le trafic de drogues, les contrefaçons et la traite d’êtres humains. Le kilo de corne de rhinocéros oscille entre 60.000 et 85.000 dollars, un prix bien plus élevé que celui de l’or ou de la cocaïne ! Derrière cette manne financière illicite se cache un vaste réseau de trafiquants bien organisés.

« Le crime portant sur les espèces sauvages n’est pas celui de fermiers pauvres avec des fusils rouillés tirant sur des éléphants et des rhinocéros. Il est le fait de bandes très organisées et lourdement armées » indique Sabri Zain, directeur politique de Trafic.

Le commerce illicite d’espèces protégées concerne chaque année 500 à 600 millions de poissons tropicaux, 15 millions d’animaux à fourrure, cinq millions d’oiseaux, deux millions de reptiles et 30.000 primates !

Une lutte difficile à mener

Les braconniers d’espèces protégées sont de mieux en mieux organisés. Dans les forêts et savanes d’Afrique et d’Asie, ces derniers ont des armes modernes, des systèmes de GPS et des engins de transport adaptés à leur terrain de chasse. Des équipements qui sont meilleurs que ceux des gardes forestiers chargés de protéger les espèces menacées.

Pour profiter pleinement de chacune de leur prises, les braconniers n’hésitent pas à s’attaquer aux gardiens de la faune. Entre 2004 et 2014, un peu plus de 1.000 rangers ont été tués par des braconniers dans 35 pays selon l’ONG Game Rangers International. Quant aux trafiquants et revendeurs, au-delà du marché noir, ils utilisent aujourd’hui internet pour vendre leurs butins.

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A titre d’exemple, en France, le Fonds international pour la protection des animaux a repéré 1.200 annonces suspectes en un mois et demi. Valeur totale de ces ventes d’animaux protégés : 700.000 €. Plus de la moitié de ces annonces, 55%, concernent des reptiles, 24% des oiseaux exotiques et 11% de l’ivoire.

Si les trophées de chasse sont encore à la mode en occident, dans les monarchies pétrolières du Golfe, lions, panthères et guépards sont achetés au vu et au su de tous. Ces animaux passent d’un pays à l’autre avec des complicités au sein des services de sécurité. Une corruption des hommes en uniformes qui rend encore plus difficile la lutte contre le trafic des espèces protégées.

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« La corruption a plusieurs facettes et peut se produire à chaque étape de la chaîne de valeur du commerce des espèces sauvages. Elle peut inclure des pots-de-vin pour obtenir des informations sur les déplacements des animaux ou des patrouilles, ou pour obtenir des droits ou des quotas, ou bien encore pour graisser les rouages des expéditions de cargaisons, pour s’assurer qu’elles ne soient pas inspectées ou saisies », explique le directeur exécutif de l’ONUDC, Yury Fedotov.

Malgré cette inégalité de moyens, d’accès à l’information et de financement entre les braconniers et les gardiens de la faune, la lutte pour la protection des espèces protégées doit se poursuivre au risque de voir d’autres animaux disparaître. À ce jour à peu près 744 espèces animales ont disparu de la surface de la terre. Pour mieux protéger les espèces menacées, il est d’abord impératif d’accentuer les campagnes de sensibilisation auprès des communautés rurales sur l’importance que représentent les espèces protégées pour l’équilibre de l’écosystème.

Ces communautés doivent être impliquées dans la chaîne de protection en collaborant avec les gardes forestiers et les rangers pour dénoncer la chasse illégale. Les gardiens de la faune doivent bénéficier d’un appui plus conséquent en termes de moyens de transport, de logistique de surveillance et d’armes pour mieux se défendre. Au-delà, il est important de lutter plus efficacement contre la corruption à tous les niveaux et d’adopter des textes de lois plus dissuasifs.

SUY Kahofi

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