La diaspora ivoirienne est souvent présentée comme une force électorale décisive. Mais en réalité, seuls certains pays organisent effectivement le vote. De quels pays s’agit-il, et que représentent-ils dans l’électorat ?
Emmanuel Azian, Abidjan Fact Check
Selon les dernières estimations de l’OCDE (2022), près d’un 1,15 millions d’Ivoiriens vivent hors du territoire national, principalement en Europe, en Amérique du Nord et dans les pays d’Afrique de l’Ouest.
Cartographie des votants de la diaspora
L’organisation pratique du scrutin à l’extérieur incombe à la Commission Électorale Indépendante (CEI), en collaboration avec le ministère des Affaires étrangères, comme le stipule le décret No 2025-651 du 30 juillet 2025 fixant les modalités de vote des Ivoiriens de l’étranger pour l’élection présidentielle de 2025. Selon le décret, la CEI peut ouvrir des bureaux de vote dans tout pays disposant d’une représentation diplomatique de la Côte d’Ivoire ou ne l’ayant pas, avec l’assentiment du pays d’accueil.
Lors du scrutin présidentiel de 2020, la CEI a ouvert des bureaux de vote dans 19 pays. Ces pays regroupent la majorité des ressortissants ivoiriens inscrits à l’étranger. Dans cette veine, les Commissions électorales des représentations diplomatiques (CERD), sont choisies sur « la base de la forte représentativité de la population ivoirienne y résidant ».
Représentativité de la diaspora dans le nombre total de votants
Lors de la présidentielle d’octobre 2020, la Commission électorale indépendante estimait à environ 7 495 082 le nombre total d’inscrits sur la liste électorale. Le nombre de votants établi dans la diaspora était évalué à 97 669 personnes (soit 1,3 % du total des inscrits), dont 56 940 hommes (58,3 %) et 40 729 femmes (41,7 %).
Cette proportion d’électeurs contraste avec le poids démographique de la diaspora, évaluée à près de 1,2 million de personnes (selon l’OCDE) réparties principalement entre la France, les États-Unis, le Mali, le Burkina Faso, le Ghana et le Maroc. En comparaison, l’électorat national concentrait la quasi-totalité des électeurs (7 397 413 participants).
Pour la présidentielle d’octobre 2025, ces chiffres ont connu une légère hausse. Selon la Commission électorale indépendante, il y a 11 906 lieux de vote, soit 11 835 en Côte d’Ivoire et 71 à l’étranger.
En ce qui concerne les bureaux de vote, la CEI a pu en déployer 25 678 soit 25 370 en Côte d’Ivoire et 308 à l’étranger dans 18 Commissions électorales de la représentation diplomatique (CERD). Le nombre total d’électeurs s’élève à 8 727 431 dont 120 178 (soit 1,37 %) au niveau de la diaspora.
La cartographie des bureaux ouverts à l’extérieur dans le cadre de cette élection présidentielle se compose comme suit :
En Afrique

Amérique

Europe

D’éventuels obstacles à la participation de la diaspora
Une vidéo publiée sur YouTube le 18 octobre 2025 par l’agence de presse Alerte Info sur les élections présidentielles, fait remarquer que la diaspora vivant en France précisément à Lyon n’est pas galvanisée pour le vote. Le reportage explique que ce manque d’engouement est notamment causé par « la complexité de l’inscription sur les listes électorales consulaires, la nécessité de disposer d’une carte nationale d’identité ou d’un passeport en cours de validité, ainsi que les difficultés logistiques pour se rendre aux rares bureaux de vote ouverts, souvent situés dans les capitales seulement ».
Toujours selon le reportage d’Alerte Info, pour de nombreux expatriés, le vote est perçu comme une démarche complexe et coûteuse. Par conséquent, certains renoncent par découragement, d’autres ignorent simplement les modalités d’inscription.
Interrogée par la Coalition Anti Dohi, Marguerite Yoli Bi, Commissaire centrale à la CEI, a expliqué que « le décalage horaire, le déploiement et repliement du matériel par la logistique pour la sécurisation des urnes, la formation du personnel, la sécurisation des urnes et la remontée des résultats constituent autant d’étapes sensibles et des défis majeurs ». Toutefois, a-t-elle poursuivi, « la CEI adopte les mêmes critères de sécurité à l’extérieur qu’en Côte d’Ivoire en collaboration avec les autorités du pays hôte ».
Cet article a été réalisé par le média ivoirien Abidjan Fact Check, membre de la Coalition Anti Dohi – une initiative qui œuvre pour l’intégrité de l’information dans le cadre de la présidentielle ivoirienne d’octobre 2025. La Coalition Anti Dohi est soutenue par le projet Renforcer la fiabilité de l’information en Afrique de l’Ouest de la GIZ, dans le strict respect de l’indépendance journalistique et éditoriale qui régit la Coalition.
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