L’appel au boycott de l’opposition a été visiblement suivi par certains ivoiriens. Ces partisans de la désobéissance citoyenne ont par endroit empêché la tenue du scrutin.
Le référendum constitutionnel a été émaillé ce dimanche 30 octobre par des violences aussi bien à Abidjan que dans plusieurs localités du pays, notamment Dabou, Daloa, et Gagnoa. A Yopougon (la plus grande commune d’Abidjan), le matériel électoral a été saccagé dans certains bureaux de vote, tout comme à Akouédo village dans la commune de Cocody (nord-ouest d’Abidjan). A Gagnoa, un journaliste contacté sur place, parle d’un « désert électoral ».
« On a sillonné plusieurs bureaux de vote et on a constaté qu’ils étaient fermés » souligne-t-il.
Dans cette ville, les forces de l’ordre ont dispersés à coup de gaz lacrymogènes les partisans du « NON » qui réclament le retrait du projet de constitution. Ces derniers avaient dressé des barricades et empêché l’ouverture des bureaux de vote dès ce matin (30 octobre ndlr).
Le chef de l’Etat, qui a voté au collège Sainte Marie de Cocody, a appelé au calme, déplorant « quelques cas isolés ».
« Dans quelques endroits isolés, il y a eu de la violence. J’ai eu le compte rendu tout à l’heure. Je lance un appel pour des élections apaisées. La police fait son travail avec dextérité pour éviter la violence. On peut voter « OUI » ou « NON » et on n’a pas besoin d’aller casser, de mettre des barricades » exhorte-t-il.
La Plateforme des organisations de la société civile pour l’observation des élections en Côte d’Ivoire (POECI), qui a déployé 136 observateurs répartis dans 107 départements, 13 communes d’Abidjan et le District de Yamoussoukro, confirme les cas de violences et interpelle les autorités.
« Sur la base des informations recueillies par les observateurs et observatrices de la POECI, certains événements susceptibles de créer un climat électoral non apaisé ont été constatés. Il s’agit entre autres d’incidents, de violence et d’intimidation contre les électeurs et électrices dans certaines localités, des cas de destructions de bureaux de vote et de matériel électoral, des cas de violence et d’intimidation contre des partisans de partis politiques de tous bords et des cas de manque de matériel mettant à mal le secret du vote », écrit l’organisation dans une déclaration tout en invitant le gouvernement à sécuriser le scrutin. La POECI exhorte la Commission électorale indépendante (CEI) à pourvoir en matériels les lieux et bureaux de vote qui ont été saccagés. 30.000 agents des forces de l’ordre ont été déployés sur l’ensemble du territoire pour sécuriser les 10.000 bureaux de vote où se déroule le vote, soit trois agents en moyenne par bureau de vote.
« On a signalé des cas de violence à certains endroits. Nous sommes en train de faire le point. La police et les forces de sécurité se redéployent en fonction et j’ai bon espoir que dans ces endroits, nous puissions rapidement réorganiser le vote » a assuré le ministre d’Etat, ministre de l’intérieur et de la sécurité, Hamed Bakayoko, avant de mettre en garde contre toute action de violence : « il y a des gens qui sont de mauvaise volonté qui manipulent les populations pour boycotter le scrutin de façon violente. Mais ils assumeront les responsabilités devant la loi ».
L’enjeu de ce scrutin référendaire reste le taux de participation. Au siège de la Commission électorale indépendante, le service de communication indique « qu’aucun résultat ne sera communiqué ce dimanche ». Une information qui vient épaissir le mystère sur la véritable portée de ce référendum.
Anderson Diédri
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