Santé

Les programmes de santé publique ont besoin des médias pour être résilients

Les médias jouent un rôle important dans la diffusion de l’information scientifique et la santé en Afrique. Leur potentiel de plaidoyer est immense et il est capital de les associer aux initiatives et programmes de santé publique sur le contient. Les délégués et professionnels des médias l’ont réaffirmé ce 30 novembre à Lusaka dans le cadre des rencontres de la Conférence internationale sur la santé publique en Afrique (CPHIA 2023).

Quelle est la meilleure façon d’exploiter le pouvoir des médias en faveur d’un plaidoyer pour la santé publique en Afrique ? C’est à cette question que les panélistes et les professionnels des médias ont tenté de répondre lors de l’atelier organisé par l’organisation Nigeria Health Watch. « Le rôle des médias dans la diffusion de l’information sur la science et la santé n’est plus à démontrer » a indiqué d’entrée de jeu Dr Francisco Songane, membre du conseil d’administration de la Fondation africaine pour la santé publique.

Il a expliqué que les médias dans leur ensemble ont développé cette capacité de rendre compréhensible aux populations les informations complexes et techniques qui viennent des milieux scientifiques et de la recherche. Sans leur apport, « difficile de concevoir des programmes de sensibilisation qui peuvent réellement impacter les populations » a renchérit Onyekachi Nwitte-Eze, analyste en politique de santé et chargé de programme au ministère fédéral de la santé du Nigeria.

Elle a mis en lumière le travail des journalistes et autres professionnels des médias lors des différentes pandémies que les pays africains ont connu. « Les radios communautaires ont produit et diffusé des magazines et émissions interactives dans les principales langues nationales qui ont permis aux messages de sensibilisation de toucher un nombre important de personnes lors des pandémies de Covid-19, Ebola ou le choléra » a souligné Onyekachi Nwitte-Eze.

Une vue des panélistes lors de l’atelier de l’organisation Nigeria Health Watch

Cependant l’action des médias ne doit pas se limiter à la sensibilisation. Ils doivent être impliqués à des niveaux plus importants notamment celui des prises de décisions et du plaidoyer. « Nous ne pouvons pas faire de plaidoyer sans une action d’accompagnement médiatique forte » a martelé Dr Emmanuel Alhassan, coordonnateur du projet de prévention des épidémies au Nigeria pour le compte de la Global Health Advocacy Incubator.

Il a notamment plaidé pour que les médias africains soient effectivement associés aux instances de prise de décisions en matière de santé publique. « Les journalistes ne doivent plus être ceux qui couvrent simplement des rencontres dédiées à la santé publique puis sortent de la salle lors des débats de fond. S’ils ne sont pas eux-mêmes associés et formés, ils ne pourront pas rendre compte de la réalité des problèmes auxquels nos gouvernements veulent s’attaquer » a précisé Dr Emmanuel Alhassan.

Les défis de santé publique les plus importants demandent l’accompagnement des médias. A titre d’exemple, le traité sur les pandémies en négociation et dont le premier draft n’a pu faire l’unanimité. Les experts ont invité les médias à effectuer un travail de plaidoyer afin que la voix et les priorités de l’Afrique soient prises en compte lors des prochaines rencontres. Sur le sujet, les médias ont invité les experts africains à parler d’une même voix dans un groupe de négociateurs africains afin que le traité prenne en compte les besoins des populations du continent.

Notons que l’Organisation mondiale de la santé (OMS) négocie actuellement de nouvelles règles pour lutter contre les pandémies. Un accord juridiquement contraignant devrait être adopté d’ici mai 2024 par les 194 pays membres de l’agence des Nations unies pour la santé. Le traité sur les pandémies vise à renforcer les capacités de riposte et de défenses des pays du monde contre les nouveaux agents pathogènes à la suite de la pandémie de Covid-19.

Le traité mondial doit comporter des dispositions relatives au partage des données, au financement de la recherche et au développement de mécanisme de riposte face aux épidémies. D’autres dispositions du texte visent à renforcer les systèmes de surveillance et d’alerte précoce et à constituer des stocks de fournitures médicales.

Suy Kahofi, envoyé spécial à Lusaka

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