Ce mardi 12 décembre 2017, 4000 participants venus de 130 pays ont pris part au One planet summit à l’invitation du président français Emmanuel Macron. Un événement qui selon la diplomatie française vient en complément de la COP21 qui s’est tenue il y a 2 ans.
Emmanuel Macron en maître de cérémonie face à un parterre de chefs d’Etat, de grands patrons et d’acteurs engagés pour l’environnement retrouve le temps d’un sommet le vocabulaire vert et une passion de grand prêtre de l’écologie. Lui qui était resté étrangement silencieux sur la question de la protection de l’environnement et du changement climatique lors de la campagne pour la présidentielle semble désormais trouver les arguments pour galvaniser les troupes sur le sort de la planète. A moins que l’intention du chef de l’Etat français ne soit ailleurs…
En se positionnant comme le porte-étendard des défenseurs des acquis de la COP21, Macron veut clairement envoyer message au Monde : avec ou sans les Etats Unis il faudra avancer dans l’application de l’accord de Paris. Et pour faire passer ce message, la petite COP de Macron dénommé One planet summit a voulu rassembler du beau monde loin du clan des climato-sceptiques et des humeurs de Donald Trump. Du secrétaire général des Nations Unies António Guterres à l’acteur américain Arnold Schwarzenegger en passant par Jim Yong Kim le président du Groupe de la Banque mondiale, Paris a réuni en 24 heures des personnalités dont l’engagement pour la planète n’est plus à démontrer. Mais un sommet à l’initiative d’un climato-opportuniste saurai-t-il être un véritable rendez-vous pour parler de l’avenir de la planète ?
Derrière les sourires et les poignées de main l’essentiel du débat lors du sommet-Macron s’est fait autour de l’argent. Oui il faut de l’argent pour refroidir la planète ! Rien que pour la transition énergétique, il faudra 3.500 milliards de dollars par an d’investissement sur 30 ans. Pour le moment il n’y a que du vent ! Paroles, paroles et paroles des grands pollueurs depuis la COP21 mais personnes n’a encore concrétisé ses engagements. Cependant lors du One planet summit, la finance privée semble décidée à se mettre au service de la lutte contre le changement climatique et la protection de l’environnement. Une grande première que Macron inscrira sans doute au panthéon de ses succès en tant que chef d’Etat.
Le One Planet Summit de Paris veut lancer la bataille du financement. Mais qui financera quoi et comment ? C’est le flou total depuis la COP21 et le sommet-Macron n’a pas fait mieux. Le même cycle de promesses avec les mêmes acteurs mais cette fois ci en bonus des hommes d’affaires et grands patrons des multinationales – pollueurs reconnus et philanthropes à leurs heures perdues – qui viennent mettre dans la caisse commune de la lutte le dividende tiré d’une exploitation sauvage des ressources fossiles. Les ressources fossiles et les énergies qui en découlent, le monde doit s’en défaire a plaidé Emmanuel Macron si l’on veut respecter l’esprit et la lettre de l’Accord de Paris. Répondant favorablement à cet appel, la Banque mondiale a annoncé qu’elle arrêterait de financer après 2019 l’exploration et l’exploitation de pétrole et de gaz, sauf « circonstances exceptionnelles ». Autant dire que rien ne risque d’évoluer dans la mesure où ceux qui tiennent l’institution sont les Etats accrochés au pétrole et au charbon.
Du côté des entreprises privées, plusieurs annonces ont été faites. A titre d’exemple, l’assureur français AXA qui a indiqué qu’il renonçait à assurer et à investir dans toute entreprise impliquée dans la construction de centrales à charbon. Au-delà, il a promis de se désengager à hauteur de 700 millions d’euros des projets liés aux sables bitumineux. La banque hollandaise ING s’est elle aussi engagée à « accélérer la baisse » des financements alloués aux centrales à charbon. D’ici 2025, elle ne financera plus que les producteurs d’électricité utilisant moins de 5% de charbon et arrêtera de financer directement les projets de centrales à charbon, a-t-elle affirmé.
Un groupement de plus de 200 grands investisseurs, dont le groupe bancaire britannique HSBC et le plus gros fonds de pension public américain (CalPERS), a annoncé qu’il avait décidé de mettre la pression sur 100 entreprises parmi les plus émettrices de gaz à effet de serre, pour qu’elles améliorent leur gouvernance sur le changement climatique, réduisent leurs émissions et renforcent la publication de leurs informations financières relatives au climat. La liste des cent entreprises visées par cette initiative, baptisée « ClimateAction 100+ », comprend notamment de grands groupes pétroliers et gaziers (BP, Chevron, Coal India…), des acteurs du secteur des transports (Airbus, Ford, Volkswagen…), et des groupes miniers et sidérurgiques (ArcelorMittal, BHP Billiton, Glencore…).
Les pays du Nord ont aussi promis de porter à 100 milliards de dollars par an d’ici 2020 leurs financements climat aux pays du Sud. Mais doit bénéficier de ce soutien ? Pour être objectif, seuls les pays modèles qui refusent les énergies fossiles et font des efforts pour lutter contre le réchauffement au plan national peuvent être aidés. La logique des petits pollueurs doit aussi faire son entrée dans le cycle des négociations sur le climat. En effet, pour rattraper leur retard énergétique, plusieurs pays du sud se tournent aujourd’hui vers le pétrole, le charbon et le gaz naturel au mépris des engagements pris dans leurs propre INDC. C’est le cas de la Côte d’Ivoire, du Kenya et du Sénégal avec leurs projets de centrale à charbon.
SUY Kahofi
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