Les TIC au service des médias traditionnels
Le développement fulgurant d’Internet est une réalité que les médias traditionnels doivent prendre en compte au risque d’être en marge du développement. De nombreux avantages liés à l’utilisation d’Internet existent, il ne reste plus qu’aux organes de presse, stations de radios et chaînes de télévisions de pouvoir en profiter.
Dès le réveil, le premier réflexe de nombreux africains consiste à s’informer. Savoir ce qui se passe dans son pays et dans le monde reste une véritable priorité que l’on soit à Abidjan, Cotonou ou Dakar. Si dans un passé récent l’exercice se résumait à chercher la fréquence de Radio Côte d’Ivoire, à feuilleter les pages du quotidien Le Soleil ou à mettre en marche son poste téléviseur pour suivre le flash de la Radiodiffusion Télévision du Burkina, aujourd’hui la tendance consiste à faire sa revue de l’actualité sur Internet.
En effet, ce support de diffusion de l’information est une offre illimitée d’accès aux nouvelles d’ici et d’ailleurs. A partir d’un ordinateur, d’un smartphone ou d’une montre connectée, l’internaute peut consulter des milliers de pages dédiées à l’information, écouter des radios ou regarder des télévisions du monde grâce au srteaming en live. Cette croissance d’Internet consacre une véritable démocratisation de l’information mais représente un danger pour les médias traditionnels.
A titre d’exemple, la baisse du tirage des journaux puisque l’information se trouve gratuitement sur Internet. En Côte d’Ivoire, la crise du papier a poussé les patrons de presse à faire grimper le prix des quotidiens à 300 f CFA et des hebdomadaires à 500 f CFA alors qu’il était respectivement à 200 et 300 f CFA. Même si Internet n’est pas la principale cause de cette hausse, il y est pour quelque chose. Internet une menace pour les médias traditionnels ? Pas si sûr ! Le journal, la radio et la télévision peuvent profiter de ce support pour se faire une nouvelle santé.
Les avantages d’Internet
La survie des médias traditionnels aujourd’hui dépend en grande partie d’internet et le dire n’est pas une exagération. Dans un monde où les citoyens sont de plus en plus connectés, il est préférable d’apprendre à leur livrer l’information là où ils se trouvent. Les organes de presse gagneraient donc à avoir un site internet actualisé proposant des alertes et billets susceptibles de vendre la une du lendemain (teasing).
La version papier pourra toujours être disponible en kiosque mais vendu de plus en plus en format dématérialisé en ligne grâce aux abonnements. Au même rapport qualité/prix, un journal en format PDF qui atterrit sur une tablette est un gain pour l’organe de presse. Vendre 50% d’un tirage de 6.000 exemplaires en format dématérialisé c’est réaliser des économies énormes sur les frais d’impression en une année ! De l’argent frais qui pourrait être réinvesti dans les salaires, l’équipement et les grandes enquêtes souvent coûteuses pour les rédactions.
La clientèle pour les journaux existe en ligne : il suffit de savoir la démarcher. Avec un taux de pénétration d’internet à 22% pour la Côte d’Ivoire, 5.230.000 internautes (juin 2016), 106,26% de la population équipée d’un mobile, les éditeurs de presse gagneraient à profiter de ce nouveau public qui a de nouvelles habitudes de consommation de l’information. La vente en ligne pourrait être boostée par des campagnes web grâce aux réseaux sociaux.
La radio profite déjà d’internet pour se faire une nouvelle vie et toucher un public de plus en plus jeune. Un sondage réalisé par Eburnie Today auprès de 100 jeunes des universités et grandes écoles du quartier présidentiel de Cocody nous donne de constater que 87,9% d’entre eux écoutent la radio directement sur leur téléphone portable. 74% en Fm et 32% via des applications.
À ce niveau, les promoteurs des stations pourraient développer des applications et y afficher de la publicité. Idem pour les télévisions qui pourraient développer des services payant de podcasts ou de vidéo à la demande (VOD) pour rentabiliser d’avantage leurs productions. Pour arriver à profiter d’internet, les médias traditionnels doivent faire le grand saut, celui qui consiste à s’approprier un outil aujourd’hui incontournable.
Passer en mode 2.0
Le passage au web reste encore timide pour de nombreuses rédactions en Côte d’Ivoire. Le pays jouit pourtant d’un bon accès à internet avec une bande passante de 5.163 bits (le 2ème meilleur débit de l’UEMOA après le Sénégal) et un taux de pénétration estimé à 22% en juin 2016 selon l’indice de de développement des TIC (IDI) de l’Union Internationale des Télécommunications (IUT).
Ceci est un avantage énorme pour les médias traditionnels qui peuvent démarrer leur passage au web en s’appropriant petit à petit les réseaux sociaux. La création d’une page Facebook et d’un compte Twitter est gratuite. Avec une bonne gestion de ses comptes, un journal peut très rapidement augmenter le nombre de ses followers et abonnés et ainsi proposer ses offres d’information.
La Côte d’Ivoire compte 2.400.000 utilisateurs de Facebook qui ne demandent qu’à s’abonner à des pages proposant une information de qualité. A cela s’ajoute la création de site web, qui ne doit plus être considéré comme superflu par les patrons de presse qui considèrent encore un site-vitrine comme étant préjudiciable à la production classique. Passer au web pour les médias traditionnels implique la création de nouveaux emplois liés à internet. Quels sont ses emplois ? Nous en parlerons dans une prochaine analyse sur les médias traditionnels et le développement d’Internet en Côte d’Ivoire.
Raïssa Banhoro