Législative 2016 : une élection sous haute surveillance
Les élections législatives du 18 décembre 2016 s’annoncent âpres. Et le comptage rapide des voix (PVT), une méthodologie qui permet de collecter « en un temps record » des données sur l’ensemble du territoire et de se faire une idée sur les résultats du vote, va jouer un rôle déterminant.
L’élection législative du 18 décembre prochain sera scrutée à la loupe. La Plateforme de la société pour l’observation des élections en Côte d’Ivoire (POECI) a décidé de déployer la grande artillerie. En plus d’un PVT qui permettra d’avoir une estimation du taux de participation au niveau national, l’organisation disposera d’une grande partie des résultats issus des bureaux de vote à Koumassi, Bongouanou sous-préfecture et Man commune grâce à trois PVT spécifiques dans ces localités ; ce qui permettra d’avoir les tendances entre les candidats.
Ainsi, sur les 1500 observateurs qui seront déployés sur l’ensemble du territoire national, 500 seront concentrés dans ces trois circonscriptions. Bongouanou sous-préfecture par exemple bénéficiera d’une couverture à 100% puisque des observateurs seront présents dans tous les bureaux de vote.
« Dans le cadre des élections législatives, nous allons pouvoir nous prononcer sur le taux de participation sur le plan national (…) Nous allons faire trois PVT spécifiques. Dans ces trois PVT spécifiques, nous allons pouvoir nous prononcer sur les tendances en termes de résultats obtenus par candidat », a expliqué ce lundi 14 novembre 2016 Drissa Soulama, coordonnateur général adjoint de la POECI, lors d’une formation des professionnels des médias sur le Comptage rapide des votes (PVT) à Cocody.
Bamba Sindou, coordonnateur général de la POECI, ajoute qu’en plus des procès-verbaux (PV) de dépouillement, les résultats du PVT peut servir aux candidats pour des réclamations éventuelles lors de la phase du contentieux électoral.
« On ne donnera les tendances qu’après la CEI (Commission électorale indépendante, ndlr) parce qu’il faut respecter la loi », précise-t-il.
Ce scrutin, qui doit mettre en place la première législature de la troisième république, sera décisif. Car si l’opposition avait boycotté celle de 2011, une partie sera cette fois-ci dans les starting-blocs pour défier la majorité au pouvoir, le RHDP. Et certains seront prêts à tout pour conserver leur siège au parlement. En tout cas, la commission électorale est bien conscience des enjeux qui pèsent sur cette échéance.
« C’est une élection à grand enjeu. Les enjeux sont extrêmement importants. J’ai envie de dire que les risques même sont plus grands qu’avant », observe Jean Marc Foé, chargé d’études et assistant du 3ème vice-président de la CEI.
« Alors, une initiative comme le PVT, qui nous permet justement « de voir clair » dans ce qui va se passer, ne peut être que saluée », se réjouit-il.
Les observateurs seront déployés sur l’ensemble du territoire dans un échantillon aléatoire mais représentatif de bureaux de vote en tenant compte du nombre de bureaux de vote et du nombre d’électeurs dans chaque circonscription.
« Si le tiers des électeurs se trouve à Abidjan, le tiers de nos observateurs sera à Abidjan », souligne Drissa Soulama.
Le PVT réalisé par la POECI lors de l’élection présidentielle d’octobre 2015 était le premier PVT d’Afrique francophone. Le National democratic institute (NDI), qui soutient la société sociale dans le cadre du processus électoral en Côte d’Ivoire depuis deux ans, souhaite que « ces élections se passent dans la paix et que les résultats issus soient acceptés par toutes et par tous ».
« Notre intervention en Côte d’Ivoire vise essentiellement à faire en sorte que la société civile soit plus professionnelle et plus crédible notamment en matière d’observation électorale », explique Kevin Adomayakpor, représentant résident du NDI.
Anderson Diédri