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Ouattara accorde une amnistie à 800 personnes dont Simone Gbagbo

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Plusieurs caciques du camp Gbagbo, dont Simone Gbagbo ou encore Souleymane Kamagaté dit Soul To Soul, un proche de Guillaume Soro, seront libérés « prochainement » grâce à une amnistie, a annoncé Alassane Ouattara lors du traditionnel discours à la nation à l’occasion de la célébration du 58ème anniversaire de l’indépendance de la Côte d’Ivoire.

Le geste est inédit depuis son accession au pouvoir en 2011. Comme il l’a laissé transparaitre le 1er mai dernier, le chef de l’Etat est effectivement passé à l’action. Alassane Ouattara a annoncé dans son traditionnel discours à la nation une amnistie en faveur de plusieurs dignitaires du camp Gbagbo dont l’ex-Première Dame de Côte d’Ivoire condamnée à 20 ans de prison pour atteinte à la sureté.

Selon le président ivoirien, 800 personnes bénéficient de cette amnistie qui efface toutes les condamnations déjà prononcées ou les poursuites en cours pour des infractions en lien avec la crise postélectorale de 2010 ou des infractions contre la sureté de l’Etat commis depuis son installation au pouvoir. Parmi eux, environ 500 sont déjà en liberté provisoire ou en exil.

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« Il en sera de même pour les 300 autres personnes détenues qui seront libérées prochainement. Au nombre de celles-ci, figurent notamment madame Simone Ehivet Gbagbo, messieurs Lida Kouassi, Assoa Adou, Souleymane Kamagaté dit Soul to Soul », a déclaré Alassane Ouattara dans son allocution d’environ 18 minutes sur les antennes de la télévision nationale à 20 heures ce lundi 6 août, veille de la célébration de la fête d’indépendance.

Le locataire du palais présidentiel du Plateau assure qu’il pose ce geste « en raison de mon attachement à la paix et à une réconciliation vraie ». Il précise toutefois que cette ordonnance portant amnistie ne concernent pas une soixantaine de militaires et de membres de groupes armés « ayant commis des crimes de sang ». Autre évolution importante, le chef de l’Etat a décidé d’accéder à la réforme de la Commission électorale indépendante (CEI) réclamée par l’opposition et la société

civile.

« Comme le recommande notamment la Cour africaine des droits et des peuples, j’ai instruis le gouvernement à l’effet de réexaminer la composition de la commission électorale indépendante. Et je souhaite en effet que les prochaines élections soient inclusives et sans violence », espère Alassane Ouattara.

Dans son allocution, le président ivoirien est revenu sur les élections présidentielles de 2020 qui font débat et cristallisent les tensions au sein même du Rassemblement des Houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP, coalition au pouvoir). « Tous ceux qui souhaitent être candidats à l’élection présidentielle de 2020 pourront l’être conformément aux dispositions de la constitution de la 3ème république », réaffirme-t-il, tout en appelant à un débat politique « apaisé » à un moment où ses relations avec le Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI) sont tendues.

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Alassane Ouattara a-t-il définitivement pris la décision de tourner la page après avoir laissé planer sa volonté de briguer un 3ème mandat en 2020 ? « Au moment où la Côte d’Ivoire célèbre ses 58 ans d’indépendance, je veux réaffirmer ma foi en la jeunesse et ma conviction dans le renouvellement des générations. Comme je l’ai déjà souligné, nous devons travailler pour transférer le pouvoir à une nouvelle génération de manière démocratique en 2020 », fait-il valoir avant d’insister : « Notre pays est riche d’hommes et de femmes, jeunes, compétents, qui ont reçu une formation de qualité et qui ont appris à nos côtés comme nous avons appris aux côtés de nos ainés. N’ayons pas peur de passer le témoin. Faisons confiance à nos jeunes ».

En tout cas, le chef de l’Etat a indiqué que cette fête d’indépendance est placée sous le signe « d’un nouveau départ, d’une nouvelle chance ». La libération des proches de Laurent Gbagbo sonne comme une volonté affichée pour Ouattara d’aller à la réconciliation et mais cette mesure marque un tournant politique décisif sur la voie qui mène à l’élection présidentielle de 2020.

Anderson Diédri

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