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Ouattara se dote d’un budget de souveraineté de 342 milliards

Comme vient de la révéler la Lettre du Continent, le budget de souveraineté d’Alassane Ouattara s’élève à 342,6 milliards francs Cfa, soit une hausse de 428% par rapport à celui de Gbagbo et de… 1370% par rapport à celui de Bédié.  

En raison du mythe qui entoure le budget de souveraineté du chef de l’Etat, l’opinion est réduite à de vagues conjectures sur le sujet. Mais dans sa dernière livraison, La Lattre du Continent (LC) lève un coin de voile sur ce sujet clair-obscur. Dans son édition du 30 août 2017, le bi-hebdomadaire basé à Paris révèle que le budget de souveraineté d’Alassane Ouattara, que les Ivoiriens appellent trivialement ‘l’argent de poche du président’ s’élève à 342,6 milliards francs Cfa (soit 521 millions d’euros), « en hausse de 20 milliards par rapport à 2015 ».

Sortons les calculettes : cette somme représente 28, 55 milliards francs par mois, soit environ un milliard par jour de dépense que peut se permettre le locataire du palais présidentiel. Une précision : ce fonds souverain diffère « du budget de fonctionnement de la présidence, qui vient de passer de 86 à 100 milliards f Cfa dans le cadre de la loi budgétaire rectificative », précise La Lettre du Continent.

Comparaison n’est pas raison mais elle permet de raisonner. Sous la présidence Laurent Gbagbo, le budget de souveraineté s’élevait à 80 milliards f Cfa (121 millions d’euros) et à 25 milliards (38 millions d’euros) sous Henri Konan Bédié. Ces fonds souverains de 342,6 milliards francs Cfa dont dispose Alassane Ouattara aujourd’hui représentent une hausse de plus de 428% par rapport à celui de Gbagbo (qui a dirigé la Côte d’Ivoire entre octobre 2000 et avril 2011) plus de 1370% par rapport à celui de Bédié (1993 à 1999).

Le budget de souveraineté ne fait l’objet d’aucun regard par aucune institution et est géré dans la discrétion absolue. « Le chef de l’Etat ivoirien peut d’autant mieux puiser à sa guise dans cette enveloppe budgétaire que cette dernière est directement gérée par son frère, le ministre des affaires présidentielles Birahima Téné Ouattara », rappelle la Lettre du Continent.

Disposer subrepticement de fonds publics, sans rendre compte aux contribuables, est-il un acte de bonne gouvernance, surtout quand on a été directeur général adjoint du Fonds monétaire international ? Cet anachronisme peut-il aujourd’hui persister quand on sait qu’avec la chute des cours du cacao et la baisse du prix du baril de pétrole l’Etat a perdu 300 milliards francs Cfa de revenus, qui ont entrainé de surcroit une réduction cette année des allocations budgétaires de plusieurs administrations, là où Ouattara se paye sur le dos de la bête en faisant exploser son budget de souveraineté ?

Dans un contexte de grande appétence des Ivoiriens à voir leurs dirigeants contribuer aux efforts subliminaux (impositions tous azimuts, hausse des cotisations sociales, augmentation des tarifs d’électricité, etc.) qui leur sont demandés, ce questionnement est plus que jamais pertinent.

Anderson Diédri

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