Mutinerie de Bouaké : un complot à 3 théories

Les Ivoiriens étaient bien loin de s’imaginer que l’année 2017 commencerait avec des bruits de bottes et de mitraillettes. Encore une fois les éléments mécontents des Forces Républicaines de Côte d’Ivoire sont montés au créneau pour réclamer les sous à eux promis par le président Alassane Ouattara. Un mouvement d’humeur qui alimente toutes sortes de théories.

Théorie 1 : A César ce qui appartient à César !

N’allons pas chercher le diable là où le loge pas ! Si les jeunes gens sont en colère c’est tout simplement parce qu’ils réclament l’argent qui leur a été promis depuis la fin de la crise post-électorale. Selon leurs grades, les hommes ayant combattu pour Alassane Ouattara devaient percevoir entre 5 et 9 millions de prime plus (dit-on) une maison. Ces primes représentent les efforts au combat pour la marche victorieuse des FRCI mi-mars 2011. En pleine crise post-électorale, la rumeur d’une intervention des troupes de l’ECOMOG circule sur toutes les lèvres. La panique s’empare des ivoiriens au regard des faits d’arme des soldats ouest-africains qui se sont signalés au Libéria et en Sierra-Leone par des massacres et exécutions pour lesquels il n’y a jamais eu d’enquête. Les soldats « Ivoiriens » se portent donc volontaire pour finir le job. Et s’est connu : on ne porte pas la kalachnikov à perte pour la CEDEAO. Ceux qui ont promis de l’argent aux ex-combattants doivent donc payer surtout qu’aucun Chef d’Etat après Alassane Ouattara n’ira régler une dette de guerre à laquelle il est totalement étranger.

Théorie 2 : Guillaume Soro le manipulateur  

Qui d’Alassane Ouattara ou de Guillaume Soro tient l’armée ? Question à 500.000 euros pour une réponse partisane à la clé. Car l’ancien homme fort de Bouaké – bien que silencieux – n’est pas un tendre. Ses fidèles lieutenants sont aujourd’hui les plus hauts gradés de l’armée ivoirienne et un récent rapport d’experts a indiqué qu’il serait détenteur de 40% de l’armement Ivoirien. Pire, certains jeunes soldats (FRCI) dans les rues d’Abidjan qui estiment avoir placé « Ouattara là où il est » ne jurent que par leur leader. Un style « Soro ou rien » encore adopté 6 ans après l’arrivée d’Alassane Ouattara au pouvoir laisse planer des inquiétudes. Alors lorsque les premiers coups de feu se font entendre, les regards se tournent vers Bogota ! Guillaume Soro manipule les mutins mais pour quels résultats ? Il veut sans doute éviter d’être évincé de son poste très convoité de président de l’Assemblée Nationale. Guillaume Soro, l’homme de mission, après tant d’effort et de sacrifice ne semble pas vouloir sortir par la petite porte. Surtout que certaines indiscrétions indiquent que Ouattara ne veut plus du garçon ! Son schéma à lui prévoit l’arrivée de l’honorable Daniel Kablan Duncan au poste de président de l’Assemblée Nationale.

Théorie 3 : l’ONUCI ne veut pas bouger

Si la Côte d’Ivoire retrouve son calme, l’Opération des Nations Unies en Côte d’Ivoire (ONUCI) n’a plus sa raison d’être. Cela représente donc la fin de gros salaires pour des bureaucrates et des soldats qui se sont offerts de grosses villas à Abidjan et qui ne comptent plus retourner chez eux. Bien qu’elle ait indiqué vouloir mettre fin à sa présence en Côte d’Ivoire, l’ONUCI pourrait voir son mandat prorogé si les ivoiriens commencent de nouveau à se tirer dessus ! Dieu merci, ils ne sont pas encore arrivés à cette extrémité. Ici on ne manipule pas mais on attend patiemment pour profiter de la situation. Un peu comme un vautour qui dans le ciel tournoie à l’endroit même où agonise le lion blessé. C’est sûr, un communiqué de l’ONUCI doit tomber dans les heures qui viennent et une mission de la représentante pays du Secrétaire général de l’ONU sera organisée. Voyage qui sera bien évidemment placé sous le signe très précieux de la recherche de la paix.

Bien entendu, tout ceci n’est que théorie…

SUY Kahofi

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