L’ouest ivoirien a encore connu un regain de tension ce week-end. Bilan des violences à Blolequin : deux morts dont un gendarme et plusieurs bâtiments officiels saccagés.
D’un banal contrôle de routine, la ville de Blolequin a soudainement basculé dans la violence ce samedi 17 février 2018. Il est 11 heures quand le Maréchal des logis (MDL) de la gendarmerie nationale Guy Angoran arrête au corridor CIB sur l’axe Blolequin-Guiglo le jeune Tiémoko, un conducteur de moto-taxi. La plupart des moto-taxis n’ayant pas de pièces afférentes, un deal s’est instauré depuis plusieurs années entre ces derniers et les forces de l’ordre. Sur les corridors, il faut s’acquitter de la rente de passage qui peut s’élever jusqu’à 1000 francs Cfa.
Le conducteur aurait refusé de payer. Les nerfs se sont échauffés. L’agent a abattu le jeune homme. « Le gendarme a voulu enlever son pistolet pour impressionner le conducteur de moto-taxi. Donc la balle est partie sans qu’il ne se rende compte », explique une source sur place : « Il y a eu coup de feu mais c’est un coup de feu accidentel ».
Constatant sa bavure et visiblement paniqué, le MDL Angoran, qui est en poste dans la ville depuis 7 ans, a appelé ses collègues à la brigade pour les informer de la situation. Mais avant leur arrivée, puisque le corridor est situé au quartier Guéré où habite le jeune homme qui a été tué, le gendarme a été en représailles pris à partie par une foule en colère et est aussi décédé.
Selon un communiqué du ministre de l’intérieur et de la sécurité publié dimanche, « le bilan provisoire à cette heure est de deux morts dont un gendarme et un civil, trois blessés et d’importants dégâts matériels ». La brigade de gendarmerie a été incendiée, la résidence du préfet a été totalement pillée et est « carrément irrécupérable », quand celle du sous-préfet a été « partiellement » saccagée, selon nos informations recueillies sur place.
Selon les informations qui ont circulé sur ces événements, il y avait des FRCI (militaires) à ce corridor. « Le gendarme n’était pas seul. Ils étaient deux mais l’autre avait bougé. Donc il était seul quand les événements se déroulaient », précise une source. « Les informations qu’on a indiquent qu’il n’y avait pas de FRCI là-bas. Le gendarme était seul au poste. S’il est seul au poste, je ne vois pas comment quelqu’un peut aller tirer encore en dehors de lui », confirme une autorité locale.
Pour apaiser les tensions, la ministre Anne-Désirée Ouloto s’est rendu à Blolequin dès samedi soir pour échanger avec les chefs traditionnels et les jeunes. Le calme est revenu dans la ville. Mais le gouvernement a affiché sa fermeté. Le ministre de l’intérieur « met en garde les auteurs de ces violences, qui seront poursuivis et traduits devant les tribunaux, à l’issue de l’enquête ouverte ce jour, pour déterminer les circonstances exactes de la survenance de ces incidents ».
Anderson Diédri
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