Pour lutter contre la déforestation, une nouvelle méthode de production du sel est expérimentée à Jacqueville dans le sud de la Côte d’Ivoire. Un test qui s’il est concluant sera un facteur de recule de la pauvreté et de protection de l’environnement.
A Jacqueville, les femmes produisent le sel, tout en utilisant une méthode qui détruit la forêt. Elles recueillent en effet l’eau de mer, la filtre puis la chauffe dans des récipients sur un grand feu de bois. Au bout de deux à trois jours, elles obtiennent le sel qu’elles commercialisent. Mais grâce au « Projet de protection de la mangrove dans les villages Adjacoutié, Ahua et Grand-Jack au moyen de la production du sel solaire sur bâche », la méthode a évolué.
Ce projet d’un montant total de 10.817.900 francs CFA, financé par le Fonds Canadien d’Investissement Local (FCIL) de l’Ambassade du Canada en Côte d’Ivoire à hauteur de 9.767.900 francs CFA et de 1.050.000 francs CFA par l’ONG SOS forêt, les femmes produisent le sel sans détruire la forêt. Désormais, le soleil et le vent se charge de faire sécher l’eau de mer qu’elles recueillent et versent sur des bâches exposées sur un site à proximité de la mer.
« Nous avons écrit ce projet pour lutter contre la déforestation et aussi contre les changements climatiques parce que pour préparer le sel, les femmes utilisent une grande quantité de bois. A travers le soleil, on n’utilise pas le bois, donc la forêt est épargnée et les écosystèmes côtiers, que sont mes mangroves, sont préservés », souligne le Dr Mathieu Egnankou Wadja, président de l’ONG SOS forêts lors d’une visite à Ahua.
En plus d’être écologique, cette nouvelle méthode est moins fastidieuse pour les femmes.
« L’ancienne méthode, c’était un difficile parce qu’il fallait chercher le bois, parce qu’il fallait beaucoup de bois pour avoir le sel », fait remarquer N’Drin Rosine, la présidente des femmes du village d’Ahua.
« Avant, les femmes se levaient toujours à 2 heures ou 3 heures du matin. Elles recueillent l’eau qu’elles mettent au feu. Il faut toujours alimenter ce feu pendant deux à trois jours avant qu’on puisse recueillir le sel. Alors qu’avec la nouvelle méthode, elles ont plus de disponibilité. Elle met l’eau, elle peut vaquer à ses occupations : aller au champ, aller au marché, faire sa cuisine pendant que le sel est en train de sécher. Quand elle vient, c’est sec et elle le recueille. Donc il y a beaucoup d’avantages », renchérit Rose Abié Imboua, membre de la coopérative des femmes.
80 femmes, dont 36 à Ahua, bénéficient de ce projet dans les trois villages concernés. Avec la méthode de séchage solaire, les femmes peuvent obtenir le sel au bout de 24 heures. Leur préoccupation aujourd’hui c’est d’obtenir des équipements (récipients, davantage de bâches, emballages…) et des débouchées pour commercialiser le sel qu’elles ambitionnent de produire en grande quantité. Et l’ONG SOS Forêts essaie de les accompagner dans ce sens. En tout cas, pour ce projet qui a eu lieu sur la période de septembre 2016 à janvier 2017, ces femmes ont bénéficié d’une formation à cet effet.
Anderson Diédri
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