Les pays africains tiennent tête aux Etats Unis à l’ONU
Le suspense reste entier autour d’un bras de fer américano-africain sur la convocation d’un vote destiné à établir ‘le principe’ d’un possible co-financement par l’ONU d’opérations de paix africaines, en raison de la menace d’un veto américain.
Les pays africains du Conseil de sécurité ont annulé mercredi et pour la deuxième fois en dix jours, la convocation pour le vote. Portée par l’Ethiopie, la Guinée équatoriale et la Côte d’Ivoire, le projet de résolution pose « le principe d’un possible versement de contributions des Nations unies, au cas par cas, pour soutenir des opérations de paix menées par l’Union africaine (UA) et autorisées par le Conseil de sécurité ».
Il prévoit que le financement de l’ONU pourrait atteindre jusqu’à 75% du coût des opérations concernées, les autres 25% demeurant à la charge de l’Union africaine. Ce texte qui porte d’une manière plus générale sur les relations entre l’ONU et les organisations régionales africaines, suit depuis le début du mois un chemin compliqué. Très optimiste sur l’adoption du texte, la présidence ivoirienne du Conseil de sécurité avait le 10 décembre convoqué une réunion pour un vote. Quelques heures plus tard, sous la pression de pays européens, la réunion était annulée, une volte-face rare à l’ONU pour une mise aux voix d’un texte.
Cette volte-face serait liée à une menace de veto des Etats-Unis. Depuis le début du mois, les Etats-Unis répètent dans les réunions qu’ils ne sont pas opposés sur le fond au projet mais qu’ils ont un « problème de timing », selon des diplomates. Une nouvelle Chambre des représentants, compétente en matière budgétaire, doit entrer en fonctions en janvier et l’Administration de Donald Trump ne peut s’engager sans son aval sur un éventuel transfert de financement de l’ONU à l’Union africaine, a-t-on précisé de mêmes sources. Mercredi, les trois pays africains du Conseil de sécurité sont revenus à la charge pour « mettre Washington devant ses responsabilités ».
Dans le même temps, un compromis offert par les Etats-Unis était rejeté par l’Afrique, évoquant « des lignes rouges ». Peu avant le vote, le scrutin était annulé. Le vote a été reporté à vendredi mais en attendant, la menace de veto américain demeure. L’ambassadrice sortante, Nikki Haley, peu présente en décembre au Conseil et absente dans la matinée alors que le sujet concernait Israël avait prévu mercredi de venir en personne utiliser ce veto en cas de vote, selon des diplomates.
Anderson Diédri