Le manioc, une denrée très consommée en Afrique de l’ouest, est menacé par la striure brune du manioc. Cette maladie virale que les spécialistes appellent l’Ebola du manioc risque de placer des millions de personnes en situation d’insécurité alimentaire.
Le manioc est un tubercule de subsistance primordiale en Afrique. Le continent est le plus grand producteur mondial de cette plante (57%). Les populations consomment le manioc sous plusieurs formes. Les feuilles en sauce, les semoules séchées (gari), les semoules cuites à la vapeur (attiéké-couscous de manioc), la farine pour le pain traditionnel, le manioc bouilli, le foutou de manioc…sont autant de mets réalisés avec cette plante.
Au Nigeria, pays le plus peuplé d’Afrique, le manioc est consommé par 80% des 180 millions d’habitants : le pays est le premier producteur mondial avec 50 millions de tonnes par an. A l’échelle mondiale, 800 millions de personnes ont le manioc comme aliment de base dont près de 500 millions d’africains. La consommation du manioc est en constante hausse dans plusieurs pays sur le continent. En RDC, en Angola ou encore au Mozambique, elle atteint 500 kg par personne/an.
En Afrique de l’ouest, la production du manioc par pays a été multipliée par 5 voire 10 ces trente dernière année. Cette croissance est désormais menacée par la striure brune du manioc, une maladie virale. Cette pathologie végétale qui cause la perte de 90 à 100% de la production en Afrique centrale, « est en train de faire mouvement vers l’Afrique de l’Ouest. C’est une menace à prendre très au sérieux » s’inquiète Dr Justin Pita, directeur exécutif du programme West africain virus epidemiology (WAVE).
Bien que cette maladie ait été signalée vers les années 1930, elle a reçu beaucoup moins d’attention que la mosaïque du manioc. Ce virus se propage par des mouches blanches. Les hommes peuvent aussi être des vecteurs de transmission lorsqu’ils transportent les boutures de manioc.
Selon un article publié en 2012 dans la revue Advances in Virology, les pertes provoquées chez les petits producteurs africains par la striure brune s’élèveraient à plus de 100 millions de dollars (77 millions d’euros) par an. Il s’agit donc d’une véritable menace pour la production ouest-africaine puisque le matériel végétal se déplace désormais plus facilement d’un pays à l’autre.
Les agronomes et les instituts de recherche au sein de la CEDEAO doivent se pencher plus sérieusement sur la question au risque de voir des millions d’habitants de cet espace communautaire en situation d’insécurité alimentaire. La striure brune du manioc (Cassava Brown Streak Disease : CBSD) a été signalée et décrite pour la première fois par Storey en 1936 en Afrique de l’Est, plus précisément dans l’ancien territoire de Tanganyika (Tanzanie, actuellement).
C’est une maladie endémique dans toutes les zones côtières de l’Afrique de l’Est, en partant du Nord-Est du Kenya à la Mozambique en passant par la Tanzanie et qui, s’est répandue jusqu’aux basses altitudes du Nyasaland (Malawi, actuellement) et de l’Ouganda. La striure brune du manioc dans ces zones y est endémique.
SUY Kahofi
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