Trafic d’espèces protégées : que reste-t-il des grands prédateurs ?
Chaque année au cours du mois de Mai a lieu la journée internationale dédiée aux espèces sauvages menacées d’extinction. Une célébration qui devient de plus en plus importante dans un contexte mondial marqué par la disparition de nombreuses espèces animales.
Il serait facile d’ignorer cette journée, de ne la considérer qu’avec fatalisme ou indifférence, d’agir comme si la multiplication des disparitions d’espèces ne comptait pas. Pourtant, un fait demeure : l’homme est une espèce comme les autres. Un jour, cette journée pourrait aussi nous concerner, comme le laissent craindre les récents événements liés à l’épidémie de nouveau coronavirus. L’extinction accélérée des espèces sauvages a atteint sa vitesse de croisière. En ce mois de mai 2020, un communiqué de l’UICN (Union Internationale de la Conservation de la Nature) dévoile que 31 030 espèces sont évaluées menacées d’extinction contre 25 841 espèces menacées par rapport à la même date il y a deux ans.
La Directrice générale de l’Organisation des Nations Unies pour l’Education, la Science et la Culture (UNESCO), Audrey Azoulay, revient sur les conclusions du rapport de l’IPBES. Le constat que l’on peut faire, c’est qu’à la date du 11 mai 2020, les grands prédateurs connaissent un triste sort. Les populations de Léopards comptaient plusieurs de millions d’individus il y a quelques décennies, alors qu’on ne dénombre aujourd’hui que 700 000 léopards sur tout le continent Africain. Selon les experts environnementaux, la population de léopards a chuté de 44% entre 2012 et 2016. Les chances de sauver l’espèce d’une extinction sont donc encore saisissables ; à la condition d’étendre et d’intensifier les mesures de protection.
Le Lycaon : Au début du XXème siècle, on estime que 100 000 lycaons peuplaient le continent africain. Aujourd’hui,les effectifs de l’espèce s’élèvent à environ 5000 individus. L’espèce est classée « en danger » d’extinction par l’UICN. Ils ont quasiment disparu par exemple dans des pays comme la Tanzanie, le Mozambique. Le chien sauvage d’Afrique a été victime d’une chasse intensive jusqu’aux années 1970. Pourtant, ni sa viande ni sa fourrure ne sont commercialisées : cette espèce était simplement considérée comme nuisible.
Côté Lions : D’après de récentes études, on compte à 35 000 individus, estimation datant de 2004 dont 406 concerne les lions d’Afrique de l’Ouest selon les derniers recensements daté de 2015, une sous espèce qui selon les experts serait unique génétiquement et qu’on ne trouverait nulle part ailleurs. Ces lions d’Afrique de l’Ouest sont aujourd’hui présents dans des pays comme le Sénégal, le Burkina, Le Niger, et le Bénin et le Nigeria.
D’après les experts, c’est l’une des espèces en grand danger d’extinction si les gouvernants ne redoublent pas d’effort pour combattre le braconnage, le trafic lié aux commerces espèces protégées et la protection de leur habitat naturel. Si rien n’est fait d’ici à 2035, le lion d’Afrique de l’Ouest pourrait disparaître totalement comme cela fut le cas en Guinée, Mali, Ghana, et en Côte d’Ivoire. Justement notre pays la Côte d’ivoire est l’un des pays où le trafic illégal lié aux espèces protégées sévit le plus. En seulement 3 ans, ce sont plusieurs produits fauniques composés de grands prédateurs qui ont fait l’objet de saisies par les autorités ivoiriennes avec l’appui technique de l’ONG EAGLE-Côte d’Ivoire : des dizaines de peaux de léopards et de lions.
« Les trois quarts des espèces en danger d’extinction sont menacées par l’agriculture, la conversion des terres, la surexploitation des ressources » a indiqué le congrès mondial de l’UICN en septembre 2016. La majorité des espèces menacées d’extinction le sont donc à cause des activités humaines. Pourtant fort est de constater le rôle d’équilibre de la nature que jouent les grands prédateurs. D’après une récente recherche publiée dans la revue Science, la disparition de ces grands animaux sauvages a engendré des conséquences majeures telles que la propagation des maladies ou encore le développement des espèces invasives.
Prenons par exemple le cas des lions et des léopards, leur disparition dans certaines régions de l’Afrique subsaharienne a provoqué la multiplication de la population de babouins olive à tel point que ces derniers se sont rapprochés des hommes. Partant de là, ils leur ont transmis des parasites intestinaux. Un environnement sain a besoin de ses grands prédateurs pour réguler les populations d’herbivores. Protéger les lions, les léopards et Lycaons, c’est également protéger de grands espaces de nature car ces derniers ont besoin d’évoluer dans de grands territoires.
La Rédaction / Source SERCOM Eagle CI