Une nouvelle vague de migrants ivoiriens de retour à Abidjan
C’est désormais une scène à laquelle les ivoiriens sont de plus en plus habitués. Les volontaires au départ vers l’Europe totalement désillusionnés lors de leur escale en Lybie regagnent par charter entier la Côte d’Ivoire. Ce lundi 04 décembre à 22 h 40, 169 migrants sont arrivés à Abidjan en provenance de Tripoli.
L’étau de la maltraitance et des violations des droits de l’homme se resserre sur de nombreux migrants dans une Libye sans véritable stabilité politique et contrôlée bien plus par des groupes armées qu’un gouvernement officiel. Les migrants qui privilégient aujourd’hui la route clandestine pour l’Italie via ce pays d’Afrique du nord renoncent en masse à leur objectif premier : rallier l’Europe pour fuir disent-ils la misère dans leur pays d’origine. Cependant, entre la misère, l’esclavage et la mort, certains migrants ont vite fait leur choix. Revenir sur la terre qui les a vu naître pour éviter ce qui serait juste d’appeler l’enfer Libyen.
Et parmi ces migrants clandestins volontaires au retour figure un nombre très important d’Ivoiriens. Le pays de l’émergence et de la croissance économique dite exceptionnelle est l’un des premiers fournisseurs de migrants clandestins en Afrique sub-saharienne. En effet, du 1er Janvier au 31 Octobre 2017, les chiffres consolidés par l’Organisation Internationale des Migrations (OIM) sur la base des données officielles fournies par le ministère italien de l’Intérieur indiquent que 111.397 migrants seraient arrivés en Italie par la mer. Le Nigeria est le pays ayant le plus de ressortissants arrivés clandestinement en Italie sur cette période (environ 16% du total), suivi par la Guinée, la Côte d’Ivoire et le Bangladesh (8% chacun), le Mali (6%), le Soudan, le Sénégal, l’Erythrée, la Gambie et le Maroc (5% chacun).
Pour la Côte d’Ivoire c’est un total de 8.938 migrants dont 6.019 hommes et 1.286 femmes. Bien que les autorités ivoiriennes contestent ces chiffres en soulignant que dépourvus de tout document administratif tous les migrants peuvent se prévaloir d’une quelconque nationalité ; elles sont tout de même conscientes que certains ivoiriens ‘de souche’ ou des personnes ‘vraiment ivoiriennes’ sont effectivement en Libye ou en Italie.
Le retour pour ceux qui le veulent
Depuis près d’un an, la Côte d’Ivoire a décidé de se pencher sur la problématique de l’immigration clandestine comme la grande majorité des pays d’Afrique de l’ouest. Entre 2010 et 2015, seul le Sénégal et le Mali avaient déjà réfléchis à des politiques nationales visant à favoriser une migration régulière vers l’Europe notamment l’Espagne et la France. Aujourd’hui, la Côte d’Ivoire fait office de pays référence en matière de lutte contre l’immigration clandestine. Aux campagnes de sensibilisation éclatées à travers le pays s’ajoute désormais des vols quasi réguliers pour ramener au bercail ceux dont le rêve d’Europe s’est brisé en Lybie. Ce lundi 04 décembre c’est un total de 169 migrants clandestins ivoiriens sont arrivés dans la nuit par vol spécial.
Comme à chacune des arrivées de migrants clandestins, c’est le ministère de l’Intégration africaine et des Ivoiriens de l’extérieur qui se charge d’accueillir les volontaires au retour. Ally Coulibaly, le ministre de l’Intégration africaine et des Ivoiriens de l’extérieur s’est lui-même déplacé pour transmettre ‘le mot de solidarité du gouvernement ivoirien’ à ses compatriotes rentrés. « Je suis là au nom du président de la République, du Premier ministre et de l’ensemble du Gouvernement pour accueillir nos compatriotes rapatriés de la Libye. Ils sont au nombre de 169 aujourd’hui », a-t-il indiqué.
Après une phase d’identification, chaque migrant arrivé à Abidjan aura droit à un hébergement temporaire de trois à quatre jours. Il recevra un kit alimentaire et à un appui financier symbolique qui tourne autour de 100 euros. Au-delà de cet accompagnement du gouvernement ivoirien, une possibilité s’offre aux migrants de retour de bénéficier du fonds fiduciaire d’urgence de l’Union européenne (UE) afin de financer des projets collectifs ou individuels. Ce fonds en faveur de la « stabilité et de la lutte contre les causes profondes de la migration irrégulière et du phénomène des personnes déplacées en Afrique » offre une opportunité unique de réinsertion aux ex-migrants clandestins.
Le ministre Ally Coulibaly a aussi indiqué que ce vol en provenance de Tripoli ne sera pas le dernier de l’année 2017. « Au total, en deux semaines, nous aurions rapatriés 464 migrants. Et nous pensons que d’ici fin décembre, ils seront 1.300 à être rapatriés en Côte d’Ivoire. La Côte d’Ivoire est mobilisée. La politique du Président Ouattara consiste à voler assistance de tous les ivoiriens en situation de détresse ».
SUY Kahofi