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Simone Gbagbo acquittée mais toujours en prison

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La Cour d’assises d’Abidjan a refusé de suivre le procureur dans son réquisitoire d’une heure au cours duquel il réclamait ce mardi 28 mars la prison à vie contre Simone Gbagbo. Contre toute attente, l’ex-première dame de Côte d’Ivoire a été acquittée des charges de crime contre l’humanité qui pesaient contre elle. Cependant, elle restera en prison en raison de sa première condamnation à 20 ans.

La réconciliation nationale ne sera pas scellée par la condamnation de Simone Gbagbo. Le procureur général du tribunal d’Abidjan en demandant cette condamnation sous la forme d’une peine d’emprisonnement à vie y voyait une action qui devait booster ce processus mis à mal par les critiques envers la justice ivoirienne taxée d’être à la solde du politique. C’est une décision inattendue, à la limite surprenante puisque depuis le début des procès de la crise post-électorale, c’est la première fois qu’un acteur de premier rang est acquitté aux assises. Surtout que les charges retenues contre l’accusée étaient assez sérieuses.

Simone Gbagbo comparaissait cette seconde fois pour crime contre l’humanité, crime contre les prisonniers de guerre et crime contre les populations civiles commis lors de la crise post-électorale. Le procureur dans un dernier effort a tenté de montrer que Simone Gbagbo était « le véritable chef de la Côte d’Ivoire » en lieu et place de son époux. Elle se serait imposée comme le principal donneur d’ordre aussi bien au plan politique que militaire. Un engagement qui selon le procureur a conduit à l’irréparable avec des exemples précis de crimes comme l’assassinat de l’imam de Williamsville ou le bombardement des femmes d’Abobo. Malgré son dernier discours étayé d’exemples pour convaincre le jury, le procureur n’a pas été suivi.

« Le jury à la majorité déclare Simone Gbagbo non coupable des crimes qui lui sont reprochés, prononce son acquittement et ordonne qu’elle soit remise immédiatement en liberté si elle n’est retenue pour d’autres causes », a déclaré le juge Kouadjo Boiqui, président de la Cour d’assises.

A peine le verdict rendu que le Collectif des victimes se fait entendre par la voix de son président. Issiaka Diaby indique que le droit n’a pas été dit. La seule alternative reste le départ de Simone Gbagbo pour la Cour Pénale Internationale. Ecoutez sa réaction ici

Maître Rodrigue Dadjé, l’avocat de Simone Gbagbo salue la courageuse décision de la Cour d’Assises d’acquitter sa cliente au terme d’un procès de 10 mois. Ecoutez sa réaction ici

La justice ivoirienne qualifiée de justice des vainqueurs semble désormais décidée à s’appuyer sur les faits. À moins que cet acquittement ne soit dicté par le pouvoir politique ou ordonné par le Chef de l’Etat Alassane Ouattara afin de donner une autre image de lui 6 ans après son arrivée au pouvoir. En effet, si l’actuel président ivoirien s’évertue à vanter les mérites d’une relance économique aux résultats en demi-teinte, il est clair que son plus grand échec reste le processus de réconciliation nationale.

Ebony T. Christian

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