Vaincre l’immigration par la transformation économique des zones rurales
À l’occasion de la Journée internationale des migrants, le 18 décembre, la Banque africaine de développement exhorte les pays d’Afrique à rebâtir les régions rurales, devenues aujourd’hui zones de misère économique, pour les transformer en zones de prospérité économique. Ce faisant, de nouvelles opportunités économiques seront offertes aux jeunes Africains, qui se traduiront en une meilleure qualité de vie et, partant, agiront comme un frein aux migrations.
Avec de nouvelles opportunités économiques, ces jeunes seront encouragés à rester sur le continent et à y trouver un sens à leur vie. Aujourd’hui plus que jamais, l’Afrique doit vite moderniser son agriculture et libérer son plein potentiel. L’avenir de la jeunesse africaine ne se trouve pas dans l’émigration vers l’Europe, mais dans une Afrique prospère, pour reprendre les mots d’Akinwumi Adesina, le président de la Banque africaine de développement. Pour traiter la question complexe des migrations et des déplacements de populations, traiter celle de l’insécurité alimentaire est nécessaire. Dans la même optique, mettre fin aux conflits intercommunautaires que la rareté des ressources, notamment en eau et en pâturages, a suscités, est tout aussi important.
« Pour ce faire, nous avons besoin de recourir à des innovations agricoles et de transformer l’agriculture en un secteur qui crée de la richesse, a déclaré le président Adesina. L’agriculture doit devenir une option vraiment attractive pour nos jeunes ».
« En créant des zones d’activités agroalimentaires et agro-industrielles, on pourra transformer les zones de misère économique de l’Afrique rurale en zones de prospérité économique. Pareilles zones mettront l’Afrique sur la voie de l’agro-industrialisation et lui permettront de devenir un acteur mondial pour nourrir la planète ».
Au vu du nombre important et croissant des migrants du monde, l’Assemble générale des Nations unies avait décidé, le 4 décembre 2000, de proclamer le 18 décembre Journée internationale des migrants. Les statistiques des Nations unies montrent que les déplacements de personnes à travers le monde ont atteint un niveau sans précédent. Mais toute expérience de l’émigration est unique, propre à chaque migrant. Le déplacement en masse d’innombrables personnes le long de routes semées d’écueils est ce qui a inspiré le thème de la Journée internationale des migrants cette année : « Migrations sans danger dans un monde qui bouge ». Les Nations unies invitent le monde entier à se rassembler pour protéger tous les migrants, quel que soit leur pays d’origine, le lieu où ils se trouvent en déplacement, ou leur destination.
Intervenant lors de la récente 12e Conférence économique africaine, du 4 au 6 décembre 2017 à Addis-Abeba, sous les auspices de la Banque africaine de développement, du PNUD et de la Commission économique des Nations unies pour l’Afrique, Richard Joseph, professeur d’histoire et de politique internationale à la Northwestern University, a souligné combien la croissance démographique dans nombre de pays africains continue de dépasser les flux de revenus. « Dans de tels contextes, l’émigration se présente comme une option valable, malgré les risques effrayants qu’elle comporte », a-t-il dit.
Le manque d’opportunités économiques, les conflits et les conditions extrêmes, telles que celles suscitées par le changement climatique, sont à l’origine de situations de fragilité qui aboutissent souvent à la migration forcée de personnes en quête désespérée d’alternatives. C’est ce que le président Adesina dénommé la « triangulaire des calamités » : des facteurs créent des conditions qui entraînent des conflits et des épisodes d’extrême violence, lesquels exacerbent les migrations économiques ou forcées, phénomène qui se traduit en exode rural ainsi que par des migrations intra-africaines ou internationales, qui toutes donnent lieu à de graves problèmes à l’échelle tant locale qu’internationale.
Pour y faire face, les Nations Unies ont invité les pays et les régions du monde à s’engager dans une coopération accrue et des actions collectives. C’est l’une des raisons pour lesquelles la Banque africaine de développement intensifie ses investissements en vue d’inciter les jeunes agriculteurs commerciaux et les entrepreneurs agro-industriels à davantage s’engager dans l’agriculture. Afin de déclencher une évolution massive en ce sens, la Banque a déjà lancé une initiative conviant les jeunes à une carrière agricole : ENABLE Youth (Empowering Novel Agri-Business-Led Employment), cette initiative entend faire émerger une nouvelle génération d’« agripreneurs » au service de l’Afrique. Pour ce faire, la Banque va investir 15 milliards de dollars EU au cours des dix prochaines années.
D’ores et déjà, la Banque a pu démontrer, avec le programme ENABLE Youth, que les jeunes pourraient devenir le moteur de la transformation agricole en Afrique, à condition qu’on leur donne plus d’accès accru à la possibilité de créer des entreprises agroindustrielles. La sécurité alimentaire et le développement rural sont liés à la migration, à la fragilité et à la résilience, a déclaré quant à lui Khaled Sherif, vice-président de la BAD en charge du développement régional, de l’intégration et de la prestation de services.
« Les jeunes constituant la majeure partie des migrants africains, la Banque poursuit également la mise en œuvre de l’initiative Des emplois pour les jeunes en Afrique, a-t-il indiqué. Cette initiative a pour but d’élargir les opportunités économiques offertes à la jeunesse africaine, ce qui conduira à l’amélioration d’autres aspects de la vie des de ces jeunes ». La stratégie Nourrir l’Afrique, que la Banque a également lancée, entend faire advenir une l’Afrique auto-suffisante en matière de production alimentaire d’ici à dix ans, en misant sur le développement agroindustriel et la compétitivité du continent sur les marchés mondiaux des produits agricoles. Pour faire avancer ce programme, la Banque africaine de développement va investir 24 milliards de dollars EU en projets agricoles et agroindustriels dans les dix ans.
Source Banque Africaine de Développement