Michael Obert, un journaliste allemand de 50 ans qui travaille pour de nombreux médias européens et américains et est lauréat de nombreux prix prestigieux dont le prix de meilleur reporteur du prix de la presse européenne décerné en 2018. Spécialisé sur l’Afrique et le Moyen-Orient depuis plus de 20 ans, ce grand reporter qui parcoure le monde pour raconter des histoires inédites a fondé depuis un an et demi la Reporter-Akademie Berlin, consacrée à la formation des journalistes sur l’art du reportage.
Pourquoi avez-vous décidé de créer cette académie ?
Et il y a un an et demi que j’ai fondé la Reporter-Akademie Berlin. C’est une académie pour former des reporters. J’ai décidé de créer cette académie parce que j’ai l’impression que particulièrement des jeunes journalistes ici en Allemagne mais ailleurs aussi ils ont besoin de l’aide professionnelle et j’ai décidé de créer cette plateforme pour pouvoir partager mes expériences personnelles que j’ai pu collectionner pendant une vingtaine d’années dans le monde comme reporter.
Et c’est plutôt des jeunes journalistes allemands qui développent leurs capacités professionnelles à travers des Workshops qui sont structurés d’une manière très pratique mais aussi il y a des reporters, des journalistes allemands très expérimentés qui ont envie de se développer, améliorer leur niveau de qualité.
Combien de formation avez-vous organisé depuis que l’académie existe ?
Une dizaine de formation, peut-être, pour une centaine de journalistes.
Combien de journalistes venant d’Afrique ?
Vous êtes les premiers qui venez de l’Afrique. Et ça aussi grâce à la fondation Friedrich Naumann on a élargi le groupe. Pour moi, avoir des collègues d’Afrique ici chez moi dans mon pays, mon académie, c’est aussi pour moi une manière de redonner quelque chose à l’Afrique, aux gens d’Afrique qui m’ont donné tellement de choses pendant 20 ans que je visite, que je passe pas mal de temps sur le continent.
Pourquoi avez-vous décidé de vous focaliser sur l’art du reportage ?
Moi personnellement, le reportage, ça me fascine parce que ça me donne beaucoup plus de moyens que l’information. L’information pure, aujourd’hui, on entend, il y a l’information partout, information, information, information… Elle est partout l’information. L’information de maintenant est vieille dans 10 minutes et après c’est une nouvelle information qui vient.
Et c’est une partie du journalisme qui est très important mais moi j’ai l’impression que l’aspect humain, l’émotion que tu te gardes comme lecteur… c’est le reportage qui peut faire ça. Le reportage peut te faire comme lecteur, expérimenter quelque chose que tu ne peux pas expérimenter autrement. Et en expérimentant une chose, on n’oublie pas facilement, ça touche les gens et ça peut aussi faire bouger les gens, qu’ils agissent d’une manière différente après la lecture.
Donc le reportage a plus d’impact sur la société…
Je pense que l’actualité est aussi très très importante. Il y a un impact mais je veux dire le rythme, c’est fou. Beaucoup de gens, de lecteurs n’arrivent plus à maitriser la masse d’informations. Dans ce sens-là, oui, je dirai que le reportage a le pouvoir de toucher les gens, de les faire agir d’une manière différente. Le reportage a un grand potentiel de pour faire changer les choses.
Vous êtes déjà venu en Côte d’Ivoire. Qu’est-ce que vous y avez fait ?
J’ai visité la Côte d’Ivoire plusieurs fois. La dernière fois où j’étais là-bas comme reporter, j’ai couvert le sujet du cacao dans les plantations de cacao. Je pense que c’était dans l’année de la crise de 2011, je crois. A l’époque c’était un grand problème. La plupart du cacao du monde vient du Ghana et de la Côte d’Ivoire. Et à l’époque en Côte d’Ivoire particulièrement, il y avait beaucoup de trafics d’enfants du Bénin et d’autres pays autour de la Côte d’Ivoire. Ils se trouvaient dans des conditions de travail horribles, l’utilisation de pesticides sans aucune mesure de protection…
A l’époque ce n’était pas vraiment connu et j’ai été dans les plantations pendant trois semaines pour couvrir et découvrir ce qui se passait là-bas. Et entre temps, ici en Allemagne, en Europe aussi, et je pense aussi sur place en Côte d’Ivoire, la situation a changé. Aussi je pense que cette marque ‘’Fair Trade’’ dans le cacao n’a pas mal bougé. Ici aussi, dans les magasins, les gens regardent plus quel genre de chocolat je suis en train d’acheter. Alors, ‘’Fair Trade’’ a commencé à bouger.
Aujourd’hui, quels conseils vous donnez aux jeunes journalistes ? Vous les inciter à faire davantage le reportage ?
Conseils ? Suivez vos centres d’intérêts personnels, suivez vos passions, ne vous laissez pas gêner par les autres qui vont vous donner des règles, soyez critiques… Délivrez les faits, les émotions, aussi soyez responsables à travers vos protagonistes et vos sources.
Anderson Diédri
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