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Mutinerie : les tirs ont repris ce matin à Bouaké

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La situation est très confuse ce matin à Bouaké. Alors que les Ivoiriens croyaient que les discussions avec le gouvernement avaient fait baisser la tension, on assiste à une escalade dans la ville avec des tirs ont repris de plus belle.

Les habitants de la capitale du centre de la Côte d’Ivoire ont été encore réveillés ce samedi 13 mai 2017 par les tirs des militaires mécontents. Tôt ce matin, des tirs ont été entendus dans la ville de Bouaké, « au centre-ville en partant au 3ème bataillon », explique un habitant sur place. Un fonctionnaire à la préfecture de Bouaké donne quelques détails de la situation confuse qui prévaut dans l’ancien fief de la rébellion ivoirienne alors dirigée par Guillaume Soro.

« Tirs sporadiques par endroit, véhicules administratifs et particuliers arrachés par les mutins, circulation des personnes réduites, commerces et banques fermés, situation toujours confuse », témoigne-t-il.

Si une habitante assurait vers 8 heures que « pour l’instant, les tirs ont cessé », notre source à la préfecture de la ville nuance l’évolution de la situation en précisant vers 9 heures que les tirs continuaient « par endroit ». D’ailleurs, il relate une scène incroyable qui se produit sous ses yeux :

« Situation trouble à Bouaké.  Les soldats sous mes yeux font rebrousser chemin toutes les voitures et même les motos qui depuis le quartier Commerce prennent la route de l’Université. Nombreuses voitures personnelles et administratives en leur possession. Ils semblent se préparer à subir une attaque imminente ».

Même les véhicules des autorités ne sont pas épargnés, comme cela a été le cas lors des soulèvements de janvier dernier.

« Des véhicules administratifs et particuliers sont arrachés à leurs conducteurs. Le véhicule de commandement du sous-préfet de Marandala qui traversait la ville vient de lui être arraché. Egalement à Béoumi, le directeur du foncier rural d’Abidjan et le directeur départemental intérimaire de l’agriculture de Béoumi ont vu leurs véhicules arrachés », raconte ce cadre de l’administration préfectorale sur place et qui vit les événements en direct sur le terrain.

C’est la preuve que la situation est toujours confuse à Bouaké et même dans d’autres localités du pays où la tension reste vive. Ce témoignage est édifiant et traduit l’état d’esprit des militaires qui ne sont visiblement pas prêts à lâcher du lest. Alors que les militaires avaient été reçus par le chef de l’Etat Alassane Ouattara jeudi 11 mai dernier et leur porte-parole avait assuré que les mutins renonçaient « définitivement à toute revendication d’ordre financier », la situation sur le terrain est toute autre.

Ce discours passe mal auprès des soldats qui réclament justement le reliquat des 12 millions qui leur avaient été promis. Le message des mutins est on ne peut plus clair : « notre argent ou rien ». Et il est évident que les discours et appel au calme n’arrangeront rien tant qu’ils n’auront pas perçu leur argent, ils continueront de prendre les populations en otage.

Justement, excédées par ces mouvements d’humeur et bruits de bottes qui paralysent leurs activités et menacent leur quiétude, les organisations et mouvements associatifs ont décidé d’organiser une marche cet après-midi à Bouaké pour « interpeller » les soldats mutins, comme l’explique le président d’une association de jeunesse sur place. Seront-ils entendus après avoir froissé même les assurances et engagements du chef de l’Etat ?

Anderson Diédri

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