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Les réfrigérants au cœur d’un trafic illicite

Le trafic illicite de réfrigérants est le deuxième fléau au monde après la vente de drogue. Un commerce de l’ombre qui contribue au dérèglement climatique et particulièrement à la dégradation de la couche d’ozone.

Les réfrigérants couramment appelés fréons sont utilisés notamment dans la réfrigération et la climatisation voir plus largement dans la chaîne de froid. Depuis quelques années, leur commercialisation est de plus en plus réglementée dans plusieurs pays en raison de leur composition et surtout de l’impact qu’ils peuvent avoir sur le climat. Ces législations de plus en plus restrictives (bien que positives) vont entrainer le développement de filières clandestines de production et de vente. Ce trafic illicite est le deuxième fléau au monde après la vente de drogue. C’est ce qu’a confirmé Pr N’Guessan N’Cho, coordonnateur du bureau national Ozone ce jeudi 10 novembre 2016 à l’ouverture d’un atelier de formation à Yopougon (Abidjan-nord) des techniciens du froid sur les nouvelles techniques de réfrigération et de climatisation.

« Depuis le 1er janvier 2010, il y a certains réfrigérants qui ont été éliminés. Et parce qu’ils sont éliminés et qu’il y a pénurie, c’est devenu l’objet de trafic illicite. La vente illicite de ces réfrigérants constitue le deuxième fléau au monde après la vente des drogues » indique le cadre du ministère de l’environnement et du développement durable.

Ces réfrigérants ont un impact considérable sur la couche d’ozone, bouclier planétaire qui filtre les rayons ultraviolets du soleils nocifs pour les êtres vivants et les végétaux.

En effet, les scientifiques découvrent en 1985 l’existence au-dessus de l’Antarctique d’un trou dans la couche d’ozone. Ils concluent que cela est dû à l’effet des Chlorofluorocarbones (CFC). Le protocole de Montréal est donc adopté en 1987 et préconise l’élimination progressive de l’utilisation et de la production des CFC et des autres substances qui appauvrissent la couche d’ozone. Officiellement, les CFC ne sont plus émis depuis 1997 dans les pays développés et depuis 2010 dans les pays en développement. Mais la contrebande continue de déverser sur les marchés des réfrigérants des produits illicites encore utilisés dans les réfrigérateurs, les systèmes de climatisation, les extincteurs…

« Dès qu’on a supprimé certains réfrigérants, puisqu’il y a une production intense qui est interdite, ça devient très enrichissant pour certaines personnes qui arrivent à les faire passer (commercialiser, ndlr). Ce sont des réfrigérants qui sont sous forme de contrebande », explique Jacques Glaï, expert-consultant au projet Ozone qui précise que la Côte d’Ivoire n’est pas épargnée par ce fléau.

Les spécialistes conseillent de faire appel à des techniciens qualifiés pour l’installation de ces appareils dans les habitations, les bureaux et voitures. En supprimant les CFC, le protocole de Montréal a entraîné l’explosion des hydrofluorocarbones (HFC) introduit comme produits de substitution également utilisés comme gaz réfrigérants dans la réfrigération et la climatisation. Mais ont un impact sur l’environnement. Pour Jacques Glaï, les HFC sont « des réfrigérants qui n’attaquent pas la couche d’ozone mais qui provoquent un effet qu’on appelle l’effet de serre qui entraîne le réchauffement climatique ».

Ainsi, avec l’amendement de Kigali, disposition complémentaire au protocole de Montréal adoptée le 15 octobre 2016 lors du 28ème sommet des parties à ce traité, les pays en développement devront réduire leurs niveaux de HFC de 85% d’ici 2047 quand les pays développés s’engagent à les supprimer totalement d’ici 2050. Selon les premières estimations, l’amendement de Kigali pourrait permettre d’éviter l’émission d’environ 72 milliards de tonnes équivalent de CO2 d’ici 2025. Une bouffée d’oxygène au moment où l’accord de Paris signé à la COP21 l’année dernière envisage de limiter la hausse de la température terrestre à 2 degré Celsius voire 1,5.

En tout cas, si le protocole de Montréal a permis de réduire le trou dans la couche d’ozone de 4 millions de Km2 (c’est environ la moitié de la superficie des États unis) selon une étude américaine publiée en juin 2016, les prévisions tablent sur 2050 pour une reconstitution complète de ce bouclier contre les rayons ultraviolets du soleil, qui sont responsables de cancer de la peau, de problèmes oculaires comme la cataracte et de fragilité du système immunitaire.

Anderson Diédri

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