International

Migrants clandestins en Europe : la Côte d’Ivoire conteste les chiffres de l’Italie et de l’OIM

Le Club des amis de l’intégration africaine (Caminaf), en partenariat avec la Fondation Friedrich Naumann, a organisé le samedi 19 août 2017 à Cocody un forum de réflexion sur le thème : « l’implication des jeunes dans la lutte contre le terrorisme et l’immigration clandestine en Afrique ».

Combien d’ivoiriens bravent les vagues tumultueuses de la méditerranée pour atteindre vaille que vaille l’Europe ? A l’occasion de ce forum de réflexion, le directeur général des ivoiriens de l’extérieur Issiaka Konaté, qui a animé un panel sur le premier sous-thème « Immigration clandestine, un fléau ravageur en capital humain », a tenté d’apporter des réponses à cette interrogation.

Si l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), se fondant sur les statistiques fournies par les autorités italiennes, indiquait que 12 396 migrants ivoiriens sont arrivés en Italie entre le 1er janvier et le 31 décembre 2016, le gouvernement avait déclaré le 13 avril dernier que seulement environ 2000 personnes ont formellement été identifiées comme étant réellement des ivoiriens.

« L’Etat a envoyé une mission de prospection en Italie qui y était pour faire un compte rendu au gouvernement. La mission de prospection a trouvé beaucoup d’écart entre les chiffres qui étaient avancés et ce qu’elle a constaté sur place sur le terrain. L’objectif de l’Etat c’est d’envoyer une mission à long terme. Mais c’est un dossier qui sera piloté par le ministère de l’intérieur et de la sécurité pour voir dans quelle mesure est-ce qu’on peut identifier les migrants ivoiriens dans ces pays », annonce Issiaka Konaté.

Mais d’ores et déjà, pense le directeur général des ivoiriens de l’extérieur, « ce sont des statistiques que, sans rejeter, nous disons qu’il faut prendre avec beaucoup de prudence. Aujourd’hui, ils disent que la Côte d’Ivoire est à la 3ème position des pays pourvoyeurs de migrants et il y a des fois ça évolue vers la 4èmeposition ». Mais cette méfiance à l’égard des chiffres publiés par les organismes internationaux ?

« Il y a un échantillonnage d’au moins 24% de la population qui est d’origine étrangère. Donc si vous prenez cette population qui doit s’expatrier, je ne sais pas dans quelle proportion mais il est évident qu’un échantillonnage de cette même population va se retrouver, c’est-à-dire qu’il va avoir des étrangers partis de la Côte d’Ivoire vers l’Europe, ainsi de suite. Le deuxième point, c’est que les pays occidentaux posent une seule question aux gens : where are you coming from ? D’où est-ce que vous venez ? La réponse à cette question, ce n’est pas une question qui a trait à la nationalité de la personne ; c’est l’origine de la personne », explique-t-il.

« Donc si la personne part de la Côte d’Ivoire et qu’on lui demande : where you coming from, elle va dire oui, je suis venue de la Côte d’Ivoire. Et au niveau des arrivées, eux, ils notent ça comme une personne d’origine ivoirienne. C’est quand même assez léger », poursuit-il.

Des rançons qui alimentent le terrorisme

Le conférencier précise également que les zones de départ de la Côte d’Ivoire pour l’Europe via la méditerranée sont Daloa, Bouaké, Adjamé, Abobo, Anyama, San-Pedro, Man, Odienné. Ensuite, un profilage réalisé auprès des migrants rapatriés de Libye montre que « plus de 50% des personnes qui partent, pour celles qui sont revenus en tout cas, n’ont pas mentionné comme problème de travail qui était la première raison ».

Le second conférencier, le directeur général de L’Intelligent d’Abidjan Alafé Wakili, a animé le sous-thème : « L’impact du terrorisme sur le développement du continent africain ». Le journaliste et patron de presse a indiqué qu’à l’instar de tous les pays du monde, « l’impact du terrorisme sur le continent africain est totalement négatif et douloureux ». Puisque le terrorisme ralentit les activités et ses principales victimes soient des personnes innocentes.

Sur les liens entre la migration et le terrorisme, Issiaka Konaté a révélé que « beaucoup d’ivoiriens m’ont appelé pour m’expliquer que certains de leurs amis ou proches étaient détenus par des personnes en Libye qui leur demandent des rançons. Moi je dis que quand vous payer des rançons, vous alimentez le terrorisme parce que vous ne savez pas l’utilisation que les gens font des ressources que vous envoyez ».

Quelles solutions face à la montée de l’immigration ?

Entre autres solutions pour lutter contre l’immigration clandestine, le directeur général des ivoiriens de l’extérieur préconise la création d’un comité interministériel pour traiter ce sujet et la mise par la CEDEAO d’un fonds d’urgence à destination de la jeunesse, à l’instar du fonds fiduciaire de l’Union Européenne.

Pour sa part, le président du Club des amis de l’intégration africaine (Caminaf), Anzoumana Sanoko, a expliqué que l’objectif de ce forum de réflexion est de rechercher les causes de ces fléaux afin de faire des propositions. « Le terrorisme concerne les jeunes. L’immigration clandestine concerne les jeunes. Les jeunes sont donc mieux placés pour réfléchir et proposer des solutions pour lutter contre ces fléaux », a-t-il indiqué.

Des travaux en commissions ont suivis les exposés et échanges avec les panélistes. Anzoumana Sanoko s’est engagé à porter les conclusions de ces travaux à la connaissance des pouvoirs publics et promis les décliner en matrice d’actions pour son organisation afin d’apporter sa contribution dans la lutte contre le terrorisme et l’immigration clandestine.

Anderson Diédri

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