Les pesticides causent 200.000 morts chaque année (ONU)
Selon un rapport des Nations Unies, l’exposition aux pesticides est à l’origine de 200.000 décès chaque année. Le rapport préconise donc l’agro-écologie comme solution de substitution aux pesticides dans l’agriculture.
L’utilisation des pesticides représente un réel danger pour la santé. C’est ce que révèle un rapport que vient de publier les Nations Unies sur l’utilisation des pesticides dans le secteur stratégique de l’agriculture au niveau mondial et de ses incidences sur les droits de l’homme. En effet, si les pays en développement ne comptent que pour 25 % de l’utilisation des pesticides (insecticides, fongicides, herbicides, parasiticides), ils sont les plus affectés par leurs effets. Dans son rapport de 27 pages, Hilal Elver, la Rapporteuse spéciale sur le droit à l’alimentation, écrit que :
« les pesticides sont, d’après les estimations, à l’origine de 200.000 décès par intoxication aiguë chaque année au total, dont 99 % surviennent dans les pays en développement, où les réglementations dans le domaine de la santé, de la sécurité et de l’environnement sont plus souples et appliquées moins rigoureusement ».
Le nombre de personnes qui souffrent chaque année d’une exposition de courte ou de longue durée à des pesticides se situent entre 1 million et 41 millions. L’exposition chronique aux pesticides dangereux conduit à des maux comme la maladie d’Alzheimer, la maladie de Parkinson, les troubles endocriniens, les troubles du développement et la stérilité. Il y a aussi des répercussions sur le plan neurologique, comme des pertes de mémoire, une acuité visuelle et des habiletés motrices réduites. L’asthme, les allergies et l’hypersensibilité en sont d’autres effets possibles.
Les personnes les plus exposées aux pesticides toxiques sont les ouvriers agricoles. Mais aussi les enfants puisque l’Organisation internationale du Travail (OIT) estime qu’environ 60 % des enfants qui travaillent dans le monde sont des ouvriers agricoles. Une exposition aux pesticides dans l’enfance peut provoquer une déficience du développement intellectuel, des troubles du comportement ou perturber leur croissance physique et mentale.
Le rapport mentionne également que les femmes enceintes exposées aux pesticides courent un risque plus élevé de faire une fausse couche, d’accoucher prématurément et d’avoir un enfant présentant des anomalies congénitales, quand leurs enfants risquent des leucémies, des cancers, l’autisme et des maladies respiratoires. Les communautés qui vivent à proximité des entreprises agro-industrielles, qui pratiquent une agriculture intensive tributaire des pesticides, ne sont pas épargnées.
Si les pesticides sont présents dans l’environnement et contaminent les sols et des ressources en eau dans l’espace environnant et réduisent la biodiversité, le rapport souligne qu’« on peut trouver des traces de pesticides sur les fruits et légumes qui sont traités abondamment avec des pesticides ». Ce qui expose les consommateurs à de nombreux risques.
L’agro-écologie comme solution de substitution
Les trois géants de l’agrochimie que sont Monsanto & Bayer, Dow & Dupont et Syngenta & ChemChina, contrôlent plus de 65 % des ventes mondiales de pesticides et près de 61 % des ventes de semences commerciales. Les entreprises de l’industrie chimique ont intérêt à ce que les pesticides continuent de dominer la production agricole et alimentaire.
Pourtant, il existe une solution de substitution à l’utilisation intensive des pesticides : l’agro-écologie. Cette pratique permet de produire sans dégrader l’environnement et menacer la santé humaine.
« L’essor des pratiques agricoles biologiques dans de nombreux endroits montre qu’une agriculture utilisant moins ou n’utilisant pas de pesticides est possible. Des études ont montré que l’agro-écologie permettrait d’obtenir des rendements suffisants pour nourrir l’ensemble de la population mondiale et lui assurer une alimentation adéquate », fait observer la Rapporteuse spéciale des Nations Unies sur le droit à l’alimentation.
Le rapport recommande donc la promotion de l’agro-écologie. Mais aussi la sensibilisation sur les effets nocifs des pesticides dangereux, la réglementation des entreprises de manière à ce qu’elles respectent les droits de l’homme et évitent les dommages environnementaux pendant toute la durée du cycle de vie des pesticides, la surveillance sur les entreprises pour s’assurer que les normes en matière d’étiquetage, de précautions de sécurité sont respectées voire des sanctions.
Raïssa Banhoro