Pr Hilaire Yaokokoré Beïbro, coordinateur du projet de « Renforcement des capacités des acteurs non étatiques à améliorer les processus Apv Flegt et Redd+ en Afrique de l’ouest » dans son volet Côte d’Ivoire, explique dans cet entretien les enjeux de la politique forestière et de l’initiative cacao en cours, après un atelier organisé les 26 et 27 juillet 2018 pour renforcer les capacités de la société civile sur ces processus.
Pourquoi avez-vous décidé d’organiser cet atelier pour les organisations de la société civile sur la politique forestière et l’initiative cacao ?
Dans la problématique de gestion durable des forêts dans notre pays, il est clairement ressorti que l’agriculture est un facteur important de dégradation du couvert forestier eu égard au système agricole que nous pratiquons depuis les indépendances. Il était important qu’à un certain moment, le gouvernement et toutes les parties prenantes de l’agriculture, particulièrement de la cacaoculture, devaient faire le point de l’interpellation internationale en matière de gestion durable des forêts a finalement permis, qu’en plu’ des actions de l’Etat, de dire que nous devons pratiquer une agriculture moins consommatrice de terre, moins consommatrice de lieux naturel, particulièrement du couvert forestier. Depuis une ou deux années, cette problématique tourne.
Le gouvernement, les ministères en charge des forêts, de l’agriculture et de l’environnement, font mains et pieds pour traduire cette volonté étatique d’agriculture zéro déforestation en accord avec le processus Redd+ de manifester cette volonté au niveau des actions locales au niveau national. Dans les discussions il est apparu clairement que les acteurs les plus importants que sont les communautés n’ont toujours pas été pris en compte et leurs mandants que sont la société civile.
C’est pour cela que depuis février, le Groupe national de travail pour la gestion durable des forêts met se projet en œuvre s’efforce avec ses partenaires du PNUD et la GIZ de faire une facilitation pour impliquer la société civile, ressortir les enjeux de la cacaoculture zéro déforestation pour la société civile les défis à surmonter. Cette deuxième activité dans le sens de l’implication de la société civile a pour but donc de réunir en plus des ONG au niveau d’Abidjan, des ONG locales dans nos différentes régions afin que ces ONG s’imprègnent une fois de plus de la problématique de la cacaoculture zéro déforestation et les défis qui nous attendent tous.
Et qu’ainsi informées et sensibilisées et formées, elles puissent jouer leur rôle de défenseurs des communautés, qu’elles puissent jouer leur rôle d’informateur des communautés mais également que ces communautés, ces ONG locales puissent faire remontrer les réalités du terrain. Voici donc le cadre général de l’engagement que nous prenons auprès de nos communautés locales et des ONG et associations qui travaillent au niveau local, qui cette fois-ci sont venues massivement des différentes régions : San-Pedro, Duékoué, Sassandra, Yamoussoukro, Tiébissou, Abengourou, Aboisso…
Pourquoi ces deux thématiques particulièrement ?
Les deux thématiques se rejoignent. Souvenez-vous, au moment de l’indépendance, le choix de la Côte d’Ivoire était clair : utiliser ses ressources naturelles pour aider et faciliter son développement. En son temps, c’était « le succès de ce pays repose sur l’agriculture », une agriculture caractérisée par de petites exploitations familiales. Cette agriculture était consommatrice de terres. Et dans le cas du cacao, il s’est avéré que – en tout cas c’est ce qui a été fait jusque-là – la cacaoculture se faisait mieux dans les zones forestières.
Donc il était devenu important que la dualité générée par une telle action soit analysée. On ne peut donc pas séparer en Côte d’Ivoire la question de la cacaoculture et la question de la déforestation. C’est pour cela qu’on ne peut traiter l’un sans l’autre. Voici ce qui nous emmène dans un premier temps à parler de gouvernance forestière qui est bien le sens du processus Apv Flegt, de parler d’agriculture zéro déforestation qui est une activité importante dans le cadre de la Redd+, deux processus dans lesquels nous sommes engagés au travers de ce projet financé par l’Union Européenne pour faciliter la participation des acteurs dits non étatiques dans la prise de décision au niveau gouvernemental entre donc notre pays et les différents bailleurs de fonds.
Après cette formation, il y aura des missions de consultation. Comment cela va se dérouler ?
L’idée ici c’est de dire que c’est bien de venir à Abidjan, de faire une formation, de débattre de façon théorique de tous les aspects de la problématique, donner donc l’information et la formation à nos partenaires. Nos partenaires ainsi formés seront donc des ambassadeurs de leur région. Ils vont retourner chacun et ils vont faire un compte rendu au niveau de leur communauté. Mais pour cela il faudrait qu’il soit appuyé. Et ce projet de renforcement des capacités a voulu dans le cadre de sa mission assister donc les différents participants. Nous avons décidé au vu des moyens limités de faire quatre représentations au niveau du pays.
Et ces quatre représentations vont donc travailler dans les différentes régions avec l’appui de trois plateformes de la société civile qui sont engagées dans la problématique de la gouvernance forestière que sont l’OI-REN, la FERREAD et le GNTCI. Sur cette base, dans les mois à venir, je crois à partir de septembre, nous allons donner les moyens au niveau des représentants des quatre régions qui seront choisies de façon collégiale afin que munis de ces moyens, les points focaux au niveau de ces quatre région – dans un premier temps quatre et nous espérons que l’année prochaine nous allons continuer cette activité – vont faire des actions en faveur des communautés à la base. Et nous allons toucher les réalités du terrain et les recueillir pour que cela soit avec leurs propositions de plaidoyer, pris en compte dans les négociations actuelles dans lesquelles il faut avouer, les communautés à la base, la société civile à la base n’est pas très impliquée.
Mais dans le cas de cette initiative, nous nous focalisons sur l’initiative cacao qui ne doit pas être déconnectée de la question de la gestion forestière. L’objet principal de ces consultations serait donc faire en sorte que les communautés à la base donnent leur point de vue sur l’initiative cacao forêts. Mais bien sûr, il y aura un pont en matière de gouvernance.
Les prochaines étapes ?
La suite logique à donner à ce processus ce serait de faciliter au niveau de la société civile de l’intérieur du pays et au niveau national le développement d’une notre de plaidoyer qui est l’émanation des réalités de terrain, l’émanation de la volonté des communautés. On est tous dans un cadre de développement durable, un développement qui est fondé sur le socialement équitable, l’écologiquement acceptable et l’économiquement viable. Donc tous ces éléments devront être pris en compte pour une initiative cacao forêts et zéro déforestation réaliste.
Propos recueillis par Anderson Diédri
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