Les règles d’exploitation du bois en forêt dense révisées
Les règles de sylviculture et d’exploitation du bois en zone de forêt dense ont été révisées en vue de la gestion durable des forêts. C’était à l’occasion d’un atelier national tenu les 21 et 22 juin 2017 à Adzopé et organisé conjointement par la Fondation pour les chimpanzés sauvages (WCF) et la Société de développement des forêts (SODEFOR).
Les Règles de sylviculture et d’exploitation du bois en zone de forêt dense en Côte d’Ivoire, élaborées en 1993 puis révisées en 2002, avaient besoin d’être actualisées vue l’état actuel de dégradation des forêts mais aussi parce qu’elles n’étaient pas toujours respectées par les exploitants forestiers. Lors d’un atelier national, qui a réuni les 21 et 22 juin 2017 à Adzopé l’administration, les partenaires techniques et financiers, les opérateurs privés, des universitaires et chercheurs et des ONG, les résultats de l’étude de révision des normes d’aménagement des forêts naturelles en Côte d’Ivoire ont été validés par une quarantaine de participants.
Ce document, qui s’applique aux forêts particulièrement aux forêts classées gérées par la Société de développement des forêts (SODEFOR), vient harmoniser les règles à observer et les pratiques utilisées par les différents acteurs en vue de la gestion durable des forêts.
« Je pense que désormais les forêts disposent de documents viables pour qu’elles ne disparaissent plus. Il est question désormais de les faire appliquer, de les mettre à la disposition des opérateurs tant de l’administration que du secteur privé pour que la forêt soit préservée », a déclaré à la clôture de l’atelier le colonel Dogui Aboa, conseiller technique représentant le directeur général de la SODEFOR.
En effet, les essences des forêts denses pouvant faire l’objet de commercialisation, qui étaient 75 en 1993, ont été portées à 100 dans les nouvelles règles de sylviculture et d’exploitation. En plus, des normes ont été établies pour autoriser l’ouverture d’une parcelle à l’exploitation. En cas de régénération acquise, 4 espèces principales de catégorie 1 (P1) doivent être conservées à l’hectare en zone sempervirente et 8 semenciers en zone semi-décidue. En cas de régénération non acquise, 5 espèces principales doivent être conservées à l’hectare en zone sempervirente et 12 en zone semi-décidue.
« En dessous de ce seuil, ça veut dire que la forêt est assez pauvre et il ne faudrait pas déclencher l’exploitation. Si on déclenche l’exploitation, la forêt va encore s’appauvrir », explique Olivier Ahimin, consultant de l’OIBT (Organisation internationale pour les bois tropicaux), qui a travaillé sur l’actualisation des règles de sylviculture et d’exploitation. Pour cet ingénieur forestier, ces règles permettent de faire en sorte que « l’exploitation du bois ne mette pas en péril les autres utilisations de la forêt ».
L’atelier recommande la prise d’un arrêté
Ces règles de sylviculture et d’exploitation du bois vont favoriser la gestion durable des forêts. C’est pourquoi l’atelier a recommandé que les plus hautes autorités en charge de la gestion de la forêt ivoirienne s’approprient cet outil pour en faire un important document de politique comme au Cameroun ou au Gabon où des arrêtés ont été pris l’adoption de ces normes.
« Pour nous, le plus important c’est d’avoir des règles de gestion durable qui soient appliquées (…) Maintenant, il reste la mise en œuvre par la SODEFOR et aussi de rendre ces règles un peu plus fortes peut être par la prise d’un arrêté ministériel pour pouvoir vraiment avoir un outil légal », plaide Virginie Vergnes, responsable de programme de gestion durable à la WCF.
Il faut souligner que cet atelier a été organisé dans le cadre du projet UE FAO FLEGT. Ce projet, qui a commencé en décembre 2016 et qui s’achèvera en juin 2018, prévoit aussi le renforcement des capacités de la SODEFOR, la réplication De l’observation indépendante dans d’autres forêts après celle faite dans le Cavally, le renforcement des capacités des ONG nationales sur le plan d’aménagement et l’observation indépendante des forêts classées, une étude sur la traçabilité, etc.
Anderson Diédri, envoyé spécial à Adzopé