Réfléchir à des mesures concrètes pour combattre la corruption en Afrique. C’est l’objectif du 3ème forum de la société civile qui s’est déroulé les 5 et 6 juillet 2018 à Johannesburg en Afrique du Sud à l’initiative de la Open Society fondations.
L’Afrique perd au moins 50 milliards de francs Cfa chaque année du fait des flux financiers illicites (FFI). La corruption est une des causes de ce fléau préjudiciable au développement du continent.
Face à l’urgence, les chefs d’Etat et de gouvernement de l’Union africaine ont déclaré 2018 comme année de lutte contre la corruption sous le thème « Vaincre la corruption : une option viable pour la transformation de l’Afrique ». Ils se sont engagés à prendre des mesures pour combattre le fléau.
Mais à l’occasion du 3ème forum de la société civile les 5 et 6 juillet 2018 organisé par Open Society Fondations au siège du parlement panafricain en Afrique du Sud, le directeur exécutif de la Fondation Mo Ibrahim Dr Abdoulie Janneh a exhorté les dirigeants africains à poser des actes concrets dans la lutte contre la corruption.
« La volonté politique, ce n’est pas seulement organiser des sommets. C’est prendre des mesures concrètes », a-t-il interpellé lors d’un panel qu’il a animé le 6 juillet sur le thème : « fermons les robinets sur les flux financiers illicites et renforçons les institutions de gouvernance ». Il insiste : « il faut que cette volonté politique se manifeste sinon nous allons avoir des résultats limités ».
L’une des clés pour lutter contre la corruption et les flux financiers illicites (FFI), c’est la transparence. Selon Dr Abdoulie Janneh, il faut que les personnes politiquement exposées (en charge de la gestion des affaires publiques) déclarent leur patrimoine, que les marchés publics et les appels d’offres soient ouverts et que les médias et la société civile continuent de « dénoncer » les flux financiers illicites.
« Comment le directeur des douanes peut-il construire la plus grande maison dans l’une de nos capitales ? Il faut que les gens rendent compte », s’exclame le directeur exécutif de la fondation Mo Ibrahim, organisation qui investit 20 millions de dollars chaque année pour la publication de son rapport sur l’indice de la gouvernance en Afrique.
Les flux financiers illicites ont des effets négatifs sur la gouvernance en Afrique et le développement du continent. Malgré les recommandations du rapport Mbeki en 2015, (le Groupe de haut niveau sur les flux financiers illicites en provenance d’Afrique présidé par l’ancien président de la Sud-africain), qui a appelé à adopter des lois et des textes pour renforcer la transparence, il y a encore du chemin à parcourir.
« Malgré les efforts déployés pour lutter contre la corruption, le fléau reste un problème endémique dans la plupart de nos pays d’Afrique subsaharienne. Les politiques de lutte contre la corruption qui ont été promulguées n’ont pas été suffisamment opérationnalisées. De même, les lois promulguées par nos Etats pour promouvoir la transparence et la responsabilité publique n’ont pas ou peu été mises en œuvre », observe Miarom Begoto, président du Conseil consultatif de l’Union Africaine sur la corruption (CCUAC).
« Il nous faut un réel engagement politique mais également des efforts soutenus de l’action publique et la nécessaire implication civique », ajoute-t-il. A l’ouverture de ce forum le 5 juillet, le Prof. Thuli Madonsela, ancienne procureure public d’Afrique du Sud, a reçu le prix africain de lutte contre la corruption. Elle a exprimé sa joie d’être lauréate de cette distinction avant d’indiquer : « lutter contre la corruption ne peut pas se faire par une personne toute seule mais par tout le monde. C’est une croisade ». Un véritable défi à relever pour le continent africain.
Anderson Diédri, envoyé spécial à Johannesburg
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