Un hebdomadaire français condamné pour un article sur la Côte d’Ivoire

L’Obs (anciennement Le Nouvel Observateur) a été condamné pour un article sur la Côte d’Ivoire impliquant le groupe Bolloré. L’article paru en février 2014 faisait état de corruption dans l’attribution de la concession d’un terminal à conteneurs dans le port d’Abidjan.

L’article de L’Obs consacré à la croissance ivoirienne expliquait notamment que le second terminal à conteneurs du port d’Abidjan était le symbole de la corruption qui mine l’attribution des marchés publics ivoiriens. Le confrère a indiqué que le terminal avait « très étrangement été attribué au même concessionnaire que le premier terminal » à savoir le milliardaire Vincent Bolloré qui avait déjà obtenu le premier terminal de gré à gré et de surcroit sans appel d’offres.

« En attribuant ce contrat, le pouvoir ivoirien a sans doute aussi voulu faire plaisir à Paris, dont l’aide a été déterminante pour la conquête du pouvoir » poursuivait l’article en soulignant qu’« en cas de nécessité, la force française Licorne (…) pourrait de nouveau intervenir pour sauver le régime » du président Alassane Ouattara.

La justice française a jugé que ces propos, « imputation d’un fait précis de corruption active voire de corruption active d’un agent d’un État étranger », étaient diffamatoires. Si le sujet est d’intérêt général, « force est de constater que la base factuelle produite » par la défense « est insuffisante pour justifier les accusations de corruption portées à l’encontre des parties civiles », les sociétés Bolloré et Bolloré Africa Logistics, a jugé le tribunal correctionnel.

Lors de l’audience, le 7 mai, l’avocat des journalistes avait plaidé la relaxe en avançant que seul Vincent Bolloré était mis en cause dans l’article et que les sociétés étaient donc irrecevables, demandant, à défaut, qu’ils soient relaxés au bénéfice de la « bonne foi ».

Le groupe Bolloré avait pour sa part tenté de démontrer que l’appel d’offres pour la seconde concession avait été exemplaire. Le tribunal a condamné Laurent Joffrin, alors directeur de la publication de l’hebdomadaire, à 1.000 euros d’amende, et le journaliste auteur de l’article à 500 euros d’amende avec sursis. Il a également ordonné le retrait des passages jugés diffamatoires du site de L’Obs lorsque le jugement sera définitif.

Tous deux devront verser solidairement 1.000 euros de dommages et intérêts et 2.000 euros au titre des frais de justice à Bolloré et Bolloré Africa Logistics. Les deux sociétés demandaient notamment 15.000 euros de dommages et intérêts chacune.

Ebony T. Chritian

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