Economie

Les acteurs de la filière cacao réaffirment leur engagement pour la traçabilité de la production

La Plateforme Ivoirienne pour le Cacao Durable (PICD) a organisé ce jeudi 26 octobre au Mövenpick Hôtel Abidjan-Plateau, une table ronde autour du thème « Les défis et opportunités de la traçabilité dans la filière cacao en Côte d’Ivoire ». Les acteurs de la filière cacao réunis lors de cet échange ont réaffirmé leur volonté d’améliorer la traçabilité du cacao.

La Plateforme Ivoirienne pour le Cacao Durable (PICD) est un groupe de travail des Organisations de la Société Civile et des Organisations de Producteurs Agricoles pour la défense des droits des producteurs de cacao en Côte d’Ivoire. Elle est composée de 11 Organisations de la société civile et 55 Organisations de producteurs. Le but de la Plateforme est de coordonner des stratégies communes et susciter des changements au niveau de la filière cacao. C’est dans ce cadre qu’elle a décidé d’engager le dialogue autour d’un mécanisme clé de la filière : la traçabilité.

« La traçabilité dans la filière cacao pourrait être perçue comme l’action permettant de tracer le cacao depuis la zone de production jusqu’à son exportation en passant par toutes les étapes et en s’assurant qu’elles ont été observées de façon légale » définit Docteur Kra Raphaël, associé pays ClientEarth en Côte d’Ivoire. Selon l’expert, tous les acteurs de la filière cacao sont engagés dans ce processus qui a des retombés socio-économiques importantes pour les producteurs, les coopératives, les exportateurs et les consommateurs. En vue de faire le tour de la question, le thème central de la table ronde a été subdivisé en quatre panels.

Le premier panel a porté sur le système de traçabilité du cacao en Côte d’Ivoire avec un focus sur les opportunités, défis institutionnels et règlementaires ainsi que les réformes à envisager. Le deuxième panel a été consacré aux défis techniques et à la faisabilité pratique qui pourrait conduire à la mise en place d’un système national unifié de traçabilité pour éviter l’existence d’une multiplicité des systèmes de traçabilités. Les acteurs ont notamment échangé sur les leviers et moyens à mettre en place pour la réalisation d’un tel projet.

Parce que la traçabilité n’est pas seulement l’affaire du cacao, les participants à la table ronde ont aussi jeter un regard sur les outils de traçabilité existant dans d’autres filières comme le bois, le palmier à l’huile… Ce troisième panel a donné lieu à un partage d’expériences et les opportunités qui pourraient servir à la filière cacao. Enfin, le dernier panel a permis d’exposer les attentes et recommandations des acteurs des pays producteurs et consommateurs pour un système de traçabilité robuste.

Pour Koné Doumbia Assata PCA de la coopérative ECAM (Entreprise coopérative des agriculteurs de Méagui) « cette première table ronde a permis de mettre en lumière l’importance de la traçabilité dans la filière cacao et de réfléchir aux moyens d’améliorer ce mécanisme ». Elle a expliqué que les consommateurs dans les pays européens « se montrent de plus en plus exigeants en ce qui concerne l’origine du cacao qui sert à produire le chocolat qu’ils consomment ». « Ils ne veulent plus que ce cacao soit produit grâce au travail des enfants ou qu’il soit le fruit de la déforestation. Si nous n’arrivons pas à satisfaire à ces exigences, il y a de forte chance que nos revenus puissent baisser » a-t-elle détaillé. C’est la raison pour laquelle, de nombreux producteurs, coopératives et exportateurs sont engagés dans les mécanismes de traçabilité au sein de la filière.

Selon Sébastien Kouassi, responsable traçabilité chez OFI (Olam food ingredients), « le respect des normes de la traçabilité et une meilleure organisation du mécanisme va apporter plusieurs bénéfices à la Côte d’Ivoire ». A titre d’exemple, le pays pourra mieux lutter contre le travail des enfants, freiner la déforestation et garantir aux producteurs de meilleurs retombés au niveau social à travers des infrastructures comme les écoles, les hôpitaux, les routes… En assurant donc la traçabilité du cacao, c’est la Côte d’Ivoire qui renforcera sa position de leader sur le marché international.

Au terme des échanges de la journée, les participants à cette première table ronde ont compilé leurs suggestions et recommandations dans un document d’information qui sera diffusé à l’intention des différents acteurs de la filière. Pour résumer l’esprit des échanges, il est important de préciser que les intervenants jugent qu’il est nécessaire d’avoir un système unique de traçabilité au niveau national. Mais pour y arriver, il faudrait que les autorités impliquent l’ensemble des parties prenantes pour renforcer la confiance et donc la crédibilité d’un système unique national. Les intervenants sont également d’accord pour dire qu’il faut ouvrir la discussion sur le financement à long terme d’un système de traçabilité pour éviter que ce soient les coopératives et donc les productrices et producteurs qui supportent les coûts alors qu’ils sont déjà les plus lésés de la chaîne de valeur.

La rédaction

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