Les habitants d’Adjouffou quittent leurs maisons
Les habitants d’Adjouffou ont commencé à quitter leurs maisons tôt ce lundi matin en prévision de l’arrivée des bulldozers. Les autorités ivoiriennes leur ont demandé de libéré la zone afin de pouvoir créer un périmètre de sécurité autour de l’aéroport.
Les habitants d’Adjouffou ont vidé lundi leurs maisons avant qu’elles ne soient rasées pour instaurer un périmètre de sécurité autour de l’aéroport d’Abidjan. Ce départ forcé est la conséquence de la découverte le 8 janvier du corps d’un enfant dans le train d’atterrissage d’un avion d’Air France à Roissy. Depuis vendredi, l’accès à l’eau potable a été interrompu dans ce quartier proche de la clôture de l’aéroport.
A l’heure du départ, chacun emporte ce qu’il peut : les brouettes ne transportent seulement des gazinières, fauteuils, télévisions et autres matelas. Certains ont arraché portes, fenêtre, toitures et poutres. Sur certains murs dans le quartier, la célèbre inscription « A.D » (à détruire) en rouge ; preuve que les bulldozers vont entrer en action comme ce fut le cas autour des emprises du troisième pont d’Abidjan.
« A cause d’un seul enfant on vient mettre des familles qui vivent ici depuis 20 ans, 30 ans dehors. Monsieur Ouattara les gens vont aller où ? » s’interroge Diomandé Issiaké, chauffeur occasionnel de taxi communaux. Il estime que la décision du gouvernement est excessive et a été prise sans tenir compte de la majorité des habitants du quartier qui n’ont jamais perturbé les activités aéroportuaires. « D’ailleurs ce n’est pas un enfant d’Adjouffou : il vient de Yopougon et nous ne sommes pas les complices du petit donc pourquoi nous mettre dehors et perturber l’année scolaire de nos enfants ? » lance en colère Tiéty Firmin un riverain qui souligne ne pas savoir « où reloger sa famille ». Pourtant, Hamed Diomandé, directeur de cabinet du ministre des Transports avait assuré la semaine dernière que des sites pour reloger les expulsés sont à l’étude.
Adjouffou compte environ 25.000 habitants. Les populations n’ont jamais vraiment été inquiétées par les annonces d’opérations de déguerpissement en vue d’un projet d’agrandissement de l’aéroport. C’est une première dans ce quartier selon certains habitants.
Traoré Bakhary