Le rapport 2017 de l’ONG Transparency International met en lumière une situation assez critique en ce qui concerne la lutte contre la corruption à travers le monde. En dépit des efforts faits par les différents pays, la corruption continue de gangrener le développement de plusieurs pays à travers le monde.
Transparency International publie chaque année depuis 1995 un rapport bien connu sous le vocable d’Indice de perception de la corruption (IPC). Il s’agit d’un rapport libellé sous la forme d’un classement et est censé mettre en lumière le degré de corruption perçu – donc potentiellement visible – dans un pays. Ce rapport annuel qui fait office de référence incontournable dans le monde permet dans plusieurs pays de constater qu’il y a une grande différence entre le discours politique et la réalité de la lutte contre la corruption. L’indice est réalisé en grande partie grâce à une enquête auprès de différents acteurs. Il s’agit entre autres d’hommes d’affaires, d’analystes financiers et de risques, d’universitaires et même d’habitants des différents pays.
L’IPC 2017 s’appuie sur 13 sources de données provenant de 12 institutions indépendantes spécialisées dans l’analyse de la gouvernance et du climat des affaires dans les 180 pays évalués. Les sources d’information utilisées pour l’IPC 2017 reposent sur des données publiées au cours des deux années précédentes. L’IPC ne comprend que des sources qui fournissent un score correspondant à un ensemble de pays/territoires et qui évaluent les perceptions de la corruption par des experts dans le secteur public. Transparency International retient principalement la corruption dans le secteur public qu’elle définit comme étant « l’abus d’une fonction publique à des fins d’enrichissement personnel ». A l’issue des enquêtes, une note est attribuée chaque pays. Le score de 100 indique l’absence de demandes de pots-de-vin et celui de 0 une corruption systématique.
Le rapport 2017 dans son ensemble est très inquiétant. En effet, plus des deux-tiers des pays enregistrent une note inferieure à 50. Ce qui démontre clairement que la lutte contre la corruption stagne dans la majorité des pays.
« Cette année, la Nouvelle-Zélande et le Danemark obtiennent les meilleures notes, soit 89 et de 88 respectivement. La Syrie, le Soudan du Sud et la Somalie se classent en bas de l’échelle, avec les notes respectives de 14, 12 et 9. La région la plus performante est l’Europe de l’Ouest, avec une note moyenne de 66 » peut-on lire dans le rapport publié par l’ONG sur son site.
Parmi les régions les moins performantes figure l’Europe de l’Est et l’Asie centrale avec une note moyenne de 34 et l’Afrique subsaharienne (note moyenne de 32). Comme quoi la lutte contre la corruption reste difficile dans la majorité des pays d’Afrique. Cela pourrait s’expliquer par le non-respect des lois et disposition légale par les administrateurs publics y compris les hommes en uniforme. Les pots-de-vin lors de concours dans la fonction publique, le racket des forces de l’ordre sur les routes, les passassions de marchés publics de gré à gré et la promotion d’une justice aux ordres des plus offrants sont encore d’actualité.
Nette progression pour la Côte d’Ivoire
Même si dans l’ensemble le tableau paraît sombre, Transparency International ne manque pas de saluer les efforts des ‘bons élèves’ dans la lutte contre la corruption. « Ces six dernières années, un certain nombre de pays ont sensiblement amélioré leur note sur l’IPC. C’est notamment le cas de la Côte d’Ivoire, du Sénégal et du Royaume-Uni » indique le rapport 2017. La Côte d’Ivoire revient de très loin dans le classement IPC.
Il y a dix ans, le pays figurait dans les bas-fonds du classement. En 2007, la Côte d’Ivoire affichait un score de 2,1/100 et occupait la 150ème place. En 2017, les efforts des différents Gouvernements qui se sont succédé à la tête du pays ont été payants. Le pays est remonté à la 103ème place avec une note de 36/100. Un an après la fin de la crise post-électorale, le pays avait déjà gagné 20 place passant à la 130ème position avec une note de 29/100.
Malgré les efforts significatifs de la Côte d’Ivoire, le pays fait moins bien que certains de ses voisins. Au sein de la CEDEAO (Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest), elle est devancée de loin par le Cap-Vert, le Sénégal, le Burkina Faso, le Ghana et le Bénin.
PAYS | RANG CEDEAO | RANG MONDIAL | NOTE |
Cap-Vert | 1er | 48ème | 55 |
Sénégal | 2ème | 66ème | 45 |
Burkina Faso | 3ème | 74ème | 42 |
Ghana | 4ème | 81ème | 40 |
Bénin | 5ème | 85ème | 39 |
Côte d’Ivoire | 6ème | 103ème | 36 |
Niger | 7ème | 112ème | 33 |
Togo | 8ème | 117ème | 32 |
Libéria | 9ème | 122ème | 31 |
Mali | 9ème ex | 122ème | 31 |
Gambie | 11ème | 130ème | 30 |
Sierra Leone | 11ème ex | 130ème | 30 |
Guinée | 13ème | 148ème | 27 |
Nigeria | 13ème ex | 148ème | 27 |
Guinée Bissau | 15ème | 171ème | 17 |
La position de la Côte d’Ivoire dans ce classement s’explique par la persistance de certaines pratiques qui se font en toute impunité. Transparency International énumère plusieurs aspects de la corruption qui sont monnaies courantes en Côte d’Ivoire. Les pots-de-vin notamment les allégations de bakchich autour des examens et concours de la fonction publique, les nominations basées sur le népotisme plutôt que sur la méritocratie dans la fonction publique (le rattrapage ethnique), les détournements de fonds publics, la captation de l’État par des intérêts particuliers étroits (accaparement des terres à Prikro et passation de marchés de gré à gré) ou encore la protection juridique des lanceurs d’alerte, des journalistes et des enquêteurs lorsqu’ils signalent des cas de corruption et de versement de pot-de-vin.
SUY Kahofi
comments
Le chômage des jeunes crée des vulnérabilités à l’extrémisme violent comme l’a démontré une étude…
La deuxième édition du Forum des citoyennetés actives a été organisé ce 20 novembre 2024…
Avant l’ouverture de la campagne, les acteurs du marché estimaient généralement que la production mondiale…
Plus de 37.000 demandeurs d’asile burkinabés ont été enregistrés en Côte d’Ivoire. Ces derniers ont…
« Technologies émergentes et innovations dans l’industrie du bâtiment et des travaux publics », voici…
Dans la région sahélienne, le bétail est une richesse dont la taille et la variété…