Cinq pays anglophones et la Guinée ont affiché leur opposition au projet de réforme du franc CFA qui doit devenir l’ECO en 2020 annoncé par Alassane Ouattara à Abidjan. Avec à leur tête le Nigeria, ils ont affiché jeudi à Abuja leur désaccord sur une réforme qui semble dictée et soutenue par Paris.
Les six pays de la Zone monétaire ouest-africaine (WAMZ) ont « noté avec préoccupation la déclaration visant à renommer unilatéralement le franc CFA en ECO d’ici à 2020 », selon un communiqué publié à l’issue de cette rencontre entre les ministres des Finances et les gouverneurs des banques centrales. La WAMZ est composée du Nigeria, du Ghana, du Liberia, de la Sierra Leone, de la Gambie ainsi que d’un pays francophone, la Guinée (Conakry), qui ne fait pas partie de la zone CFA.
Ces pays estiment que « cette action n’est pas conforme aux décisions » de la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) en vue de « l’adoption de l’ECO comme nom de la monnaie unique » de toute la région, dont l’idée est débattue depuis bientôt 30 ans et a été relancée il y a deux ans. Un sommet réunissant les chefs d’Etat de la WAMZ est prévu bientôt pour décider de la conduite à tenir, précise le communiqué final.
L’annonce surprise du passage du franc CFA à l’ECO avait été faite par le président ivoirien Alassane Ouattara lors d’une visite à Noël de son homologue français Emmanuel Macron, l’un de ses principaux alliés politiques dans la région, au lendemain d’un sommet de la CEDEAO qui avait encouragé les efforts visant à mettre en place une monnaie unique ouest-africaine d’ici à juillet. Les pays anglophones ont pu voir, derrière ce changement de nom, une simple réforme du franc CFA, bien loin des ambitions initiales de monnaie unique qui rassemblerait toute l’Afrique de l’Ouest.
Huit pays francophones d’Afrique de l’Ouest (Bénin, Burkina Faso, Côte d’Ivoire, Guinée-Bissau, Mali, Niger, Sénégal et Togo), qui utilisent le franc CFA, avaient annoncé fin décembre leur décision de remplacer leur monnaie commune par l’ECO. Une manière de rompre symboliquement les liens très controversés avec la France, ancienne puissance coloniale, qui accueille notamment la moitié de leurs réserves de changes en échange de la convertibilité du CFA avec l’Euro.
Anderson Diédri
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