Société

Lutte contre la corruption : la Côte d’Ivoire figée à la même place depuis 3 ans

L’ONG Transparency International a dévoilé, le jeudi 23 janvier 2020, son rapport sur les niveaux de perception de la corruption du secteur public dans 180 pays et territoires à travers le monde. Avec un score de 35 points, la Côte d’Ivoire reste à la 106ème place sur 180.

Dans une déclaration, l’ONG Social Justice, partenaire national de Transparency International, a mis en avant les points clés du rapport. La moyenne du score des pays d’Afrique subsaharienne est de 32/100 ce qui est en deçà de la moyenne mondiale qui est de 43/100. Les pays africains les mieux classés sont les Seychelles (points 66), Botswana (61 points), Cape Vert (58 points), Rwanda (53 points) et Ile Maurice (52 points). Les pays Africains les mal classés sont la Somalie (9 points), le Sud Soudan (12 points), le Soudan (16 points) et la Guinée Equatoriale (16 points).

Quant à la Côte d’Ivoire, elle obtient le score de 35 points sur 100 avec un rang de 106e sur 180. Bien que ce score soit au-dessus de la moyenne générale de l’Afrique sub-saharienne, il n’en demeure pas moins vrai que les performances en matière d’amélioration de la transparence et de la lutte contre la corruption restent statiques (au vu du score) voire même en déclin (au vu du rang) comparé à 2018 où le score était de 35 points sur 100 avec un rang de 105e sur 180 et 2017 où le score était de 36 points sur 100 avec un rang de 103e sur 180.

Le rapport a révélé que la corruption est plus répandue dans les pays où les gros capitaux peuvent circuler librement dans les campagnes électorales et où les gouvernements n’écoutent que la voix des personnes riches ou avec qui ils ont des relations.

Aucune avancée visible depuis 3 ans.

En ce qui concerne la Côte d’Ivoire, le rapport révèle que la volonté politique exprimée par le gouvernement dès le départ en matière de transparence et de lutte contre la corruption qui s’est traduite par la mise en place d’un dispositif juridique, politique et institutionnel a connu un recul depuis 2016. Alors que, cette volonté politique a permis à la Côte d’Ivoire d’améliorer son rang en passant de 130e avec 29 points en 2012 à 105e avec 35 points en 2018, une analyse de la situation démontre bien que la Côte d’Ivoire a encore du chemin à parcourir surtout dans la mise en œuvre des réformes, car l’existence d’un dispositif juridique, politique et institutionnel ne saurait être efficace sans une application effective de celui-ci.

En outre, il est reconnu que même si la sensibilisation permet de conscientiser les populations sur les risques et méfaits de la corruption, il n’en demeure pas moins vrai que les sanctions permettent de dissuader efficacement les irréductibles et constituent ainsi un exemple aux populations sur le caractère répréhensible de l’acte.

Enfin, le rapport révèle globalement la circulation de gros capitaux lors des campagnes électorales et l’attention accordée aux personnes influentes plutôt qu’aux populations.

Le domaine public pointé du doigt pour encadrement insuffisant

Cette analyse démontre bien que le domaine politique reste moins bien encadré et que des dispositions doivent être prises créer plus de transparence dans le processus de mobilisation des ressources des partis politiques.

En effet, concernant la Côte d’Ivoire, le rapport révèle que les réglementations sur le financement des campagnes sont partiellement appliquées. Depuis 2010, peu de plaintes ont été enregistrées concernant des irrégularités dans les élections. Les observateurs internationaux ont jugé les élections inclusives et transparentes, du processus d’inscription des candidats au dépouillement des votes.

Cependant, il est important de mentionner que même si la loi la loi n°2004-494 du 10 Septembre 2004 relative au financement sur fonds publics des partis et groupements politiques et des candidats à l’élection présidentielle et abrogeant la loi n°99-694 du 14 Décembre 1999 relative au financement sur fonds publics des partis et groupements politiques et des candidats à l’élection présidentielle fixe les modalités de financement des partis et groupements politiques, il ne dispose pas du plafonnement des budgets de campagne électorales, ce qui ouvre la voie à la circulation de gros capitaux pendant les campagnes électorales, ce qui est susceptible de favoriser l’achat des consciences.

Des recommandations fortes à l’endroit de tous les acteurs

Fort de ce constat, Social Justice a formulé des recommandations. D’abord au gouvernement, l’organisation appel à poursuivre les réformes en élaborant et en mettant en œuvre un Plan d’Action de mise en œuvre des réformes en matière de bonne gouvernance et de lutte contre la corruption assorti d’indicateurs mesurables. L’organisation demande par ailleurs à la haute autorité pour la bonne gouvernance de passer à la phase de sanction contre les personnes assujetties à la déclaration de patrimoine et qui ne l’ont pas fait dans le délai. Également, de mettre en place un système régulier d’information sur l’état des dossiers de corruption transmis au parquet.

L’organisation de lutte contre la corruption a aussi adressé des recommandations au partis politiques en les à privilégier l’éthique et la conviction par les idées lors des campagnes électorales et à publier et rendre accessibles leurs états financiers aux pour les institutions supérieurs de contrôle des finances publiques conformément à la loi la loi n°2004-494 relative au financement sur fonds publics des partis et groupements politiques et des candidats à l’élection présidentielle mais aussi pour les citoyens pour plus de transparence.

La déclaration a enfin lancée un appel aux citoyens et aux organisations de la société civile, en les invitant à dénoncer les actes de corruption auprès des structures compétentes telle que la Haute Autorité pour la Bonne Gouvernance (HABG) et à susciter des débats autour de la corruption afin de contribuer à renforcer la responsabilité des structures et améliorer le système de lutte contre la corruption.

Traoré Bakary

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